Face aux ambassadeurs accrédités auprès de notre pays, le ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, Ousmane Koné, a fait un aperçu sur le plan de lutte contre la maladie à virus Ebola avant de laisser le coordonateur du Comité opérationnel d’urgence poursuivre la présentation en détails. Selon le Pr Samba Sow, la lutte contre la maladie à virus Ebola a débuté au Mali dès le lendemain de la déclaration officielle des premiers cas en Guinée voisine. Après la réunion de cabinet élargie à l’OMS, tenue le 23 mars 2014, le Comité interministériel de gestion des épidémies et catastrophes a été réactivé pour une implication forte du gouvernement dans la lutte.
Dès lors, une réunion de coordination quotidienne a été instaurée au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique avec la participation régulière des spécialistes du bureau local de l’Organisation mondiale de la santé.
D’énormes sacrifices ont été abattus 8 mois durant pour empêcher l’introduction du virus dans notre pays.
En plus de la formation des agents, une campagne d’information et de sensibilisation a été lancée le long de la frontière guinéenne. Le système de surveillance d’alerte a été mis en place. Un centre d’isolement transitoire a été mis en place. Jusqu’à fin octobre, 27 cas suspects ont été testés (négatifs) au laboratoire.
Une fillette venue de la Guinée en compagnie de sa grand-mère, a été testé positive en fin octobre. Elle qui était le 28e cas suspect testé au laboratoire fut le premier cas confirmé au Mali et sa prise en charge a mobilisé la présence de plusieurs experts d’organismes divers à Kayes où elle a été détectée positive et mise en traitement. Malheureusement elle n’a pas survécu.
A cette occasion, le dispositif existant a été renforcé. Il s’articule autour d’une coordination avec plusieurs unités comme l’unité de surveillance épidémiologique, et l’unité de logistique. L’implication des experts de CDĆ d’Atlanta et de Alima, de l’Unicef, de l’OMS… aux côtés des spécialistes maliens et du gouverneur de la région de Kayes a permis une gestion efficiente du foyer d’épidémie de Kayes. Pendant deux semaines durant, 108 personnes, déclarées avoir eu des contacts (directs ou indirects) avec la fillette malade à Kayes et à Bamako, ont été identifiées et suivies au quotidien.
Au moment où ces personnes-contacts sortaient de leur période d’observation, l’OMS Guinée a informé le Mali d’un cas suspect décédé dans une clinique privée de Bamako. Deux personnes ayant eu un contact avec ce cas (un homme âgé venant de la Guinée) ont été testés positives. Le cas vivant a été transféré dans un site de traitement. Les enquêtes menées ont permis de retrouver deux cas secondaires et plus de 300 contacts suivis par l’Institut national pour la recherche en santé publique (INRSP) en partenariat avec le Centre de contrôle des maladies (CDC), l’INRSP, l’OMS, le CVD-Mali et la Croix rouge. Il y a 50 cas suspects présentement en suivi pour 5 cas confirmés dont un en traitement.
(Pendant la rédaction de cet article nous avons appris avec amertume le décès du médecin en traitement).
Dès la déclaration du second foyer à Bamako avec sa source à Kourémalé, la surveillance va crescendo à la frontière où un site d’isolement et de traitement a été mis en place à Kourémalé. Une trentaine de médecins et une soixantaine de techniciens de santé et des hygiénistes recrutés sont prêts à être déployés sur le terrain.
Un besoin de 18 milliards pour 6 mois de lutte
Selon le Coordinateur du comité opérationnel d’urgence, le Mali a besoin d’environ 10 milliards de francs dans les trois (3) prochains mois et de 18 milliards dans les six mois à venir pour faire face à l’épidémie. Certains pays tels que la Chine, la France, les Pays-Bas se sont déjà manifestés.
Au-delà des apports financiers, le ministre de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication, Mahamadou Camara a invité les diplomates à s’impliquer dans la lutte contre la psychose et la stigmatisation, qui sont aussi graves que l’épidémie. Par un engagement écrit, les journalistes ont assuré à ne publier désormais que des informations fiables et transparentes.
Le ministre Camara a demandé aussi aux diplomates d’œuvrer à véhiculer des messages de lutte contre la stigmatisation.
« Nous souhaitons que les voyageurs continuent à venir au Mali et que les chefs d’entreprise viennent y investir. Pour ce faire, nous devons être à mesures de dire que venir au Mali ça n’est s’exposer à Ebola », a-t-il affirmé.
Selon le ministre en charge de la Communication l’absence de nouveau cas ne veut pas dire la fin de l’épidémie au Mali. « Nous devons rester vigilants pendant la période d’incubation en cours » a-t-il conseillé.
S’agissant des frontières et des écoles, le ministre Camara a expliqué que la pertinence de leur fermeture ne se fait sentir. Cependant, a-t-il tranché, des mesures vigoureuses ont été prises pour renforcer le contrôle à la frontière telle qu’instruit par le chef de l’Etat lors de sa visite le lundi dernier à Kourémalé et le ministre de l’Education a accompli un excellent travail en faveur de la protection des élèves de l’épidémie.
Au cours de cette rencontre avec les diplomates, des informations ont été données sur l’essai vaccinal en cours au Mali. « Il s’agit d’un vaccin candidat contre le virus Ebola. Le coordinateur national du comité opérationnel de lutte contre Ebola est également en charge de l’expérimentation de ce vaccin » a affirmé le ministre de la Santé, Ousmane Koné.
Selon Pr Sow, si les résultats de la première phase de tes de vaccin s’avèrent concluants ce seraient les médecins des pays touchés qui en seront les premiers bénéficiaires. Cela est d’autant plus nécessaire que 15 à 20 des agents de santé sont touchés par cette épidémie en Guinée.
Selon le ministre de tutelle, la communication qui a un grand rôle dans cette guerre contre Ebola restera de mise.
Le président de la République qui s’est déclaré commandant en chef de la bataille contre Ebola, a donné ton le lundi dernier avant d’engager chaque citoyen à se sentir acteur de la lutte contre Ebola.
Dans les jours à venir, 15000 jeunes seront formés pour l’information et la mobilisation communautaire, une séance de formation des députés pour relayer l’information à leur base est en cours.
CM /MSHP
Source: L’Indicateur Du Renouveau 2014-11-21 03:33:47