Sacrifier à la tradition est souvent, au-delà d’un rituel que l’on
s’impose, un exercice exaltant et enrichissant.
Ne serait-ce que
l’acquisition de cette capacité de se remettre en cause.
Comme
tous les 1er janvier, je me fais un devoir d’aller au sport, au
jogging.
Et comme en 2020, mes pas m’ont conduit au bord du
Djoliba (fleuve Niger) à Sébéninkoro.oeil des le
Assis sur les berges, je me suis vite perdu dans la
contemplation, dans la réflexion et dans la méditation.
Il y a
trois mois, je ne pouvais pas m’asseoir à cette même place à
cause de la crue du fleuve.
Mais, aujourd’hui c’est à peine si
l’eau coule dans son lit de plus en plus envahi par des îlots de
végétation.
Quelle quantité d’eau s’est écoulée depuis que ce cordon
ombilical entre des peuples et des civilisations (Niger) existe ?
On ne saurait le dire.
Mais, on sait au moins que ce n’est pas la
même eau qui va et revient.
Comme les années d’ailleurs. Nous
avons ainsi enterré 2020 il y a quelques heures seulement. Et
comme ce beau lever du soleil sur le Niger, 2021 est chargé
d’espoir ou du moins suscite beaucoup d’attentes.
Normal me direz-vous.
Certes, après toutes les épreuves
vécues au cours des 365 jours écoulés, nous sommes en droit
d’espérer «un monde meilleur».
On peut aussi objectivement
nourrir l’espoir que 2021 soit la fin de toutes nos désillusions
passées et le point de départ de la réalisation de «toutes les
petites choses immatérielles qui font de nous de vrais êtres
humains».
Mais, nos attentes et nos espoirs ne doivent pas nous conduire
à faire des années, précisément, des boucs émissaires de nos
malheurs individuels ou collectifs.
Comme le disait un web-
activiste, 2020 n’est pas le vrai coupable de tous les maux
qu’on lui impute, par exemple du Covid-19 qui a «coronisé»,
pardon colonisé le monde entier sans exception.
Et comme
nous avertissait mon frère et rappeur Mokobé (Mokobé Traoré),
«tout ne va pas changer au 1er janvier 2021.
2020 c’est rien du
tout, c’est une date, une nomenclature. On peut en faire un
personnage pour exorciser nos craintes, mais ne nous leurrons
pas, changer les choses dépend uniquement de nous».
Autrement, chacun d’entre nous doit trouver cette force
intérieure pour aller de l’avant, en tirant les enseignements du
passé sans s’appesantir sur ses échecs et ses infortunes.
Ainsi,
comme l’écrivait un frère sur Facebook, «2021 sera différent de
2020 si nous mêmes acceptons d’être différents de ce que
nous étions en 2020.
En clair, changeons de comportements et
de mentalités et soyons positifs».
Sinon le passage d’une année à une autre n’est qu’une
«période transitoire» favorable à la remise en question
individuelle et collective.
Un exercice indispensable aux
humains pour leur permettre de changer, de s’améliorer,
d’arrêter par exemple de se haïr en se rappelant qu’il y a une
vie après la Mort.
Il y un autre monde que la mort nous ouvre et
où seules nos bonnes actions feront la différence.
Nous sommes donc tous des passagers temporaires dans ce
bas-monde qui n’est réel que dans nos rêves, dans nos
comportements…
A l’image de l’eau qui s’écoule lentement
dans le Djoliba ce matin, la vie s’égrène nous conduisant
inexorablement au fatidique rendez-vous avec le combat perdu
depuis la naissance.
En la matière, 2020 n’a pas épargné la République avec des
massacres de civils et le carnage dans certains camps ou
postes-avancés des Forces armées maliennes (FAMa).
Sans compte la disparition de personnalités comme Ibrahim Bocar
Bâ, Témoré Tioulenta, Bakoré Sylla, Amara Sylla dit «Amsyl»,
Niamey Kéita, Mme Togola Jacqueline Marie Nana… et surtout
Général Moussa Traoré, Général Amadou Toumani Touré…
Et ce jour, comment ne pas penser à Soumaïla Cissé dont les
obsèques ont eu lieu quelques heures plus tard.
A défaut de Niafunké, la ville où le défunt charismatique leader a passé une
grande partie de son enfance, le gouvernement et la famille ont
choisi le Palais de la Culture Amadou Hampâté Bâ de Bamako.
Un choix symbolique comme si on voulait charger aussi le
Djoliba de porter le deuil de la nation à Niafunké puis à
Tombouctou.
Et le cycle semble avoir repris avec le décès de
l’ancien Premier ministre Modibo Kéita le 2 janvier 2021 au
Maroc.
Ainsi va la vie comme l’eau du Djoliba qui va bientôt arrêter de
s’écouler aussi en attendant les prochaines pluies !
Bonne et heureuse année 2021
BOLMOUSS