Un tribunal libérien a émis ce vendredi un mandat d’arrêt contre le fils de l’ancienne présidente Ellen Johnson Sirleaf et une trentaine de cadres de la Banque centrale. Impétrés dans le scandale de “billets disparus”, ils sont soupçonnés d’avoir voulu quitter le pays.
Aucune déclaration officielle des mis en cause pour l’heure. Ni de Charles Sirleaf, le fils de l’ancienne présidente du pays, ni de Milton Weeks, ex-gouverneur de la Banque centrale. Lorsque le scandale a éclaté, ce dernier a nié toute disparition près de 100 millions de dollars américains – arrivés par de conteneurs dans le pays – mais s‘était toutefois dit disponible à collaborer avec les enquêteurs.
En août, l’administration Weah a ouvert une enquête sur l’entrée de sacs et de conteneurs remplis de billets de dollars libériens pour un montant de 15 milliards (97 millions de dollars américains ou 83 millions d’euros) destinés à la Banque centrale. Mais jusqu‘à ce jour, on n’aurait pas retrouvé leur trace.
Vendredi, le tribunal a déclaré avoir des informations selon lesquelles Charles Sirleaf, Milton Weeks et une trentaine de cadres de la Banque centrale avaient l’intention de quitter le Liberia alors qu’ils font l’objet d’une enquête. La Cour n’a toutefois pas précisé quelles sont les charges qui seront retenues contre eux.
Indignation et appels au calme
Le scandale qui a fait la Une de la presse au Liberia, a également suscité de nombreuses réactions, tant au niveau du gouvernement que de la société civile. Sous le hashtag #Bring Our Container Back (Rendez-nous notre conteneur), les internautes libériens ont du reste appelé à éclaircir l’affaire, tandis que plusieurs manifestations ont été organisées dans la capitale Monrovia.
Face à l‘ébullition, certains ministres ont tenté de recadrer le débat, mais sans vraiment convaincre puisque les manifestations persistent dans le pays. “N‘écoutez pas ce que le ministre de l’Information raconte. Moi je dis qu’il n’y a pas d’argent disparu. Personne ne cherche des milliards de dollars”, a déclaré la semaine dernière le ministre des Finances, Samuel Tweath.
“Nous avons dit que l’argent était arrivé et qu’il y avait une enquête, mais nous n’avons pas dit que l’argent était manquant. Donc quand les gens disent + Rendez-nous nos milliards +, ça n’a pas de sens”, a insisté vendredi dernier le ministre de la Justice, Musah Dean.
Alors que l’impasse demeure, le chef de l’Etat George a réclamé de la “patience” à ses concitoyens, promettant de ne prendre “aucun repos” jusqu‘à ce que l’affaire soit élucidée.
Carole KOUASSI avec AGENCES