Il n’y a pas de doute que le Conseil national de transition (CNT) veut
ressembler aux assemblées nationales élues comme deux gouttes d’eau. On
se rappelle que nos pseudos honorables (usurpation de titre au nom du
mimétisme) se sont arrogés en catimini des avantages d’élus de la nation.
Une usurpation d’avantages cautionnée par la Cour constitutionnelle qui a
validé la loi organique fixant ces indemnités et avantages le 27 juin 2024 après
la correction des points jugés non conformes lors d’une première évaluation
en avril 2024.
Cette loi permet ainsi de régulariser les indemnités payées sans aucune base
légale, mais simplement calquées sur celles que percevaient les députés élus
au Parlement national. N’empêche, un membre du CNT est-il un député élu
pour bénéficier des pratiques financières du passé (d’ailleurs décriées par une
grande partie de l’opinion nationale) qui ne participent pas de la refondation de
l’Etat devenu la pierre angulaire de la refondation de la Transition amorcée le
24 mai 2021 ?
Pour l’opinion, c’est une attitude incompréhensible. Elle juge donc ces
indemnités comme des «dépenses extravagantes» dans un contexte de crise
économique et sociale. Actuellement, les indemnités des membres du CNT
dépassent les 2 millions de F CFA par mois. C’est naturellement excessif pour
des gens qui ne sont pas même capables de défendre le peuple face à
l’incapacité de l’exécutif à satisfaire leurs préoccupations.
C’est évidemment là où nous voulons en venir. Le CNT est une caisse de
résonance comme les précédents parlements. Malheureusement, il semble se
complaire dans ce rôle en se murant dans une révoltante indifférence face au
calvaire du peuple. Présentement, les Maliens ont le sentiment d’être
abandonnés à eux-mêmes «en plein vol» par un gouvernement incapable
d’assumer ses responsabilités régaliennes et des législateurs qui ne veulent
pas compromettre leurs juteux fauteuils en interpellant le Premier ministre ou
des membres de son équipe de bras cassés.
Le pays est en situation de faillite à tous les niveaux parce que l’Énergie du
Mali n’est toujours pas en mesure de fournir correctement l’électricité au pays.
La gestion des inondations laisse à désirer. Pis, se nourrir ou nourrir les siens
est devenu un vrai défi à cause de l’envolée des prix qui a dépassé tout ce
qu’on avait connu dans ce pays. Ces derniers mois, les Maliens sont en train
de vivre une souffrance indescriptible.
L’Observatoire du développement humain durable et de la lutte contre la
pauvreté (ODHD/LCP) a beau nous dire que l’espérance de vie au Mali est
passée de 48,2 ans en 90 à 59,4 ans en 2021 (une amélioration donc
antérieure à la Transition), il est aussi clair que notre pays vient d’être classé
188e (sur 197 pays) en terme de développement humain, avec un indice de
(IDH) de 0,421, selon un rapport du Programme des Nations unies pour le
développement (PNUD). Cela est assez révélateur du mal vivres de
populations.
Pour cacher son incapacité à les soulager, le gouvernement les exhorte à la
résilience sans réduire son propre train de vie (fonctionnement). En effet, nous
défions quiconque de ne prouver que le PM ou l’un de ses ministres a renoncé
à 1 kopeck au nom de cette même résilience devenue un refrain populiste
pour embobiner les populations avides de changement pour une gouvernance
vertueuse de leur pays.
Et, naturellement, c’est sur le CNT que le peuple doit compter pour interpeller
le gouvernement, le rappeler à l’ordre et l’obliger à pleinement assumer ses
missions. Ceux d’entre nos fameux «honorables» qui ont pris la parole ces
dernières semaines ont avoué être conscients de la détresse du peuple, du
calvaire des Maliens. Mais, ils l’avouent indirectement, ils sont impuissants !
Du moins, ils ont peur pour leurs places au CNT parce qu’ils sont nommés et
non élus. Comme vous le constater, c’est quand il s’agit de défendre le peuple
qu’ils prennent conscience qu’ils ne sont pas des, mais des gens nommés
dont le décret de nomination peut être facilement abrogé. Autant faire profil
bas pour savourer ces indemnités et avantages normalement réservés aux
représentants élus par le peuple.
Bon, à regarder de près, c’est juste une question de nuance puisque même
nos assemblées élues ont toujours été des caisses de résonance peu
préoccupées par les vrais problèmes du pays, les préoccupations réelles des
Maliens. Dans le Mali démocratique, les cas d’interpellation de l’exécutif par le
législatif voire de motion de censure relevaient le plus souvent du règlement
de comptes politiques et non d’un souci du pays.
Si le CNT veut aussi leur ressembler en la matière, qui sommes-nous pour
vouloir l’en empêcher ou le condamner ?
Moussa Bolly
Diasporation.fr