Ce samedi 08 juin 2018, la coalition pour l’alternance et le changement, l’une des plateformes de l’opposition malienne était dans les rues de Bamako et dans certaines régions du pays. La marche organisée pour exiger des élections transparentes, ainsi que la libération des médias d’Etat a drainé une marée humaine. Les manifestants parlent de 600 000 manifestants à Bamako, pendant de sources policières on parle de 300 000 personnes.
Ils étaient des milliers de Maliens à répondre, ce vendredi 8 juin, à l’appel de la Coalition pour l’alternance et le changement, composée des forces politiques et associatives opposées au pouvoir en place. A Bamako, tout comme dans les capitales régionales, des Maliens étaient dans la rue. Selon les organisateurs, cette marche dite patriotique avait pour objectif de protester contre la censure et la mainmise du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta sur la radio et les télévisions publiques; exiger l’organisation d’une élection présidentielle transparente et crédible; dénoncer la guerre civile au centre du Mali et l’instrumentalisation des difficultés de la cohabitation intercommunautaire; exiger la fin des coupures d’eau et d’électricité. Tôt le vendredi matin, aux environs de 8 h, les manifestants, par petits groupes, ont commencé à se rassembler à la Place de la liberté, haut lieu de rendez-vous. C’est à partir de 9h qu’ils se sont organisés pour emprunter l’itinéraire, sous le regard vigilant d’un impressionnant dispositif sécuritaire. On pouvait lire, entre autres slogans sur les pancartes brandies par les manifestants : «l’autorité de l’Etat oui mais au nord et au centre du pays; IBK assassin, Boubèye assassin, non à la dictature; les victimes de la répression du 2 juin demandent réparation; nous exigeons des élections libres et transparentes; libérez l’Ortm; abas la dictature; Boubèye le sida du régime».
Arrivée à la tribune de la Bourse du travail, les leaders de la Coalition pour l’alternance et le changement, visiblement fatigués, se sont contentés de remercier les marcheurs. «Vous avez honoré le Mali. Soyez-en remerciés pour votre esprit de patriotisme. Je suis satisfait. Vous pouvez rentrer chez vous», a déclaré Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition, non moins candidat à l’élection présidentielle de juillet.
Pour sa part, Tiébilé Dramé, président du Parena, a aussi remercié les manifestants pour leur engagement patriotique. Aussi, a-t-il appelé à la lutte jusqu’à la victoire finale le 29 juillet 2018. «Nous allons gagner. Vive l’alternance», a-t-il affirmé.
Amadou Thiam, président de l’ADP-Maliba, a ajouté que les Maliens se sont mobilisés pour dire oui à une bonne gouvernance et à l’alternance. Partant, il a salué la communauté internationale à travers la Minusma et le Misahel qui, selon lui, ont vite compris que le gouvernement, par sa maladresse, était en train détériorer le climat politique et social à quelques encablures des élections présidentielles. «C’est pourquoi ils ont pris sur eux- mêmes de réunir la classe politique de l’opposition et le gouvernement pour qu’on puisse s’asseoir hier. C’est au cours de cette rencontre que cette marche a été non seulement autorisée, mais aussi encadrée. Je pense que la marche a été plus qu’à la hauteur. J’ai dirigé ici la foule Antè Abana lors du référendum. Et je pense qu’il y a plus de monde aujourd’hui. Ça montre que le peuple du Mali est plus que jamais déterminé avec plusieurs centaines de milliers de personnes», a précisé l’honorable Thiam.
Selon Djimé Kanté, membre de la Coalition, cette marche est à la fois un avertissement et un message à l’endroit du régime. «Quand on est président de la République, on ne doit pas user de la menace ou de la violence à l’endroit du peuple qui t’a élu. Empêcher un peuple de jouir un droit constitutionnel, c’est une grosse erreur d’appréciation», a-t-il déclaré, tout en précisant par ailleurs que la démocratie a ses règles, tout comme la dictature. Partant, il a fait savoir que l’objectif principal de la marche est de demander un libre accès de tous les fils du pays aux médias d’Etat (l’Ortm). A l’en croire, la chaîne publique est devenue un instrument de propagande. « La radio et la télévision sont devenues aujourd’hui des instruments de propagande du pouvoir en place. Ce n’est pas la mission des journalistes ni celle des médias d’Etat », a-t-il martelé. Si l’on en croit Djimé Kanté, la démocratie malienne est le fruit de plusieurs années de lutte clandestine et ouverte qui a abouti à ce que nous appelons la liberté d’expression et de manifestation. «On pouvait accepter la dictature, mais nous avons choisi la démocratie qui nous impose de se donner les moyens de l’appliquer», a-t-il fait remarquer.
La méthode répressive dénoncée
Le candidat autoproclamé de l’Adema/Pasj, Dramane Dembélé, a exprimé toute son indignation relative à la répression du 2 juin. «Ce qui s’est passé l’autre jour est inacceptable. Le Parti africain pour la solidarité et la justice qui s’est battu en 1991 pour l’avènement de la démocratie condamne la répression du 2 juin et dit stop. Nous sommes un peuple débout qui revendique sa dignité et son honneur», a-t-il déclaré.
Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath n’a pas porté de gants pour dénoncer la méthode utilisée par Ibrahim Boubacar Keïta et Soumeylou Boubèye Maïga contre les citoyens qui veulent jouir de leurs droits constitutionnellement reconnus. Pour lui, cette une marche des patriotes et de républicains pour dénoncer la barbarie et le nazisme du régime en place. A l’en croire, ils veulent prendre en otage la conscience, la volonté et l’honneur des Maliens à travers un système de fraude, de vol et d’exclusion. « Nous sommes sortis aujourd’hui pour témoigner notre détermination à vivre dans la dignité plutôt que de nous résigner dans le déshonneur. Nous sommes venus pour rappeler à Hitler IBK et Mussolini Boubèye que nous sommes des soldats de la démocratie », a-t-il affirmé. Le chroniqueur dira que la répression est logique à la moralité et à la conception de l’Etat de ces auteurs. « IBK n’a jamais été un homme d’Etat de droit, il a toujours été un homme de force. Rappelez-vous de l’époque d’Alpha Oumar Konaré, jamais l’opposition n’a été réduite pas par la force des arguments mais plutôt par la force de la torture, de gaz et de l’emprisonnement. Me Mountaga Tall, Choguel Kokalla Maïga ont dû à un moment donné se calmer par suite de répression. Ils n’ont jamais bénéficié du respect de leurs droits. C’est IBK qui était le Premier ministre et le Directeur de la Sécurité d’Etat, c’était Boubèye. Ils ont pensé que le Mali est une nation statique et des Maliens des éternels adolescents. C’est la génération d’alors. Nous, on ne voit Boubèye comme employé du peuple, tout comme IBK», a-t-il déclaré
Kévin