Ce qui devait être une opération militaire réussie dans la lutte contre le terrorisme au Sahel est encore aujourd’hui perçue comme quelque chose sur laquelle plane un épais brouillard sombre.
Le village de Bounty, dans le cercle de Douentza, fut la cible d’une attaque aérienne de la force Barkhane, le dimanche 03 janvier, bilan une vingtaine de victimes.
De la part de l’état-major français, il s’agit bien de terroristes tandis que des sources locales parlent de victimes civiles.
Il n’en fallu pas plus pour raviver le sentiment anti français au Mali, déjà assez vivace.
Le mercredi 20 janvier, jour de célébration de la soixantième anniversaire de l’armée malienne, nombres de gens se rassemblèrent pour crier leur désir de voir l’armée française déguerpir du territoire national.
Ils ont vite été dispersés par les forces de l’ordre car ce rassemblement avait été interdit pour cause de covid-19.
Preuve s’il en est que les autorités de transition, et aussi celles légitimes qui seront élues au bout de moins de 18 mois, devront prendre en considération l’aspect informationnel et aussi affectif de la guerre contre le terrorisme.
Car aujourd’hui encore le flou persiste sur cette attaque sur le village de Bounty, même si l’armée malienne argue dans le même sens que la France. Il ne s’agirait ni plus ni moins qu’une opération militaire réussie.
Par contre, comme annoncée par exemple par l’association Tapital Pulaaku, il s’agirait d’une bavure.
Florence Parly, la ministre française des Armées a sous-entendu, lors d’une audition qu’elle a subie par la commission Défense de l’Assemblée Nationale de l’Hexagone, qu’il s’agit certainement d’un coup de communication tenté par les ennemis de la paix afin de saboter ladite opération.
Au sein de l’opinion publique, ceux qui pensent à une présence militaire française qui n’aurait d’autres buts que de piller le pays en douce semblent plus nombreux que ceux-là qui croient en la bonne foi de Barkhane.
Cependant, la simple présence de celle-ci alors que le pays vient de fêter les soixante ans d’existence de son armée a de quoi choquer les plus patriotes.
Car en plus de Barkhane, la mission onusienne est aussi présente.
Ce qui veut dire que l’armée malienne n’aura pas été à la hauteur de son défi sécuritaire.
En réalité, peut-être que si les FAMa avaient été la force qu’il fallait qu’elle soit, l’on aurait vu ni de Serval, ni de Barkhane encore moins de MINUSMA.
Ahmed M. Thiam