L’ex-président de gauche Lula a annoncé jeudi être toujours « dans le jeu » et vouloir se présenter à la présidentielle au Brésil en 2018, malgré sa condamnation à près de dix ans de prison qui assombrit ses perspectives de retour au pouvoir.

Se montrant combatif dans sa première réaction à sa condamnation mercredi à neuf ans et demi de prison pour corruption et blanchiment d’argent, l’ancien chef de l’Etat a dénoncé ceux qui « sont en train de détruire la démocratie » de son pays.

Luiz Inacio Lula da Silva, qui va contester en appel sa condamnation, a dénoncé un « Etat de quasi exception » au Brésil, lors d’une conférence de presse à Sao Paulo. Il a affirmé être toujours dans la course, confirmant pour la première fois une ambition présidentielle pour le scrutin de la fin 2018.

« Je veux dire à mon parti (le Parti des Travailleurs, ndlr) qu’à partir de maintenant, je vais revendiquer auprès du PT le droit d’être candidat » à la présidentielle de 2018, a-t-il déclaré, affirmant être toujours « dans le jeu ».

« Cette chasse à l’homme s’inscrit dans le cadre d’une lutte politique », a accusé Lula, alors que sa condamnation hypothèque ses chances de pouvoir se représenter à la fin de l’année prochaine.

Président du Brésil de 2003 à 2010, Lula a déclaré que les enquêtes en cours pour corruption depuis trois ans dans le cadre du scandale « Lavage-Express » autour du groupe public Petrobras avaient fait de la première économie d’Amérique latine un Etat où « les droits démocratiques sont jetés à la poubelle ».

Lula, icône de la gauche latino-américaine dont le charisme a contribué à rehausser la stature internationale de ce pays lors de ses deux mandats, restera en liberté en attendant le jugement en appel.

La condamnation est venue du bureau de Sergio Moro, juge emblématique de l’opération « Lavage-Express » qui a déjà mis sous les verrous des dizaines d’hommes politiques de tous bords impliqués dans le méga-scandale de corruption autour de la compagnie pétrolière publique Petrobras.

– Projet politique –

« La responsabilité d’une président de la République est énorme et, par conséquent, sa culpabilité aussi », avait insisté mercredi le juge dans sa sentence.

Jeudi, Lula lui a répondu : « Ce n’est pas Lula qu’ils prétendent condamner, c’est le projet politique que je représente avec des millions de Brésiliens ».

Mercredi, les avocats de Lula avaient rapidement annoncé qu’ils feraient « appel et prouver(aient) son innocence devant toutes les cours impartiales, y compris aux Nations unies ».

Lula ne passera donc pas forcément par la case prison, du moins pas dans l’immédiat.

Mais si sa condamnation est confirmée en appel, probablement dans plusieurs mois, l’ex-chef de l’Etat ira en prison et ne pourra pas se présenter à l’élection présidentielle de 2018 pour laquelle il est en tête des intentions de vote.

Ancien ouvrier métallurgiste, Lula avait atteint des niveaux de popularité record quand il a quitté le pouvoir en 2010, notamment grâce à d’ambitieux programmes sociaux qui ont permis à des millions de Brésiliens de sortir de la misère.

Mais ce tribun charismatique ayant connu la faim a fini par être rattrapé par l’insistance du juge Moro, qui a fait du cas Lula l’un de ses grands combats.

L’ex-président a été entre autres accusé d’avoir reçu en guise de pots-de-vin un appartement triplex dans une station balnéaire du groupe de construction OAS.

Selon le juge Moro, il aurait bénéficié au total de largesses à hauteur de 3,7 millions de réais (1,06 million d’euros) pour intercéder en faveur de cette société dans l’obtention de contrats publics du géant pétrolier Petrobras.

L’ex-chef de l’Etat, qui est visé par quatre autres procédures judiciaires, a toujours nié les accusations dont il fait l’objet.

« Le président Lula est innocent. Aucune preuve crédible de sa culpabilité n’a été produite », ont affirmé ses avocats mercredi.

Le Parti des Travailleurs, fondé par Lula dans les années 80, a dénoncé « un acharnement judiciaire sans précédent dans l’histoire du Brésil » et a convoqué des manifestations dans toutes le grandes villes du pays, mais aucune manifestation d’ampleur n’a eu lieu.

(©AFP / 13 juillet 2017 18h37)