Tel le déclenchement des primaires en a massivement apporté, tel ses divers épisodes ont progressivement chassé les oiseaux de mauvais augure. Et les efforts de la commission de bons offices, à la suite des heureux résultats engagés depuis le stade de la proposition de candidature par le Comité Exécutif, ont finalement abouti à ce scénario sans doute peu attendu : ce qui était perçu comme une aventure périlleuse, une épreuve dramatique et douloureuse, est finalement accepté comme une étiquette démocratique enviable et exceptionnelle par l’ensemble des composantes de la scène politique.
C’est en définitive cette bonne impression qu’a laissée le dur exercice des primaires que le PASJ s’est imposé pour choisir son candidat à la présidentielle – et dont l’épisode final s’est conclu sous de bons auspices au Cinéma Babemba. Après l’étape du cercle plus restreint des 81 membres de la direction nationale des Abeilles, c’était au tour de l’ensemble du ‘’Peuple de l’Adéma’’ de se prononcer irrévocablement sur le destin du candidat présélectionné, dans le strict respect des dispositions règlementaires du parti majoritaire malien.
L’enjeu aurait été beaucoup moins complexe et le tour gagné d’avance si la partie ne tenait qu’à un simple rapport de majorité. Mais dans la famille des Abeilles aucune victoire n’est définitivement acquise, quelles qu’en soient les proportions, tant qu’elle laisse des fissures de frustrations et d’amertumes dans les rangs. Cette leçon tirée de l’expérience vécue en 2002, avec Soumaïla Cissé, aura été sans doute très instructive une décennie plus tard.
Car à la différence du candidat de l’époque, celui de 2012 s’est illustré sous les traits d’un collaborateur beaucoup moins diabolisé, rassembleur, impartial et plus ouvert au dialogue et au consensus. Est-il besoin d’ajouter qu’il est d’ailleurs le produit d’un consensus recherché au plus profond des ressorts d’un Parti de l’Abeille, qui s’est finalement épargné la confrontation. Avec tant de singularités, les démons de la division et de l’éclatement ne pouvaient résister à la manifestation d’un instinct de conservation chez les Abeilles, sur une arène politique où tant de protagonistes ont parié, misé et reposé leur stratagème sur une plausible dispersion des rangs à l’Adéma. Les pronostics faussés, la donne oblige du coup les pronostiqueurs intéressés à revoir leur copie. Surtout que les dernières inquiétudes ont été dissipées par l’un des plus sérieux candidats à la candidature, le 1er vice-président Iba N’Diaye.
Le candidat de l’Adéma ne sera pas seul. C’est en substance la ferme promesse faite par le 1er vice-président et non moins redoutable candidat à la candidature, dont le message, à la clôture de la Conférence d’investiture, a fini de rassurer les délégué quant à une réelle disposition du sommet à accompagner la base pour mener le combat de la présidentielle dans la cohésion et en parfaite symbiose. Pour le président de la séance d’investiture, «les grands partis se reconnaissent au moment des grands défis» et l’épisode des primaires a ni plus ni moins donné la preuve de maturité et de capacité à transcender les épreuves pour un parti présenté comme fragile et inconciliable. «On nous a prédit l’oraison funèbre, on a chanté l’hymne de la gloire et nous chanteront Inch’Allah le chant de la victoire », a-t-il martelé, en félicitant le candidat choisi et en le rassurant publiquement de son «soutien sans réserve».
Ainsi pour le N°2 du Comité Exécutif, les primaires appartiennent désormais à l’histoire et c’est désormais «l’avenir qui se dessine» sous le signe de défis à relever : gagner les élections et faire du Mali un pays envié. Pour ce faire, selon Iba N’Diaye, chaque délégué à la conférence dois d’ores et déjà se sentir en mission pour porter le message de l’Adema « dans les hameaux, les villages, fractions car le fardeau de 2012 ne saurait être porté par le seul candidat mais par tous.
La leçon de démocratie administrée par le PASJ a été ainsi confortée par une non moins enviable leçon d’unité et de cohésion d’une famille politique longtemps abonnée aux préjugés et signes indiens dans le sens opposé.
A. Keïta
Aurore 01/08/2011