Dans son récit, celui qui se présente désormais comme la victime du juge, précise qu’il n’a rencontré le juge, en poste depuis 8 mois, que 2 fois. Le mercredi 19 novembre 2014 où il lui a rendu une visite de courtoisie et le mardi 25 novembre 2014, date de l’incident. Le député affirme que quand il est arrivé le 25 novembre 2014 au tribunal, il a trouvé sur place des gens (à peu près une dizaine de personnes) dont le vieux Samba Traoré de Dafara et Soumaïla Bagayoko dit Djinè, qui avaient certainement rendez-vous avec lui. Donc l’argument qui consiste à dire que ce n’était pas une heure de travail est inopérant, selon lui, dans la mesure où le juge lui avait aussi dit, lors de leur première rencontre, qu’il travaille du lundi au jeudi, de 8 heures à 20 heures.
Bourama Tidiane Traoré de poursuivre : «Dans la cour, j’ai trouvé que le juge s’apprêtait à prier. Je lui ai gentiment demandé d’accomplir, d’abord, la prière du soir tout en lui disant que moi aussi je voudrais prier. Il m’a répondu que sa séance de prière prend beaucoup de temps, qu’il souhaite échanger d’abord avec moi. C’est comme cela qu’il m’a conduit à son bureau où je lui ai dis que je suis venu partager des informations avec lui au sujet d’un litige foncier qui concerne mon village. Je lui ai dit que c’est un dossier qui concerne les membres d’une même famille et que, malgré les appels incessants à l’apaisement, la tension reste vive. Je lui ai confié que c’est une situation qui m’inquiète et que je suis venu lui apporter, s’il le souhaite, ma petite contribution pour détendre le climat. Il m’a répondu, sur un ton sec, que les protagonistes en question ne sont pas de la même famille. Avant de déclarer, d’un ton violent, qu’il connait son travail et que ce n’est pas moi qui vais lui apprendre cela. Tout de suite, il m’a demandé de quitter son bureau. Malgré ma tentative de lui faire revenir à la raison, il ne m’a pas écouté. Il s’est mis à me pousser énergiquement jusqu’à la porte, tout en me disant qu’il ne veut plus me voir chez lui.
Je lui ai alors fait savoir qu’il ne peut pas m’empêcher de venir au Tribunal. Et subitement, il s’est mis à me donner des coups de poing. Il a, ensuite, ordonné à l’élément qui assure sa garde rapprochée de me neutraliser. Ce dernier m’a alors tenu par les mains pendant que Diadié lui-même continuait à me donner des coups et à me lancer des insultes grossières. Ayant entendu les bruits, mon chauffeur a escaladé le mur de la Justice. Lorsqu’Amadou Diadié a vu celui-là, il s’est certainement senti gêné devant ce témoin. Il lui a, tout de suite, intimé l’ordre de quitter la cour. C’est là qu’il a pris son téléphone pour appeler le Commandant de Brigade (CB) de la gendarmerie pour lui dire que le député vient de l’agresser dans son bureau.
Je jure que je n’ai jamais porté la main sur le juge Diadié. Je le dis et je le maintiens. Mon éducation ne me permet pas de porter la main sur un hôte. Cela n’est pas propre aux gens de notre milieu.»
Les avocats de Bourama recadrent Daniel Téssougué
Les observateurs du procès de Bourama Tidiane Traoré ont été stupéfaits par les déclarations inopportunes du Procureur Général Daniel Téssougué, au sujet des conditions de la relaxe du député élu à Kati. Sur les antennes de l’ORTM, le Procureur Général ne sait pas gêné d’affirmer que l’Honorable Traoré n’a pu recouvrer sa liberté que grâce au retrait de la plainte du juge. A la conférence de presse du samedi, Maîtres Hassan Barry et Baber Gano n’ont pas donné dans la dentelle pour lui répondre. Face au parterre de journalistes venus à cette conférence, ils ont dénoncé le comportement du PG qui tente, selon eux, à jeter le discrédit sur le verdict de la Cour d’Appel. Avant d’affirmer qu’il n’y a jamais eu de retrait de plainte de la part d’Amadou Diadié. «Jamais dans la salle, il n’a été question de retrait de plainte. La preuve, on a fait plus de 2 heures de procès» a précisé Baber Gano qui soutient que la résolution de l’Assemblée était impérative et le PG ne pouvait que la constater. Me Hassan Barry est allé plus loin. Il a qualifié la sortie du PG de cinéma. «C’est de l’imposture ce que le PG a fait. Il a été bloqué par une disposition constitutionnelle et non par une quelconque intervention de sages ou de retrait de plainte. Que le PG arrête son cinéma. C’est un privilège constitutionnel qui existe dans beaucoup d’autres Constitutions. Donc, nous pensons qu’il était nécessaire de rétablir cette vérité» a-t-il déclaré.
Yaya Samaké