L’Union européenne veut stopper certaines de ses opérations de formation au Mali. Au Niger voisin, la société civile s’oppose à l’accueil de nouveaux contingents.
L’Union européenne a décidé lundi (11.04.2022) « d’arrêter » ses missions de formation et d’entraînement de l’armée et de la garde nationale au Mali. « Les événements nous forcent à cette décision. Nous n’avons pas obtenu les garanties demandées », a indiqué le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell en marge d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE.
Le bloc européen assure cependant ne pas vouloir se retirer de la région du Sahel. « Nous n’abandonnons pas le Sahel. Nous allons nous déployer dans les pays voisins », a encore expliqué le diplomate européen.
Tensions entre l’UE et la junte malienne Le principal problème posé à l’UE est la présence de supposés mercenaires du groupe russe Wagner et la collaboration d’unités de l’armée malienne formées par l’UE à leurs activités.
Les Européens réclament par ailleurs une enquête indépendante sur les événements qui se sont produits à Moura, dans le centre du pays, entre le 27 et le 31 mars. L’armée malienne dit avoir « neutralisé » 203 djihadistes lors d’une opération d’envergure. Mais des témoignages font état de l’exécution en masse de civils par des soldats maliens et des « combattants étrangers ». Les Nations unies ont annoncé avoir ouvert une enquête.
Indésirables au Niger
Alors que le Niger est souvent évoqué comme nouvelle terre d’accueil de contingents retirés du Mali, la société civile dans ce pays voisin se montre opposée à un tel redéploiement. Les activistes nigériens rejettent toute présence de militaires étrangers sur le territoire. « Il s’agit d’un jeu de dupes », estime Elhadj Idi Abdou, acteur de la société civile du Niger qui s’est confié à la DW. « Déjà, les principaux pays européens ont des éléments qui entraînent nos forces de défense et de sécurité. (…) Qu’on nous dise qu’il y a une autre mission de formation de l’Union européenne composée de quelques pays et qui va venir juste gonfler les effectifs déjà présents, non, ça n’a pas de sens », explique l’acteur de la société civile.
L’Union européenne a engagé plusieurs centaines de militaires et d’experts dans deux missions de formation au Mali, l’EUTM pour les forces armées et l’EUCAP Sahel-Mali pour la police.
Le mandat de l’EUCAP, approuvé en 2015, a été prolongé au 31 janvier 2023. Celui de l’EUTM, depuis 2013, court jusqu’au 18 mai 2024.
Fréjus Quenum, Mahamadou Abdoulkarim, Avec agences
Source: DW.com