L’Union pour la République et la Démocratie, URD et le Rassemblement pour le Mali, RPM, tous sortis des flancs de l’Alliance pour la Démocratie au Mali- Parti Africain pour la Solidarité et la Justice, ADEMA-PASJ, connaissent pratiquement le même sort que leur géniteur, à savoir une crise de leadership après le départ de leurs présidents fondateurs. Si l’ADEMA, bon an mal an arrive à se tirer d’affaire en faisant une union sacrée autour de son Président Marimantia Diarra, les deux autres partis sont dans le creux de la vague et cherchent leurs voies après le décès de leurs leaders charismatiques. Tous les deux partis sont devant les tribunaux. Crise de croissance, guerre de positionnement ou de leadership ? certainement tous les trois, au grand dam des militants qui n’aspirent qu’à la cohésion et à l’unité pour faire triompher les idéaux qui ont sous tendu à leur création. Peut-on encore sauver les meubles et donner à ces deux partis leur lustre d’antan ? A défaut d’avoir un consensus pour un règlement à l’amiable des différends au sein de leurs formations, la justice ne peut-elle pas trancher en faveur de la légitimité ?
Soumaila Cissé et Ibrahim Boubacar Keita, arrachés à la grande affection du peuple malien en général et des nombreux militants et sympathisants de leurs partis en particulier, retourneront dans leurs tombes en voyant le spectacle auquel leurs héritiers s’adonnent. Tous les deux partis sont devant les tribunaux. Il y a une véritable de crise de leadership et d’homme de consensus pour assumer la responsabilité et surtout la place que les deux présidents ont laissé vacante. Si au RPM la crise est moindre, à l’URD elle est très profonde.
Crise de leadership et d’homme de consensus
Si le leadership du Président du RPM, Dr Bocari Tréta est moins contesté, il est loin d’être un homme de consensus. La faute qu’il aurait commise serait de s’auto proclamer candidat du parti à l’élection présidentielle et cela lors du Comité central du parti. Instance, certes statutaire, selon les opposants, mais qui ne devrait pas se prononcer sur le choix du candidat à l’élection présidentielle dont la date n’a pas été fixée. Pour les détracteurs de Tréta ce rôle est dévolu à une instance plus représentative, donc plus légitime qui est le congrès. Comme si cela ne suffisait pas le Président des tisserands s’est aussi donné le luxe et l’autorisation de renouveler les mouvements affiliés comme celui des femmes et de jeunes. Les résolutions issues de ce comité central du RPM ont été attaquées par le secrétaire général, Me Baber Gano, le Président des jeunes Moussa Tembiné, non moins ancien Président de l’Assemblée Nationale, le secrétaire à l’organisation Mamadou Diarrassouba et non moins membre du Conseil National de Transition, CNT, pour ne citer que ces têtes de proue. Les arguments avancés par les plaignants pour invalider les décisions du Comité central ne semblent pas suffire, d’où le rejet de la requête. Tréta et ses partisans semblent désormais avoir le vent en poupe et peuvent allègrement continuer leur marche.
Quid de l’URD ?
Si le feuilleton juridico-politique au sein du RPM n’a pas connu trop de soubresauts, celui de l’Union pour la République et la Démocratie s’annonce complexe y égard aux interférences extérieures. En effet, après le rappel à Dieu de son Président l’honorable Soumaila Cissé, le parti de la poignée des mains est dans une véritable zone de turbulence. Deux camps s’affrontent désormais pour le contrôle de l’appareil du parti. Le camp du premier vice-président Salikou Sanogo et celui de nouveau Président de l’URD issu du congrès extraordinaire du dit parti, à savoir l’honorable Gouagnon Coulibaly. Sans nul doute, après ce congrès extraordinaire qui a mobilisé toute la base de l’URD, à l’intérieur comme à l’extérieur du Mali, la légitimité est du côté de Gouagnon Coulibaly. Il reste à ce camp de prouver que toutes les procédures ont été respectées pour aboutir à cette légitimité indispensable pour s’assoir sur le fauteuil de Président de l’URD. Le camp du premier vice-président qui ne saurait revendiquer le soutien ferme et entier d’une seule section parmi les 55 de l’intérieur et la trentaine de l’extérieur, ne compte que sur un coup de pouce de la justice et des soutiens haut placés de l’administration pour continuer à diriger une coquille vide. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le congrès extraordinaire a mobilisé plus de 1200 délégués et chaque section y était représentée, les structures de base que sont les comités et les sous sections ont pris part à cette instance statutaire. C’est pourquoi sans être dans les secrets de la délibération, la justice malienne tranchera en faveur de la légitimité et boutera les plaignants contre le congrès extraordinaire, comme ce fut le cas au sein du RPM.
En définitive, quelque soit l’issue de ces deux procès, à savoir celui au sein du RPM et le procès au sein de l’URD, les deux partis sortiront très affaiblis et certainement leurs chances d’accéder au pouvoir se réduiraient considérablement. A cela s’ajoute la mauvaise image que les héritiers de ces deux hommes d’Etat, à savoir IBK et Soumaila Cissé, laisseront aux yeux de l’opinion.
Youssouf Sissoko
Source: L’Alternance