Le président du Conseil national du patronat du Mali (CNPM), Mamadou Sinsi Coulibaly, a initié, le vendredi 15 mars, une conférence-débat au siège de ladite structure, sur le thème : « Le rôle du secteur privé dans la lutte contre la corruption ». Animée par le Professeur Clément Dembélé, cette conférence-débat a tenu toutes ses promesses. Elle a non seulement permis au Président du CNPM de citer nommément le président de la Cour suprême du Mali, Nouhoum TAPILY, comme étant le malien le plus corrompu, mais aussi de réitérer son engagement sans faille à lutter contre ce fléau. Ne mérite-t-il pas d’être aidé pour lutter contre ce cancer qui gangrène notre économie ?
Mamadou Sinsi COULIBALY, à la tête du patronat malien depuis 2015, a affirmé sans ambages qu’il inscrit ses actions dans la lutte contre la corruption et n’entend pas céder aux intimidations et autres pressions venant de n’importe quel milieu. La conférence-débat qui a été animée par le Pr Clément DEMBELE le vendredi 15 mars 2019 et qui a mobilisé des opérateurs économiques, des investisseurs, des promoteurs d’entreprises, des partenaires techniques et financiers, des structures de contrôle et de vérification, s’inscrit en droite ligne de cet engagement.
Le conférencier, dans son exposé, a affirmé que la corruption a gangréné tous les secteurs socioéconomiques du Mali. Selon le Professeur Clément Dembélé, ce fléau est tellement endémique qu’elle touche même certaines des valeurs séculaires du pays comme le cousinage à plaisanterie et la gérontocratie. Pour lui, ces valeurs ont été vidées de leur contenu. Pour l’orateur du jour, c’est tout un système qui est mis en place au Mali pour faire la promotion de la corruption ; « Plus on vole au Mali, plus on a la promotion. Moins on vole, moins on est considéré », a conclu le conférencier. Pour Clément Dembélé, le Mali a l’un des indices de corruption les plus élevés au monde, et le phénomène concerne plus de 97% des maliens. Il ajouta que seulement 3 % des agents de l’administration publique ne sont pas corrompus au Mali.
Le conférencier a conclu son exposé par un cri de cœur ; si la tendance de cette corruption se maintenait d’ici quelques années, elle obligerait un très grand nombre d’entreprises privées à mettre la clé sous le paillasson.
Le point d’orgue de cette conférence a été l’intervention du Président du Conseil National du Patronat, Mamadou Sinsi Coulibaly. Il a, sans équivoque, a exprimé son insatisfaction quant aux résultats obtenus par les structures de lutte contre la corruption avant de fustiger les différents régimes qui se sont succédé et qui n’ont pas fait assez pour éradiquer le fléau. La démocratie, censée donner de l’espoir et de l’espérance d’un Mali juste et équitable, a été galvaudée, a déclaré les statistiques du Patron des patrons.
Selon lui, les chiffres sont alarmants : « Après 28 ans, ce sont des millions de Maliens qui vivent dans l’ignorance totale, la misère et la famine, la maladie, l’insécurité et l’injustice, juste parce que quelques individus véreux détournent et s’accaparent de ce qui appartient à tout le peuple ». Pour Madou Coulou, l’autre appellation du richissime homme d’affaires, à cause de la corruption, 1/3 des Maliens ne mangent toujours pas 3 fois par jour. Pour lui, face à ce tableau très noir, il n’est plus question, de fermer les yeux sur cette pratique pour ne pas être complice de la situation : « Si nous voulons une vraie politique de développement, luttons contre la corruption, si nous voulons la paix, luttons contre la corruption, si nous voulons une Nation libre et un système équilibré, luttons contre les magouilles et les rackets ».
Ce qui a semblé être le tournant décisif de la conférence de presse, c’est la réponse qu’il a donnée à la question d’un journaliste sur un seul nom de sa longue liste. Coulou a répondu en ces termes : « Je vais commencer par le premier nom des fonctionnaires le plus corrompu, le plus dangereux. Un meurtrier reconnu de tous, un arnaqueur notoire, un racketeur qui a racketté nos entreprises. Un individu infâme. Il ne sait pas ce que c’est la vertu, l’honneur et la dignité. C’est le président de la Cour suprême, M. Nouhoum TAPILY. C’est le plus grand danger de la république. On va lui demander de partir de lui-même. S’il ne le fait pas, on a les moyens de le faire » Par ces propos, le président du CNPM semble ouvrir la boite de pandore. Il fait aujourd’hui l’objet d’attaques au point que la Cour Suprême a fait un communiqué pour dénoncer cet acharnement contre le Président de la Cour Suprême.
En définitive, ce combat n’est pas personnel, mais celui de tous les patriotes, pour le développement du pays et l’épanouissement du secteur privé. C’est un combat contre l’injustice, la pauvreté, la délinquance, l’insécurité, les maladies, la misère.
Youssouf Sissoko