Daouda Tékété, journaliste à l’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali (ORTM) et ancien conseiller dans différentes cabinets du Ministère de l’Education nationale entre 1991 et 2013, a procédé, le jeudi 19 février 2016 au Centre Djoliba, au lancement de son livre intitulé : «Média, Ecole et Education Citoyenne en Afrique». C’était sous la présidence du Ministre de l’Education nationale, Kénékouo dit Barthélémy Togo, d’hommes politiques, collaborateurs, parents et amis de l’auteur. Sans langues de bois, il critique les systèmes éducatifs africains et l’ORTM.
Volumineux de 100 pages, l’essai critique de Tékété produit par les Editions la Sahélienne, est traité en deux parties. Le premier temps présente une analyse critique de nos système éducatifs, basée sur son expérience de conseiller technique de huit ministre maliens de l’éducation. Selon l’auteur, on observe une forte standardisation des formations. L’Etat entretien une bureaucratie rampante. On y constate des formations inadaptées aux besoins spécifiques des élèves. En dépit des efforts déployés, des millions d’enfants et d’adultes n’achèvent pas le cycle éducatif de base qu’ils ont entamé ; des millions d’autres poursuivent jusqu’à son terme sans acquérir le niveau de connaissance et de compétence indispensables.
En outre les 2/3 des enfants qui ne vont pas à l’école sont des filles. Par ailleurs, dit-il, le taux d’alphabétisation des adultes en Afrique est parmi les plus faibles au monde. Sur les dix pays qui affichent les plus faibles taux d’alphabétisation au monde chez les adultes sept sont en Afrique de l’Ouest. Le défi des états africains est aujourd’hui, la conception et/ou l’adaptation de politiques éducatives qui prennent mieux en compte les mutations sociales et les défis des cultures et des sociétés africaines. Or, indique Tékété, on constate plutôt une reproduction des schémas éducatifs hérités de l’ère coloniale ne visant qu’à produire des travailleurs et non des citoyens. Pour lui, les défis qui découlent du nouveau besoin de vivre ensemble dans une société pluriculturelle sont rarement pris en compte dans les systèmes de formation. Et de conclure que la problématique essentielle repose sur l’absence et/ou l’insuffisance d’harmonisation et d’adaptation du contenu des actions éducatives au sein de la famille, dans la société, à l’école et par les médias.
D’où son clin d’œil dans le second temps de son livre à l’endroit de l’ORTM dont il questionne la mission au regard des défis et des enjeux, appelant de ses vœux le redimensionnement des missions de cet office qui gagnerait à se métamorphoser au regard des changements intervenus dans notre pays et des exigences du temps qui veulent que la ligne éditoriale de l’ORTM évolue et que les changements escompté soient opérés en termes de liberté d’expression, de promotion de nos langues nationales et de nos cultures, ceci dans le sens d’un meilleur vivre-ensemble de toute la communauté nationale.
Pour le ministre Kénékouo dit Barthélemy Togo, ce livre est celui de l’expert qui a fortement bénéfice de l’expérience activement accumulée au niveau éducatif. Mais, ajoute-il, il est aussi celui du patriote panafricaniste, soucieux de l’avenir du Mali et de l’Afrique, des maliens et des africaines. En sommes, conclu le Ministre, il est naturellement l’œuvre de l’homme de science et de conscience. «Maintes pages du livre sont critiques sur l’éducation et nos système éducatifs, sur les médias et l’ORTM, sur les décideurs publics, la classe politique et la société civile, sur les parents, les apprenants et les jeunes. Mais ils sont franchement sans méchanceté, sans langues de bois. Et c’est ça l’essentiel», souligne le Ministre. Des nombreux témoignages des personnalités présentes, parents amis, ont été faits par rapport à l’acte posé par Daouda Tékété.
Hadama B. Fofana