Libye : près de 50 corps de migrants retrouvés dans des fosses communes

Les corps de 47 migrants d’Afrique subsaharienne ont été découverts ces derniers jours dans des fosses communes au milieu du désert du nord-est et du sud-est de la Libye. Les exilés étaient détenus de manière illégale par des trafiquants et soumis à des violences. « La perte de ces vies est un nouveau rappel tragique des dangers auxquels sont confrontés les migrants qui se lancent dans des voyages périlleux », a déploré l’Organisation internationale des migrations.

Les découvertes macabres se succèdent ces derniers jours dans le désert libyen. Dimanche 9 février, le bureau du procureur général libyen a indiqué sur sa page Facebook que les corps de 28 migrants ont été retrouvés dans la région de Koufra, dans l’extrême sud-est du pays. Certains étaient blessés par balle, a précisé l’Organisation internationale des migrations (OIM) dans un communiqué.

Les dépouilles ont été découvertes après une opération des forces de sécurité dans un centre de détention « illégal », tenu par un réseau de trafiquants d’êtres humains. Soixante-six exilés, originaires d’Afrique subsaharienne, étaient retenus dans cette prison non officielle, a assuré le bureau du procureur général libyen.

Les fouilles se poursuivent car, selon des survivants, près de 70 personnes ont été enterrées dans une autre fosse.

Une enquête a permis d’identifier l’existence d’une « bande dont les membres séquestraient des migrants irréguliers, les torturaient et les soumettaient à des traitements cruels, dégradants et inhumains », a ajouté la même source. Des photos publiées sur les réseaux sociaux montraient des individus émaciés portant des cicatrices sur le visage, les membres et le dos.

Trois personnes soupçonnées de participer à ce trafic ont été arrêtées, un Libyen et deux étrangers.

« Rappel tragique des dangers auxquels sont confrontés les migrants »

Quelques jours plus tôt, une affaire similaire avait été rapportée par les autorités locales. Jeudi 6 février, 19 corps d’exilés avaient déjà été découverts dans plusieurs fosses communes d’une ferme de Jikharra, à environ 440 km au sud-est de Benghazi, la deuxième plus grande ville de Libye.

La direction de la sécurité du district d’Al Wahat, dont fait partie Jikharra, avait expliqué que ces décès étaient liés à des « activités de contrebande et de migration illégale (…) appartenant à un réseau de contrebande connu ».

« La perte de ces vies est un nouveau rappel tragique des dangers auxquels sont confrontés les migrants qui se lancent dans des voyages périlleux », a déclaré Nicoletta Giordano, chef de mission de l’OIM en Libye. « Beaucoup trop de migrants subissent une exploitation, des violences et des abus graves au cours de ces voyages, ce qui souligne la nécessité de donner la priorité aux droits de l’Homme et de protéger les personnes en danger. »

Les fosses communes ne sont pas rares en Libye, pays en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 à la suite d’une révolte populaire. En mars 2024, une fosse contenant « au moins 65 corps de migrants » avait été découverte dans la zone désertique d’Al Shwayrif, dans le sud-ouest de la Libye, avait rapporté l’OIM. Les migrants avaient probablement péri alors qu’ils traversaient le désert pour rejoindre les côtes du nord du pays.

Par ailleurs, 10 cadavres ont été récupérés jeudi par des volontaires du Croissant-Rouge libyen au large de la ville de Zaouia, à l’ouest du pays. L’embarcation dans laquelle se trouvaient ces exilés avait fait naufrage dans cette zone.

Violences sur les migrants

En Libye, les exilés sont des proies faciles. Interpellés dans les rues par les autorités ou enlevés par des milices, ils sont envoyés dans des prisons officielles ou non et y subissent toutes sortes de tortures. Lors des sévices, les bourreaux appellent les familles des exilés afin qu’ils payent pour leur libération

Fin août 2024, les autorités libyennes avaient annoncé la libération d’un millier de migrants, enfermés dans un hangar faisant office de prison secrète dans la région d’Ash Shwayrif, au sud de Tripoli. Les exilés étaient retenus dans des conditions déplorables.

Ces dernières années, InfoMigrants a récolté des dizaines de témoignages de Subsahariens rapportant les violences subies dans les centres de détention du pays.

David Yambio, un militant sud-soudanais aujourd’hui réfugié en Italie alerte lui aussi sur le sort des migrants en Libye. Via son compte X « Refugees in Libya », il documente les nombreuses exactions subies par les exilés enfermés dans les prisons officielles ou clandestines du pays. Dernièr exemple en date : la diffusion le 6 janvier 2025 de la photo d’une Éthiopienne bâillonnée et attachée dans une cellule. Ses ravisseurs réclament 6 000 dollars à sa famille pour sa libération.

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