« Il est temps que le gouvernement sorte des incantations pour faire de la sécurité des personnes et de leurs biens une priorité réelle »
- Le FSD rejette la prorogation du mandat des députés et la révision constitutionnelle
Hier, jeudi 13 juin 2019, les responsables du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) étaient face à la presse à la Maison de la presse de Bamako pour condamner l’attaque terroriste perpétrée, le lundi 10 juin 2019, à Sobame Da dans la commune Sangha (cercle de Bandiagara, région de Mopti) ayant fait des dizaines de morts et de blessés. Selon le FSD, « il est grand temps que le gouvernement sorte des incantations pour faire de la sécurité des personnes et de leurs biens une priorité réelle ». Outre la situation sécuritaire au centre du Mali, l’Accord Politique de Gouvernance, la prorogation du mandat des Députés, la Révision de la Constitution du 25 février 1992 et le Dialogue National Inclusif ont été des sujets abordés au cours de la conférence de presse. Ainsi, le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé a fait savoir que le FSD rejette la prorogation du mandat des députés et la révision constitutionnelle.
Cette conférence de presse était principalement animée par le chef de file de l’opposition malienne, l’honorable Soumaïla Cissé, non moins président du FSD, en présence des autres responsables du FSD comme Me Mountaga Tall, Choguel K Maïga, Konimba Sidibé, Djibril Tangara, Paul Ismaël Boro, Aboubacar Touré, Hamadoun Amion Guindo de la Coordination syndicale des travailleurs du Mali (Cstm) et d’autres personnalités. « Notre rencontre se tient au lendemain du drame de SOBANE-Ko, mais aussi, coïncidence terrible, avec la publication du Rapport de la MINUSMA sur un autre drame, celui de Koulongo qui stigmatise la faiblesse des enquêtes, l’absence de dialogue et la persistance de l’impunité. Notre rencontre coïncide surtout, avec la publication du Rapport du Secrétaire Général de l’ONU qui se dit consterné par la récente multiplication des actes de violence dans le centre du Mali », c’est en substance ce qui ressort de la déclaration liminaire du FSD lue par l’honorable Soumaïla Cissé. Avant d’ajouter que l’insécurité a atteint un seuil intolérable qui menace la survie voire l’existence même du Mali. A ses dires, la vie est devenue presque impossible dans les ¾ de notre pays. « En pleine ville, en plein jour et, en plein marché, on égorge un citoyen. C’est pourquoi, nous disons, qu’en dépit de tous les efforts de nos Forces armées et de sécurité ainsi que de leurs partenaires, il est grand temps que le gouvernement sorte des incantations pour faire de la sécurité des personnes et de leurs biens une priorité réelle, pas du faire-semblant. Pendant ces 6 mois, chacun peut constater une aggravation sans précédent de l’insécurité dans le centre du pays, notamment avec les massacres de Koulogon et d’Ogossagou, puis celui intervenu le 10 juin à SOBANE-Ko. Ces attaques qui ont fait des centaines de morts, conjugués avec les vols massifs de bétail ont vidé le Centre d’une bonne partie de sa population, toutes ethnies confondues », a-t-il dit. A l’en croire, la situation est quasiment similaire dans le Gourma et dans le Nord-est du pays. A cet effet, le chef de file de l’opposition a indiqué que le plan de sécurisation du centre apparaît comme un échec patent : le nombre de localités où l’Administration est absente ne faisant qu’augmenter depuis les dernières élections présidentielles. En outre, il a dit qu’il ne connaît encore rien du cadre politique sur la question du Centre récemment mis en place par le Gouvernement. S’agissant de l’accord politique de gouvernance, Soumaïla Cissé a fait savoir que le FSD n’est pas signataire, car, dit-il, ledit accord a été vidé de sa substance : « Partage de responsabilités ». Concernant la prorogation du mandat des députés, le conférencier a fait savoir que cette prorogation est une violation grave de l’Accord Politique de Gouvernance mais aussi et surtout une négation des prérogatives du Dialogue Politique Inclusif. « Pour cette première raison, le FSD rejette la prorogation du mandat des députés. Une deuxième raison de notre refus d’adhérer au projet est la violation flagrante de notre Constitution », a-t-il dit. Par ailleurs, il a rappelé que lors de la première prorogation du mandat des députés, l’avis de la Cour Constitutionnelle avait été sollicité, mais, cette fois-ci, il ne l’a pas été. Selon lui, l’habillage juridique manque. Pour une 4ème raison, l’orateur indique que la présidentielle a été organisée dans un contexte d’insécurité, alors, il s’étonne de voir pourquoi les législatives ne sont pas organisées. Parlant de la révision constitutionnelle, il fait référence à l’article 118 alinéa 3 de la Constitution en vigueur que :« Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire». Concernant le dialogue politique inclusif, l’honorable Soumaïla Cissé a déploré la désignation « unilatérale par le Président de la République, des personnalités chargées de conduire le processus du dialogue politique inclusif et du Président du Comité d’Organisation, au mépris de toutes les mesures d’inclusivité, et de l’esprit des discussions avec le Chef de file de l’opposition politique ». Pour lui, la plus urgente mesure de sortie de crise est la tenue indispensable d’un dialogue politique national inclusif. « Nous réitérons cette exigence d’un dialogue national inclusif. Nous souhaitons que le pouvoir en place se rende compte que notre pays n’est plus un pays normal, qu’il écoute le cri de détresse du peuple dans ses doléances et ses exigences. Aux côtés des Patriotes de tous bords, nous œuvrerons à la dynamique de sortie de crise. C’est pourquoi, nous entreprendrons toute action nécessaire pour sauver notre pays. Il y va de la survie même du Mali et de l’avenir de nos enfants ! », a déclaré Soumaïla Cissé. Répondant aux questions des journalistes, le conférencier, Soumaïla Cissé a fait savoir qu’il n’y a pas de problème entre lui et Tiébilé Dramé encore moins entre lui Oumar Hammadoun Dicko. Tous les autres intervenants ont déploré la situation d’insécurité au Mali.
Aguibou Sogodogo