Lutte contre le changement climatique, un sacerdoce pour le continent africain  

Les dirigeants africains ont profité de la tenue de la 113ème session du Conseil de l’Organisation internationale des migrations (OIM) qui s’est déroulée du 29 novembre au 2 décembre 2022 pour présenter la situation dans les États. Cette rencontre de haute portée qui a eu lieu à Genève, est axée sur le thème : sur « L’intersection entre le changement climatique, la sécurité alimentaire, la migration et le déplacement ».

Le changement climatique affecte de plus en plus les moyens de subsistance des populations en mettant en danger les droits à l’alimentation, à l’eau, à l’assainissement, à un logement adéquat, et en exacerbant les conflits et l’instabilité. Par conséquent, le nombre de migrants climatiques augmente, particulièrement en Afrique.

Il s’avère que l’Afrique est confrontée à une crise humanitaire en raison des effets pervers  du changement climatique. Les impacts négatifs de ce fléau et les chocs apparentés se manifestent déjà en Afrique de l’Ouest, de l’Est et australe. Les sécheresses, la rareté de l’eau et la variabilité des pluies, par exemple, sont régulièrement très prononcées dans ces sous-régions. Au Nigeria par exemple, les effets du changement climatique sont frappants, notamment les fréquentes inondations massives, détruisant près de 300 000 hectares de terres arables et obligeant 3 millions de personnes à l’exil.

Pire, en Afrique, la migration induite par des événements à évolution lente tels que la sécheresse, la désertification, la déforestation, la pénurie d’eau, les inondations, a augmenté en fréquence et en gravité au cours des dernières décennies en raison des effets néfastes des changements climatiques.

Pour la ministre des Affaires humanitaires, de la Gestion des catastrophes et du Développement social du Nigeria, Sadiya Umar Farouq, ces crises ont détruit son pays cette année. « Les catastrophes liées au changement climatique ont causé des crises humanitaires dévastatrices au Nigeria cette année. La sécheresse et la désertification font rage dans les États près du lac Tchad. C’est un phénomène qui aggrave un certain nombre de conditions dans lesquelles se déroulent les activités de subsistance pour les populations de la région qui vivent essentiellement de la pêche et de l’agriculture. Par ailleurs, des inondations soudaines dans des zones côtières dans de nombreuses régions du pays ont poussé sur le chemin de l’exil à   trois millions de personnes, causé plus de 600 décès et endommagé plus de 300 000 hectares de terres arables, des infrastructures, des foyers… ».

Si l’on se fie au sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères du Soudan, le pays d’Afrique du Nord-Est fait également face à une intensification des tensions ethniques qui alimentent les flux migratoires, dans un contexte de forte croissance démographique faisant pression sur le foncier. Le changement climatique accroît ces tensions et donc les conflits, en augmentant davantage le nombre de déplacés internes.

« Au Soudan, nous percevons ces effets du changement climatique de manière très perceptible, nous sommes parmi les pays les plus affectés par les conséquences du changement climatique. Lors des dernières années, beaucoup de changements climatiques, entre des pluies torrentielles, des inondations dans certaines régions, des sécheresses dans d’autres. Ceci a poussé des milliers de personnes à quitter leur lieu d’origine  afin de trouver des moyens de subsistance dans une autre région ou penser à immigrer à l’extérieur du pays afin de trouver une vie digne. Ce déplacement a causé d’autre part des tensions entre populations de différentes ethnies; car il y a une concurrence sur la production limitée, production agricole ce qui a mené à un conflit de violences, des conflits armées, augmentant le nombre de déplacés notamment au Darfour et d’autres régions », a détaillé Daifallah Al-Haj Ali Osman.

« Le Zimbabwe met des mesures visant à protéger les populations vulnérables à travers nos différents services sociaux face aux catastrophes  naturelles, nous faisons également les victimes en déplacement forcé qui se trouvent en situation irrégulière. En 2022, 3,6 millions de personnes sont en proie à l’insécurité alimentaire et se voient octroyer une aide alimentaire au Zimbabwe en raison d’une crise alimentaire provoquée par les changements climatiques. Le gouvernement du Zimbabwe coopère avec le Programme alimentaire mondial ainsi que d’autres partenaires de développement pour aider sur le plan alimentaire des millions de personnes pendant la période de 2022-2023 », a de son côté affirmé Paul Mavima, ministre de la Fonction publique du Zimbabwe.

A l’en croire, le Zimbabwe a mis en œuvre un plan d’action visant à aider les personnes déplacées en proie à l’insécurité alimentaire. Ceci, en réponse aux besoins immédiats des communautés touchées par les effets du changement climatique.

Avec 86 millions de réfugiés climatiques d’ici à 2050, le continent africain pourrait devenir la région du monde la plus touchée par le changement climatique, selon le Groundswell Africa Report publié en octobre 2021.

L’Assemblée parlementaire de la Méditerranée (APM) qui a pris à la 113ème session du conseil de l’Organisation internationale pour les migrations a rappelé son appel visant la reconnaissance du statut de « réfugié environnemental » et le soutien de l’APM à la mise en œuvre des 23 objectifs du Pacte mondial, avec un accent sur l’objectif numéro 8 « sauver des vies ».

Moctar FICOU / VivAfrik