«Tanyinibougou » de Alioune Ifra N’Diaye / Un grand moment du théâtre-catharsis

Les maires, ces fers de lance tant vantés de la décentralisation elle-même vendue comme une panacée, ne donneront jamais de terrain à Alioune Ifra N’Diaye qui a fait d’eux la charpente d’un art particulier de la satire. Où l’observation du quotidien, le prêche contre le délitement, la surenchère dans la dérive disputent aux planches et au multimédia le portrait d’une société, la nôtre hélas, devenant dangereusement vénale sous nos jurons boulevardiers et nos mafieuses cupidités. Le promoteur de Blonba, créateur dans l’âme, a su restituer la filiation du théâtre d’éveil en recourant aux temps fondateurs du Koteba avec des tirades de la pièce Wari remises au goût du jour : le Mali de 2012, avec ses fuites en avant , ses désarrois, mais aussi les raisons d’espérer que les terres impériales finissent toujours par faire valoir. Au milieu de notre tragédie, trouver les mots et les actes pour faire rire, Alioune Ifra N’Diaye a su le faire avec « Tanyinibougou » : c’est déjà nous proposer le divan. Avec des acteurs jeunes mais au talent confirmé, un don pour l’innovation au service de l’art mais aussi de la psychanalyse. Mais ne nous y trompons pas : la cure est dans la démarche. Nous n’en jetons plus. Chapeau bas !

Adam Thiam

Le Republicain 09/10/2012