Au Mali, des avis d’experts extérieurs qui peuvent être très loin de la réalité, en dehors des rapports officiels et des statistiques, outre tout ce qui est dit vrai ou faux, c’est chaque jour que nous nous battons avec la satisfaction en fin de journée d’avoir surmonter une autre magnifique journée.
Il y a quatorze ans, quand j’ai commencé à construire ma maison dans un quartier en périphérie de Bamako, j’ai dû comprendre le monde des travailleurs de la construction et me faire accepter. Avec eux je pousse la brouette, je lance des pelles, je fais des clous, je pose des carreaux, perceuse avec un ciseau et un marteau…
Nous sommes tous des Maliens, mais ils m’ont appris des choses sur un quotidien encore plus instable et fragile que celui que j’ai connu dans le monde des fonctionnaires pendant une période où ils pouvaient rester trois mois sans salaire quand j’étais enfant élevé par mes parents, les deux fonctionnaires.
Beaucoup de Maliens aimeraient pouvoir servir leur pays avec la capacité de résistance et de persévérance dont ils sont faits, et l’audace à laquelle les agressions du destin les ont forcés. Nous aimerions une classe dirigeante qui organise le cadre pour un Mali sain et épanouissant, car nous avons les moyens pour lui.
Une classe dirigeante qui donne le bon exemple en y inscrivant un sentiment d’engagement, de travail acharné et d’honnêteté. Notre grand espoir est que les excuses pour le vol, les mensonges et l’irresponsabilité cessent. Il n’y a rien de glorieux à voler l’argent public. Il n’y a rien de glorieux à s’enrichir illicitement en sortant l’eau et le pain des bouches de votre peuple.
Prendre ce qui n’est pas à vous c’est du vol, même quand il vient du bien public. Voler l’état c’est voler tout le pays c’est du vol et c’est grave. S’approprier un stylo, une voiture ou des fonds provenant des services publics est un vol. Le peuple malien a en commun une histoire dont le Mali d’aujourd’hui tire la force d’avancer, l’Afrique a en commun une histoire et un destin qui étaient et resteront au-delà de tout.
Ensemble nous sommes Maliens, nous sommes Africains. Ici, à Bamako, tout va bien. Nous croyons en notre pays, le Mali. Et ensemble, nous y arriverons.
Rokia Traoré
Artiste/Entrepreneure culturelle
