Leur forfaiture du 22 mars 2012 accomplie, les tombeurs d’ATT et assassins de la démocratie malienne, par la voix de leur héraut de circonstance, le capitaine Amadou Haya Sanogo passé depuis général par la vertu d’un décret signé par Dioncounda Traoré, avaient annoncé à chaud qu’ils organiseraient, un procès contre le président renversé pour » haute trahison « . Ils ont régenté le Mali par procuration dix-huit mois. Force est de constater qu’ils n’ont pas mis leur menace à exécution. A croire qu’une fois en possession des dossiers de l’Etat-major des armées et des ministères des Finances et du Budget, ils ont été contraints de réviser leur opinion.
Gageons que si IBK lui-même avait seulement laissé percevoir, lors de sa campagne pour la présidentielle, son désir d’envoyer son prédécesseur devant le peloton d’exécution (destination finale de tout condamné pour « haute trahison », il aurait anéanti ses chances de se faire élire. Car dans le contexte où nous sommes, les Maliens n’ont pas besoin d’un tyran assoiffé de sang.
Ils ont besoin d’un homme capable de libérer Kidal de l’emprise du MNLA et de le rattacher au reste du pays, de rétablir partout la paix et la sécurité, de réconcilier les Maliens avec eux-mêmes et avec le reste du monde, de remettre le pays au travail et de procurer des emplois à sa jeunesse.
C’est pour relever ces défis pressants qu’ils ont porté leur choix sur IBK. Un homme qui, alors premier ministre, a emporté leur adhésion dans le tumulte du Mali des années 90. Pas pour les entrainer dans l’engrenage des règlements de compte.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit et rien d’autre.
L’opération « haute trahison » ourdie contre ATT n’obéit en rien et ne sert aucunement l’intérêt supérieur de la nation malienne. Ici, les incantations sur « l’honneur du Mali », » la grandeur du Mali « , « le bonheur des Maliens « , ne sauraient prospérer. Nous sommes en face d’un vulgaire désir de vengeance, nourri et entretenu, pendant plusieurs années, par un homme qui, hélas, exerce une influence néfaste sur IBK. Un homme qui en veut à ATT pour un tort que celui-ci se défend d’avoir commis et qui a juré devant témoins de le lui faire payer au prix fort.
Et voilà l’Etat malien, la puissance publique malienne, instrumentalisée pour assouvir une haine personnelle.
Nous ne doutons pas un seul instant que le président IBK ignore les dessous de la manigance, qui finiront bien par être étalés au grand jour et l’affaire va se dégonfler comme un ballon de baudruche.
La haine est toujours mauvaise conseillère. Dans leur précipitation pour avoir la peau de l’ex-président, ceux qui ont monté ce lamentable dossier, qui renvoie à l’inquisition, ne se sont même pas rendu compte que la Haute Cour de Justice saisie par » le gouvernement » n’existe pas encore. L’Assemblée nationale qui doit y pouvoir n’étant pas elle-même mise en place.
Ils ont donc mis la charrue avant les bœufs, au risque de se couvrir de ridicule.
Si ces conspirateurs de l’ombre avaient été un tantinet bien intentionnés, si leur motivation était de mettre le Mali à l’abri d’une réédition du désastre de 2012, ils auraient demandé la création d’une commission parlementaire (une fois l’Assemblée mise en place, bien sûr) pour faire la lumière, toute la lumière sur les causes et les circonstances de la faillite de l’armée nationale face aux groupes armés du Nord.
La commission aurait pris son temps pour mener les investigations nécessaires au sein des forces armées et de sécurité et établir si la débâcle des troupes relève de la seule responsabilité du président en poste ou si elle est le fait des soldats mutins qui, en mettant aux arrêts tous les officiers de la chaine de commandement, ont rendu l’armée inopérante.
Trop pressés de suspendre ATT à leur croc de boucher pour savourer une revanche longtemps attendue, les ennemis de l’ex-président (il est triste de constater que peu de gens se rappellent encore qu’il fut » le soldat de la démocratie » adulé par les foules) n’ont pas subodoré cette alternative.
Elle eût été plus utile au pays pour la manifestation de la vérité. Et pour que, plus jamais, le Mali ne revive pareil cauchemar.
Par Saouti Labass HAIDARA 2014-01-07 20:29:37