Le mardi 12 juillet 2016, la jeunesse de Gao a organisé une marche pacifique contre l’installation des autorités intérimaires prévues dans l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger.
La manif a été réprimée dans le sang par l’armée malienne.
Bilan : 3 morts et 42 blessés.
Indignés par cette situation, les responsables des partis politiques de l’opposition malienne étaient face à la presse le samedi 16 juillet 2016 à la Maison de la presse pour exprimer leur désapprobation.
Cette conférence de presse avait pour thème : « Les événements survenus à Gao le 12 juillet 2016 et les questions relatives aux autorités Intérimaires ».
Selon Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition, ce drame aurait pu être évité si le président IBK écoutait l’opposition malienne.
Au cours de la dite conférence de presse, les conférenciers ont décrié l’inefficacité de l’accord.
Avant d’inviter le gouvernement malien à situer la responsabilité de la tuerie survenue à Gao.
Par ailleurs, ils ont réitéré leur demande relative à la tenue de concertations nationales.
Quelques jours après la tuerie survenue à Gao (7ème région du Mali), les présidents des partis politiques de l’opposition ont cru bon d’animer une conférence de presse afin d’interpeller les pouvoirs publics de prendre leurs responsabilités pour la sécurité des personnes et des biens.
La dite conférence de presse était animée par les présidents de l’Union pour la république et la démocratie (Urd), l’honorable Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition, du Parti pour le développement économique et social (Pdes), Sadou Diallo, aussi maire de Gao, du Parti pour la renaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé, et le président des Fare Anka Wuli, Modibo Sidibé, en présence des militants et sympathisants de l’opposition républicaine et démocratique.
Dans ses propos liminaires, le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé a rappelé qu’aucune consultation de la classe politique ni de la société civile n’a été menée en vue de les associer à l’élaboration du document de la dite « ENTENTE », ni à sa tentative de mise en œuvre.
C’est pourquoi, poursuit-il, se sentant marginalisés, des jeunes de Gao ont organisé une marche pacifique le mardi 12 juillet 2016 pour manifester leur mécontentement et demander leur implication dans la gestion de leur cité.
« Quoi de plus normal !!! Malheureusement cette protestation a vite tourné au drame.
Les condamnations fusent de partout.
Le Gouvernement a dépêché des ministres à Gao qui se sont tout simplement engagés à transmettre les doléances des jeunes au Président de la République », a expliqué l’honorable Cissé.
A l’en croire, le Président de la République s’est adressé à la nation le jeudi 14 juillet 2016, deux jours après la tragédie, dans un discours squelettique de deux minutes à l’allure d’un simple communiqué.
Le président IBK a qualifié les événements « de regrettables qu’on aurait pu éviter « .
« Oui Monsieur le Président de la République, si vous aviez écouté l’opposition on aurait pu éviter ce drame. L’opposition estime que notre pays doit à présent entamer une dynamique nouvelle, par un dialogue inter-malien fécond visant à forger un consensus national autour de la restauration de la paix et de la stabilité sur l’ensemble du territoire.
Il sera le lieu d’une appropriation nationale, d’une « MALIANISATION » du processus de paix et de réconciliation. Ce dialogue national inter-malien doit s’étendre à tous les acteurs Maliens de l’intérieur et de l’extérieur », a répondu le chef de file de l’opposition.
Nécessaires concertations nationales
C’est pourquoi, dit-il, l’opposition réitère sa demande relative à la tenue de concertations nationales.
S’agissant de l’accord, le conférencier a fait savoir que sa signature ne doit nullement occulter la situation sécuritaire inquiétante dans le nord et le centre du pays dont la résolution requiert le nécessaire dialogue entre les différentes composantes de la nation.
« L’immense campagne de sensibilisation organisée par le gouvernement autour de l’accord n’a eu aucun effet bénéfique pour le pays.
Bien au contraire, on assiste impuissant à une recrudescence de la violence avec son cortège d’attaques meurtrières contre les forces armées du Mali, les forces de la Minusma et les populations civiles au nord et au centre du pays.
