« L’union dans la souveraineté retrouvée » ! Tel est le thème annoncé pour la célébration du 62e anniversaire de l’indépendance du Mali par le président de la Transition, Colonel Assimi Goïta, dans son message à la nation le 21 septembre 2022. «Aujourd’hui, il est de notre devoir de défendre cette souveraineté qui passe forcément par le processus de la refondation qui repose sur quatre piliers», a-t-il ajouté jeudi dernier dans une interview accordée à la presse à l’issue du défilé militaire du 22 septembre.
Et parmi les quatre axes balisés dans son interview, le premier est surtout capital pour donner une assise économique, sociale, politique, culturelle… à notre indépendance. Il porte ainsi sur l’Homme qui est au début et à la fin de tout changement, de tout processus de développement. «L’homme», selon Assimi Goïta, est donc le premier axe de ce processus qui doit aboutir à «un Malien patriote, intègre, engagé pour la défense des intérêts du peuple».
Bâtir le Mali Kura (un nouvel État) n’est possible qu’avec un nouveau citoyen. Ce qui nécessite un changement de comportement, de mentalité des acteurs. Si nous jetons un regard rétrospectif sans complaisance sur le chemin parcouru durant ces 62 ans d’indépendance, le bilan est loin d’être réjouissant ; surtout celui des deux dernières décennies.
Comme l’a dit l’ex-Premier ministre Moussa Mara, «il reste encore de nombreux défis à accomplir, dont le plus important est la réelle indépendance en matière économique, politique et sécuritaire». Et «force est de constater que ces nombreuses années ne nous ont guère permis d’atteindre les résultats escomptés en matière de développement et de stabilité», a renchéri Housseini Amion Guindo dit Poulo, président de parti la Convergence pour le Développement du Mali (CODEM) et leader influent du Cadre d’échange des partis et regroupements politiques pour une transition réussie.
C’est pourquoi, au-delà des festivités commémoratives symbolisant l’indépendance, «le moment est venu pour nous de donner un réel contenu et un sens à notre indépendance», a souligné M. Guindo. «Nous demeurons convaincus que notre indépendance n’est qu’un tremplin pour la quête de notre véritable autonomie économique, culturelle, sécuritaire et politique. Ce défi nous incombe à tous. C’est pourquoi nous ne cesserons jamais d’appeler à l’union sacrée pour notre pays», a conclu Poulo.
Cela suppose, selon Cheick Boucadry Traoré de la Convergence africaine pour le renouveau (CARE), que nous ne nous trompions pas d’adversaire et dans le choix de nos engagements. «Nous devons rassembler toutes nos forces pour faire les meilleurs choix», a-t-il conseillé. Cela est indispensable pour parvenir à la vraie indépendance à laquelle nous aspirons.
Pour l’experte en communication Aminta Touré, il nous faut repenser notre indépendance en mettant l’accent sur «l’éducation authentique de nos enfants». Ce qui nécessite «le transfert des valeurs à nos enfants, le respect de soi et de l’autre, le respect des principes sociétaux, la solidarité, le partage, le pardon…». Pour elle, «la vraie indépendance, c’est être soi-même, s’aimer, se valoriser et être fier de ce qu’on est. C’est l’autosuffisance alimentaire et économique». Il faut ainsi prioriser le consommer local car, souligne Aminta Touré, «c’est notre première porte de sortie de la pauvreté et des dettes. Cela est très important parce que c’est la pauvreté qui rend esclave. Cultivons et consommons davantage ce que nous produisons».
Et tout cela renvoi aux quatre axes définis par le Colonel Assimi Goïta dans l’interview accordée à la presse après le défilé militaire du 22 septembre dernier. «L’homme», selon lui, est le premier axe de ce processus… Le 2e pilier consiste à «bâtir une armée solide, plus agressive, capable d’intervenir en tout temps, en tout lieu et en toutes circonstances».
Quant au 3e pilier, il porte sur un «État bien gouverné, un Mali débarrassé de toutes les corruptions, de l’injustice et développé». Et le 4e axe porte sur «la cohésion et l’union autour des idéaux de la refondation». Mais, tout est lié à la qualité de l’Homme. D’où l’importance du changement de comportements et de la mentalité. Pour parvenir au vrai changement comme support de la vraie indépendance, le Malien doit se réconcilier d’abord avec lui-même, avec les valeurs positives (patriotisme, intégrité, honnêteté, culte de l’excellence, bravoure…) qui ont toujours fait la grandeur de notre société, la force des pères de l’indépendance et qui ont été des atouts indéniables pour la jeune République indépendante le 22 septembre 1960.
Autrement, dira l’experte en communication, «la vraie indépendance commence en premier lieu par la connaissance de soi, l’incarnation de nos valeurs humaines et culturelles» !
Moussa Bolly