C’était en présence du Président de l’association Temedt, Ibrahim Ag Idbanaltanate, des membres de son Bureau et de plusieurs autres militants des droits de l’homme, notamment le représentant de l’ONG américaine Abaroli, Me Olivier Kabamla Wakambala et de représentants des départements chargés de la Justice et des Affaires Religieuses et du Culte.
Décidemment, la lutte contre l’esclavage a encore de beaux jours devant elle dans notre pays. En tout cas, si l’on en croit les témoignages de ces hommes et femmes, l’esclavage est toujours pratiqué dans certaines parties de notre pays, notamment dans le Nord et dans le Sahel Occidental, où les maîtres (Touareg et Maures en général) utilisent leurs semblables comme bon leur semble.
Cela sans que personne ne puisse crier gare, et surtout pas les forces de l’ordre, qui refusent le plus souvent d’interpeller les auteurs de cette pratique. Voyez plutôt ces témoignages. Alhousseini Ag Tenché: «je viens d’un pays où nous avons tout perdu. J’étais privé de liberté. Mes parents étaient auprès de leurs maîtres quand je suis né. A l’âge de 3 ans, j’ai été aussi pris par leurs maîtres. Quand je me suis marié et que j’ai eu des enfants, ils ont voulu leur faire subir le même sort. C’est là que je me suis révolté. Ils nous faisaient travailler sans rémunération. Nous étions leurs esclaves. On faisait tout ce qu’ils voulaient».
Tam Ammat Wallet Sidi: «j’ai constaté que ma fille travaillait et qu’elle n’était pas rémunérée. Ce qui a fait que je suis partie la chercher. C’est là que je me suis battue avec ses maîtres. Car ils ne voulaient pas que je la ramène chez moi. C’est à ce moment que j’ai pu récupérer ma fille, mais elle n’a bénéficié d’aucun salaire».
Autre témoignage, celui de cette femme Bella mariée. A la suite du décès de son mari, ses maîtres ont voulu récupérer tous son bétail. Chose à laquelle s’est opposé le grand frère de la dame, revenu du Burkina à cause de cette affaire. Mais, malheureusement, après le retour de ce dernier au pays des hommes intègres, les maîtres de la pauvre femme ne lui ont laissé que quelques têtes de caprins pour survivre avec ses enfants. Que d’injustices en ce bas monde!
Au cours de la cérémonie, le Président Temedt s’est exprimé, le cœur plein d’émotion, rappelant les raisons de la création de son association. Selon Ibrahim Ag Idbaltanate, c’est suite au sentiment d’infériorité éprouvé par les Bellas qu’ils se sont regroupés au sein de Temedt, en 2006.
Selon lui, il s’agissait d’une prise de conscience collective de cette communauté, qui visait la réconciliation nationale et voulait faciliter le vivre ensemble. Les préoccupations du moment de Temedt sont, entre autres, son implication dans le processus de paix et de dialogue en cours et sa participation à la Commission vérité, justice et réconciliation nationale.
Il a également passé en revue, au passage, les actions que son association a menées dans le cadre de la lutte contre l’esclavage, notamment la sensibilisation des populations et des actions de plaidoyer auprès de leurs partenaires.
Youssouf Diallo
Source: Le 22 Septembre 2014-08-18 07:20:54