La situation sécuritaire est hélas de plus en plus préoccupante », a précisé l’honorable Cissé.
Avant d’ajouter que l’accord tarde à produire les effets attendus.
L’accord est-il vraiment efficace ?
Selon Soumaïla Cissé, la réponse est certainement non ! « S’il constituait un vrai et bon remède en l’état, les autorités maliennes allaient au moins fouler le sol de Kidal ne serait-ce que pour consacrer la symbolique de la présence de l’état malien sur l’ensemble du territoire national », a-t-il indiqué.
Selon lui, la loi sur les autorités intérimaires porte les germes de la partition du Mali.
L’opposition républicaine, après les déclarations, les conférences et points de presse, a décidé d’organiser une grande marche pacifique le 23 mai 2016 à Bamako pour dénoncer l’ensemble des dérives du régime en place. D’ailleurs au cours de cette marche, elle a dénoncé l’institution des autorités intérimaires.
Dans un communiqué lu par Me Demba Traoré de l’Urd, l’opposition tient le Gouvernement seul responsable des morts et des blessés de ce 12 juillet.
En réponse aux questions des journalistes, le maire de Gao, Sadou Diallo a réitéré son soutien à la jeunesse de Gao.
« Si j’étai à Gao, j’allais marcher avec les jeunes…on ne tire pas sur son peuple.
Le pouvoir, c’est le peuple qui le donne », a-t-il dit. Selon lui, aucun tir n’est parti de la foule vers les forces de l’ordre car, dit-il, la jeunesse de Gao a été désarmée par lui-même.
A l’en croire, plus de 3000 Kalachnikov et 40 armes collectives ont été retirés aux jeunes de Gao pour les déposées auprès de l’opération serval à l’époque.
«L’actuel chef d’état major général des armées, le général Didier Dakouo en est témoin », a-t-il souligné.
Concernant la mise en place des autorités intérimaires, le maire Sadou Diallo a indiqué : « on ne va pas m’enlever.
Parce que si on m’enlève, on ne va pas commander mon peuple.
C’est mon peuple à moi, c’est ma jeunesse à moi. On va peut être m’appeler président des autorités intérimaires mais je ne sais même pas pourquoi.
Il aurait pu par respect m’expliquer pour que j’explique à ma population ».
En outre, il a précisé que le gouvernement a donné 400 000 FCFA aux familles endeuillées et 1 050 000 FCFA pour l’hôpital pour la prise en charge des blessés.
Quant au président des Fare Anka Wuli, Modibo Sidibé, si on veut aller à la paix véritable au Mali, il est indéniable de s’engager dans un dialogue national refondateur.
Pour sa part, le président du Parena, Tiébilé Dramé a fait savoir que depuis 3 ans, le président de la République et le gouvernement sont dans une fuite en avant par rapport à la question de la restauration de la paix et de la stabilité au Mali.
Avant d’ajouter que ce qui s’est passé à Gao le 12 juillet dernier montre à suffisance que le processus d’élaboration de l’accord n’a pas été inclusif. A ses dires, le Mali est dans une impasse aujourd’hui.
« Nous avons demandé qu’il y ait des concertation nationales inter-malienne autour de l’accord.
Le consensus national est indispensable.
Si le processus n’est pas inclusif il y aura des difficultés à chaque étape. Ce sont les autorités intérimaires, il y a d’autres questions épineuses dans l’accord qui nous attendent.
Et s’il n y a pas de discussion nationale, il n y aura que des difficultés », a dit Tiébilé Dramé.
Qui a donné l’ordre de tirer ?
Le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé a invité les autorités à situer toutes les responsabilités de ce drame survenu à Gao.
« On est dans l’impunité depuis 3 ans », a déploré Soumaïla Cissé.
Enfin, il dira que quand le gouvernement change tous les 6 mois, il ne peut rien faire.
Aguibou Sogodogo