Malgré que la cour de justice de l’Union économique et monétaire ouest-africaines (UEMOA) ait suspendu la veille les sanctions économiques prises contre le Mali le 9 janvier 2022, les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) ont décidé de les maintenir à l’issus de la parodie de sommet organisé le vendredi 25 mars à Accra au Ghana. Les prétextes évoqués sont, entre autres, l’absence de consensus sur le chronogramme de la transition et surtout le fait que le Colonel Assimi Goïta ait décliné leur invitation.
En effet, selon le communiqué final qui a sanctionné la rencontre, la Cédéao a regretté «la non disponibilité du président Assimi Goïta pour honorer physiquement l’invitation qui lui a été faite de participer au sommet afin de rechercher une solution à la situation actuelle». C’est essentiellement pourquoi les sanctions ont été maintenues contre notre pays. Et pourtant le président de la Transition leur a assuré non seulement sa disponibilité à intervenir par visioconférence, il avait décidé d’envoyer dans la capitale Ghanéenne une délégation de haut niveau conduite par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
Celle-ci a été, à la dernière minute, empêchée d’y participer sous prétexte que le format (huis clos) était réservé aux seuls chefs d’Etat. Et pourtant, à part le Ghana, le Bénin, la Guinée-Bissau, le Niger et le Sénégal, tous les autres pays étaient représentés soit par des vice-présidents, des ministres, des conseillers spéciaux… Le Libéria et la Sierra Leone ont été même représentés par leurs ambassadeurs.
Ce qui est une autre preuve de leur mauvaise foi. Le huit clos ne peut pas tout expliquer. Ce qui donne, une fois de plus, raison à ceux qui pensent que nous sommes en train d’accorder trop d’importance à la Cédéao qui a visiblement d’autres agendas que le retour à l’ordre constitutionnel dans notre pays.
Et puisque nous savons aujourd’hui que cette organisation sous-régionale est manipulée par la France (avec Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Mohamed Bazoum du Niger et Nana Akufo-Addo du Ghana à la manœuvre) et que les sanctions qui nous sont imposées sont illégales, entendons sur les 24 mois et mettons-nous à la tâche ! Comme l’a conseillé un jeune leader politique, il est temps que «nos autorités rassemblent les Maliens sur les 24 mois et engagent le processus de reprise en main de notre pays. La Cédéao se conformera si nous sommes unis sur des objectifs réels et limpides». Il faut faire valider ce délai et notifier cette décision à l’ensemble de nos partenaires comme acte souverain du peuple malien. Ceux qui veulent nous aider sont les bienvenus. Et tant pis pour ceux qui croient aimer plus le Mali que les Maliens.
Le président Assimi Goïta doit convoquer l’ensemble des forces vives de la Nation pour leur notifier ce délai avec un agenda concret, avec un Plan de mise en œuvre et d’évaluation. Et même s’il faut pour cela mettre en place un comité de veille ou un comité de sages pour veiller scrupuleusement à la transparence du processus qui doit conduire aux différentes réformes envisagées pendant ces deux ans.
Nous avons perdu 18 mois à se chamailler et à ne rien faire ! Il est temps de se remettre au travail sur le chantier du Mali Kura. L’urgence c’est vraiment de retrousser nos manches et nous remettre au travail pour les 24 mois avec la ferme ambition de prouver que ce n’est pas un agenda fantaisiste ou de la mégalomanie, mais une impérieuse nécessité pour éviter tout retour à la case-départ. La priorité doit être maintenant accordée aux actions réelles de développement du pays.
Moussa Bolly