Onze mois après l’instauration de l’état de siège, les députés locaux plaident pour le retour à la normale et la mutualisation des forces contre les groupes armés.
Onze mois après l’instauration de l’état de siège pour mettre fin aux violences dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, les députés nationaux de ces deux provinces de l’est de la République démocratique du Congo exigent la fin de ce régime spécial.
Ils dénoncent l’aggravation de l’insécurité dans cette partie où opèrent plusieurs groupes armés étrangers comme les Forces démocratiques alliées (ADF), mais aussi locaux comme les Maï-Maï ou la coopérative de développement du Congo (Codeco).
L’état de siège a été prorogé le 18 avril mais cette fois, en l’absence des députés des provinces concernées qui ont claqué la porte pour exprimer leur désaccord. Une situation sur laquelle revient Jadot Kasereka Mangwengwe, député national de Beni au Nord-Kivu. Retranscription de l’interview
Jadot Kasereka Mangwengwe : Le constat est que l’armée est surchargée. S’il faut qu’elle s’occupe du développement, de l’économie et tout le reste, tous les dossiers de la province, elle ne va pas avoir assez de temps pour se concentrer sur la traque de l’ennemi. Voilà pourquoi nous pensons que l’armée peut remettre les tabliers de l’administration aux civils pour qu’elle se concentre uniquement sur la traque de l’ennemi. DW : La prorogation de ce lundi était justement la 22ème depuis les onze derniers mois. Voulez vous donc affirmer que l’état de siège a complètement échoué depuis qu’il a été instauré en Ituri et au Nord Kivu, votre province ?
Jadot Kasereka Mangwengwe : L’objectif de l’état de siège, c’était que l’armée nous aide à mettre fin aux massacres, tueries en détruisant complètement ses ennemis massacreurs. Mais après autant de mois, je crois que tout le monde a vu que ça n’a pas été possible. D’ailleurs, raison pour laquelle on a encore développé la stratégie en acceptant la mutualisation de forces. Aujourd’hui, je crois, sur le terrain, la stratégie efficace, c’est celle de la mutualisation des forces avec les Ougandais. Je crois qu’il est temps qu’on décharge notre armée pour qu’elle mette à contribution toutes ses capacités aux côtés de ses partenaires ougandais afin que nous puissions cette fois-ci mettre fin à la présence de ces tueurs, de ces massacreurs dans les deux provinces.
DW : C’est donc la requalification de ce régime spécial, l’état de siège que vous exigez, faute de quoi vous ne participerez pas non plus aux sessions prochaines sur cette question. Qu’est ce qui vous rassure que votre cri sera cette fois-ci entendu, parce que ce n’est pas la première fois que vous menez une telle démarche ?
Jadot Kasereka Mangwengwe : Il n’est même pas question de requalification. Il est question de lever la mesure de l’état de siège et de revenir sur l’administration normale, le régime normal de gestion de province. Dès lors que dans les deux provinces, il y a déjà un coordonnateur des opérations conjointes
Jean Noël Ba-Mweze
Source: dw.com