Les notables arabes et Songhoy se sont aussi rencontrés pour tenter de calmer le jeu. Les jeunes de la ville cependant, ont essayé de se mobiliser contre ce qui leur apparaît comme une tentative de dédouaner deux jeunes Arabes, Mohamed Sidiya Ould Tayib, 15 ans et Oumar Ould Sidiya 12 ans, tués Samedi par une foule en colère qui les accusa d’être les poseurs des bombes qui ont soufflé une partie de la Brigade fluviale de Gao sans faire de victimes humaines. Une source onusienne à Gao parlant de l’horreur a constaté que « personne n’a pu intervenir » face à la colère de la foule. Celle-ci a tué les deux jeunes, avant de les brûler et de diffuser des images insoutenables sur les réseaux sociaux. Ce mercredi, Gao où se trouve le Général Gamou pour une mission de bons offices, observe un timide retour à la normale . Mais quelle histoire, la Cité de Askia a vécue! Et quelles versions contrastées !
La Version des communautés arabes
Ce samedi vers 14 h, deux cousins, Mohamed Sidiya Ould Tayib, 15 ans, et Oumar Ould Sidiya étaient à la plage, côté Marché avec leurs amis Songhoy. Soudain un bruit d’explosion retentit, créant la panique dans les environs. Tout le monde chercha à se sauver de l’endroit. Les deux garçons étaient au milieu des gens qui couraient. Puis au bout d’un moment, ils étaient aux mains de la foule qui les lapidait avec de gros cailloux. Ils ont été tués puis brûlés. Personne n’est intervenu pour essayer de les sauver. Au contraire, les gens sortaient leur téléphone pour filmer. Mohamed était né à Gao, orphelin à deux ans et d’un père qui fut un grand commerçant de la place.
Sa communauté a de lui le souvenir d’un garçon serviable, poli et porté sur l’amour de l’islam. Ce qui ne l’empêchait pas d’être un pratiquant du football surtout que le terrain de sport fait face à son domicile à Gao 4 ni de passer de longues heures à jouer à la Playstation. Oumar, fils de Sidiya était natif de Gao lui aussi. Il parlait apparemment plus songhoy qu’arabe. Ses amis c’étaient les Songhoy de Gao 4. Il débutait sa vie et c’était un garçon sans histoire » se lamente encore un de ses oncles depuis Niamey.
Plusieurs personnalités de la communauté arabe et non des moindres jurent sur l’innocence de ces deux garçons, neveux par ailleurs des loyalistes le député Ould Matali et de Yero, la bête noire des mouvements séparatistes.
L’autre version
Les rares sources qui prétendent savoir disent que les deux fréquentaient le restaurant du 5è quartier non loin de leurs domiciles. Ces sources précisent aussi que le samedi où ils ont été lynchés et brûlés par une foule en colère Mohamed et Oumar sont partis vers le fleuve après le restaurant.
Un journal de la capitale prend le relais : « ils ont pu avec toute la ruse requise poser une grenade à côté du poste qui a explosé quelques secondes après. L’explosion n’a pas fait de victime. Malheureusement, les deux terroristes ont été vus par les populations au moment où ils posaient leur acte. Pendant que les policiers, pris de peur, se cherchaient, les jeunes ont donc bouclé le secteur. Les deux terroristes ont été arrêtés, battus à sang avant d’être brûlés ».
Le ministre porte parole du Gouvernement interrogé sur l’affaire n’a pas repris la version de la communauté arabe pas plus que celle de la jeunesse Songhoy qui maintient ses suspicions sur les deux jeunes assassinés. Mais Choguel Maiga a prévenu contre l’auto-justice. Une condamnation subtile donc du meurtre de Mohamed et de Oumar. La communauté arabe a demandé une enquête sérieuse sur les regrettables événements du Samedi.
Adam Thiam
Source: Le Républicain-Mali 2015-03-10 22:07:42