Face à cette situation actuelle de violation des droits de l’homme, le Réseau des défenseurs des droits humains, en partenariat avec la commission nationale des droits de l’homme(Cndh), a organisé une conférence de presse, le jeudi 28 août 2014, au siège de la Cndh, pour exprimer leur mécontentement. La conférence était animée par le président du réseau des défenseurs des droits humains, Saloum Traoré, accompagné par la présidente de la Cndh, Coulibaly Kadidia Sangaré, du président de l’Amdh, Me Moctar Mariko et de la présidente de Wildaf, Bintou Founé.
Selon la présidente de la Cndh, le réseau des défenseurs des droits humains, qui vient d’être redynamisé, regroupe plus de 30 organisations et associations de défense des droits de l’homme, d’une part et d’autre part par le Cadre de concertation des organisations et associations de défense des droits de l’homme, parrainé par la commission nationale des droits de l’homme.
Selon Coulibaly Kadidia Sangaré, «en 2012, nous avons tous assisté à des violations graves et massives des droits de l’homme tant au Nord qu’au Sud. Nous les avons dénoncées. Ces victimes sont là depuis cette date et nous constatons que les auteurs de ces graves violations des droits de l’homme ne sont pas poursuivis pour la plupart ; mais également que ceux qui sont poursuivis et arrêtés sont en train d’être libérés progressivement. C’est une situation qui nous choque», s’est-elle indignée.
Pour le président du réseau, Saloum Traoré, les organisations de défense des droits humains sont très surprises de la façon dont les choses sont en train de se conduire. «Nous avons pensé au début que tout allait marcher, parce que les autorités, à chaque fois qu’elles sont devant le micro, parlent des droits humains, mais malheureusement, ce qui se passe, ce n’est pas ce que nous avons pensé. Nous pensons qu’il faut que le gouvernement se ressaisisse et qu’on pense un peu aux victimes. Nous pensons que la marche vers la paix doit tenir compte des violations qui ont été faites et que les victimes doivent savoir qu’on pense à elles. La libération des auteurs de crimes risque de donner un argument aux gens qui pensent que, puisse qu’on a libéré telle ou telle personne, il faut libérer aussi telles autres personnes», a-t-il déclaré.
Aux dires du président de l’association malienne des droits de l’homme, Me Moctar Mariko, le gouvernement du Mali à procédé à la levée de 6 mandats d’arrêt, à la libération politique des 23 éléments du Mnla et du Hcua en octobre 2013 ainsi qu’à celle de 42 éléments des groupes armés intervenus le 15 juillet 2014. Parmi ces libérations, dit-il, c’est le cas de Houka Houka Ag Alfousseïni qui a marqué les esprits et créé chez les victimes du Nord un sentiment de frustration. Ce dernier, selon lui, a été libéré le 15 août 2014 dans la plus grande opacité et cette libération est intervenue en dépit du dépôt de la constitution avec partie civile de la Fdh et de l’Amdh au profit des victimes du Nord.
«C’est pour vous dire qu’il y avait des victimes qui étaient bel et bien identifiées et au nom desquelles nous avons porté plainte contre ce juge islamique. Mais, il fut libéré, sans qu’on soit informé et sans qu’aucune notification soit faite aux victimes», a précisé Me Moctar Mariko.
Et de poursuivre «Nous avons aussi assisté à la libération de Yoro Ould Daha, ancien membre influent de la police islamique du Mujao à Gao et membres d’une aile du Maa. Il a été arrêté dans la nuit du 28 au 29 juillet 2014 par les militaires français, puis remis aux autorités maliennes. Il sera par la suite libéré le 7 août 2014 par la gendarmerie malienne. Ces personnes libérées vont retourner dans leurs localités et vont se pavaner devant les victimes dans les rues de Gao, Tombouctou et Kidal. Nous disons que ces libérations politiques constituent une véritable inquiétude, car elles violent non seulement le principe de la séparation des pouvoirs, mais aussi violent les droits inaliénables de victimes et mettent en danger la vie des victimes, la vie des juges chargés de ce dossier et celle des défenseurs des droits de l’homme. C’est ce que nous évitons à notre pays.
C’est pourquoi, nous exhortons les autorités maliennes à remettre à la justice toutes ces personnes suspectées d’être impliquées dans des graves violations des droits humains. Il ne faudrait pas que les autorités maliennes puissent endormir le peuple, en disant que comme il y a eu des libérations au Nord du Mali, pourquoi ne faudrait-il pas penser ceux qui sont au Sud»?
Pour sa part, la présidente de Wildaf, Bintou Founé précise «Au Wildaf, nous exprimons notre inquiétude par ce que nous avons sur nos bras. Nous avons plus de 70 cas de victimes des violences sexuelles recensées. Sur ces 70 cas, 48 ont donné un mandat au Wildaf pour pouvoir porter leur voie devant les juridictions et ces plaintes ont été déposées contre Houka Houka Ag Alfousseïni, qui était le chef de la police islamique à Tombouctou».
Diango COULIBALY 2014-09-03 11:57:47