D’emblée, Louis Saha précise. « Je ne mène pas un combat contre les agents. Je veux juste limiter les risques », explique, très calmement, l’ex-international tricolore, aux 20 sélections cumulées de 2004 à 2012 (4 buts), entre deux avions. A 36 ans, l’ancien attaquant de Manchester United (2004-2008) a débuté une nouvelle vie, loin des pelouses, des survêtements et des siestes quotidiennes. « Je pense à mon boulot 24h/24. J’ai envie de réussir, ça me prend énormément de temps, mais je ne compte pas les heures. Je rencontre beaucoup de personnes, clame le patron d’Axis stars, une plate-forme en ligne qui permet de conseiller les sportifs de haut-niveau.Je travaille davantage que lors de ma carrière de footballeurs. En cas de réussite, je serais encore plus fier de ma vie actuelle que de ce que j’ai accompli sur un terrain »,
« C’est un grand magasin virtuel, explique son fondateur. Des professionnels, que l’on certifie en éliminant les usurpateurs, payent pour rejoindre ce réseau social gratuit pour les sportifs qui font leur marché, ensuite, en fonction de leur besoin. Cela va du kiné à l’avocat en passant par des agents. On permet également aux joueurs de relire les contrats complexes. Pour un jeune de 18 ans, il est difficile de tout comprendre. Pourtant, quelques lignes peuvent avoir une incidence sur toute une carrière ».
Ne pas rééditer certaines erreurs
L’idée de ce site a germé depuis quelques années dans son esprit. La faute à ses nombreuses blessures qui ont gâché la fin de sa carrière. « J’ai eu le temps de penser à mon après-carrière, rit celui a péniblement terminé sa carrière à la Lazio (6 matchs) sur une jambe. Pendant mes longues indisponibilités, je me penchais sur mon avenir. Je veux permettre aux jeunes joueurs de ne pas rééditer certaines erreurs. Je veux les entourer des bonnes personnes. La transmission me tient à cœur, surtout depuis que je suis père (de trois enfants) ».
Après avoir déjà convaincu Boris Diaw, Nicolas Batum, Florent Malouda ou encore Gaël Monfils, Louis Saha cherche donc à promouvoir sa jeune entreprise aux quatre coins du monde. « Si je peux venir en aide, par exemple, à des gamins qui viennent d’Afrique avant qu’ils ne tombent dans les mains de personnes peu scrupuleuses… »
« Le sport est devenu une industrie »
Le sport serait-il devenu un repère de bandits, d’agents malhonnêtes et avides d’argent facile, d’escrocs prêts à tout pour récupérer quelques dizaines de milliers d’euros sur le dos d’un surdoué ? Sans plonger dans le cynisme et la paranoïa, le finaliste du Mondial 2006 ne cache pas ses doutes. « Les agents amènent énormément au foot, il ne faut pas le nier. Mais ce métier est devenu un très gros business, reconnaît le joueur formé au FC Metz, qui a refusé une offre pour rejoindre le récent et juteux championnat indien pour se consacrer au développement de son entreprise, avant d’évoquer sa propre expérience. Je me suis fait avoir. J’ai fait aveuglement confiance et je l’ai payé financièrement. Le sport est une industrie. Je veux permettre aux investisseurs sérieux et aux personnes compétentes de travailler. Malheureusement, on les confond trop souvent avec ces gens obscurs qui gravitent dans ce milieu ». D’une pirouette, dans un éclat de rire, Louis Saha conclut : « Et moi, j’en connais des tonnes de médecins, masseurs et soigneurs ! »
RFI2014-11-20