La liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente vient de s’allonger avec 11 nouvelles inscriptions. Ce sont : Le Yaokwa, rituel du peuple EnaweneNawe pour le maintien de l’ordre social et cosmique (Brésil), le Yimakan, les récits oraux des Hezhen (Chine), Al Sadu, tissage traditionnel dans les Émirats arabes unis, La danse Saman (Indonésie), Les compétences traditionnelles de construction et de navigation des bateaux iraniens Lenj dans le golfe persique, Le Naqqāli, narration dramatique iranienne, La société secrète des Kôrêdugaw, rite de sagesse du Mali, L’épopée maure T’heydinne (Mauritanie), La technique d’interprétation du chant long des joueurs de flûte limbe – la respiration circulaire (Mongolie), Eshuva, prières chantées en Harákmbut des Huachipaire du Pérou et Le chant Xoan de la Province de PhúThọ (Viet Nam). Cette décision a été prise à l’issue de la 6ème session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel tenue du 22 au 29 novembre 2011, à Bali en Indonésie.
Qu’est ce que c’est la société secrète des Kôrêdugaw ?
Selon un Communiqué du ministère de la culture à travers la direction nationale du patrimoine culturel, « la société secrète des Kôrêdugaw est un rite de sagesse qui occupe une place centrale dans l’identité culturelle des communautés bambara, malinké, senoufo et samogo ». Le communiqué précise que « les initiés revêtent des haillons ornés de colliers de fèves rouges et d’objets divers. Ils suscitent l’hilarité par leur comportement glouton, leur humour caustique et leur malin esprit, mais ils font aussi preuve d’une grande intelligence et d’une tranquille sagesse ».
Du point de vue de l’importance, le communiqué de la DNPC indique que « la société éduque, forme et prépare les enfants à affronter les épreuves de la vie et à gérer les problèmes sociaux. Ses membres font aussi office de médiateurs sociaux et jouent des rôles fondamentaux à l’occasion des fêtes et à de nombreuses autres occasions ». Mieux, il rappelle que « les Kôrêdugaw sont aussi des herboristes et des thérapeutes traditionnels dont la connaissance des plantes est utilisée pour guérir les maladies, conjurer les mauvais sorts, traiter les femmes sans enfants et faire des bénédictions ». Selon le communiqué, les « Kôrêdougaw » incarnent la générosité, la tolérance, l’inoffensivité et la maîtrise du savoir et appliquent les règles de conduite qu’ils préconisent aux autres. « Les membres proviennent de toutes les couches socioprofessionnelles, sans distinction d’ethnie, de sexe ou de religion. Le statut de Kôrêduga est hérité ; l’instruction se fait par les esprits ou par un maître », précise le communiqué. Aujourd’hui, cette société secrète des Kôrêdugaw est fortement menacée. Du côté de la DNPC, les spécialistes ont identifié la source des menaces. « Les modes traditionnels de transmission sont menacés, à cause de la diminution du nombre d’initiés, en raison de la prédominance des modes de vie urbain parmi les jeunes générations, enfin, à cause du fait que les pratiques rituelles sont de moins en moins régulières », estiment les experts de la DNPC. C’est pour toutes ces raisons que l’on salue aujourd’hui cette inscription parmi les éléments du patrimoine culturel immatériel menacés, d’autant plus qu’elle contribuera à mobiliser la coopération et l’assistance internationale qui permettent aux parties prenantes de prendre des mesures de sauvegarde adéquates.
A l’instar de notre pays qui a fait inscrire la société secrète des « Kôrêdugaw » sur la liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, le Burkina Faso est parvenu à faire inscrire le « Pratiques et expressions culturelles liées au balafon des communautés Sénoufo du Mali et du Burkina Faso » sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. L’inscription de « La société secrète des Kôrêdugaw, rite de sagesse du Mali » et des « Pratiques et expressions culturelles liées au balafon des communautés Sénoufo du Mali et du Burkina Faso » porte à six (6) le nombre d’éléments du patrimoine culturel immatériel du Mali sur les Listes du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Déjà en 2008, le Mali a fait inscrire « l’espace culturel du Yaaral et du Degal » sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Mais, c’est l’année 2009 qui a été la plus fructueuse, avec l’inscription de « la Charte du Mandén, proclamée à Kouroukafouga » et « la réfection septennale du toit du Kamablon, case sacrée de Kangaba » sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cette année-là, « Le Sanké mon : rite de pêche collective dans le Sanké » a été inscrit sur la liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.
Assane Koné
Le Républicain 08/12/2011