Une odeur de cendres. Un camp immense, long de plusieurs centaines de kilomètres. Soixante-dix ans après, Auschwitz, situé dans le sud-ouest de la Pologne, incarne à lui seul le symbole du génocide nazi. Les soldats de l’armée rouge encore vivants témoignent encore de la découverte, le 27 janvier 1945, du plus grand camp d’extermination construit par le IIIe Reich.
Près d’1,1 million de personnes y ont été tuées entre 1940 et 1945, dont plus de 90% de juifs. Alors, pour ne rien oublier, des commémorations ont lieu aujourd’hui dans le monde entier. Le point d’orgue sera cet après-midi avec une cérémonie, à l’intérieur du camp d’Auschwitz, en présence de 300 anciens détenus et de nombreux dirigeants internationaux.
« L’antisémitisme, une blessure que la République doit soigner »
Avant de se rendre en Pologne, François Hollande a présidé ce matin des commémorations au Mémorial de la Shoah à Paris. Le chef de l’Etat a tout d’abord échangé avec cinq survivants des camps et cinq lycéens et a souligné l’importance de la « transmission ». Il a salué l’action de ces anciens déportés qui pendant toute l’année se rendent dans des écoles pour témoigner de ce qu’ils ont vécu. « Un travail plus que jamais nécessaire », a ajouté le président de la République dans son allocution devant 150 autres déportés.
Car forcément, cette cérémonie de commémoration était marquée par les attentats des 7, 8 et 9 janvier et les quatre morts de l’Hyper Cacher. « La montée de l’antisémitisme depuis plusieurs années en France, c’est une blessure que la République doit soigner, a martelé François Hollande, en garantissant la sécurité de la communauté juive. Ce sont ces forces de l’ordre et ces militaires postées devant les écoles juives et les lieux de culte et qui le resteront aussi longtemps qu’il le faudra. »
François Hollande entend aussi lutter contre la diffusion des thèses « complotistes » qu’il juge génératrice de haine, notamment sur les réseaux sociaux. Un cadre juridique reste à créer, selon lui, pour responsabiliser les sites et les opérateurs ; un cadre au niveau européen qu’il évoquera ce même mardi avec ses homologues en marge de la cérémonie de commémoration au camp d’Auschwitz-Birkenau.
Enfin, le gouvernement présentera d’ici à la fin février un plan global de lutte contre le racisme et l’antisémitisme.
Vous Français de confession juive, votre place est ici chez vous. Et si le terrorisme vous conduisait à vous éloignez de la terre de France, de la langue française, de la culture française, de la République française qui a émancipé les juifs, alors le terrorisme aurait atteint son but.
Le président François Hollande, au Mémorial de la Shoah. 27/01/2015 – par Florent Guignard écouter
Le discours du président Gauck
Ces commémorations revêtent une dimension particulière en Allemagne. Le souvenir du nazisme appartient à l’histoire de ce pays. Alors, avant de rallier le camp polonais pour la cérémonie prévue cet après-midi, le président allemand Joakim Gauck s’est exprimé devant le Bundestag :
« Il n’y a pas d’identité allemande sans Auschwitz. La mémoire de l’Holocauste reste le devoir de tous ceux qui vivent dans notre pays. Tant que je vivrai, je continuerai à souffrir du fait que la nation allemande, malgré son héritage culturel remarquable, a été capable des crimes les plus horribles contre l’humanité. Aucune interprétation, aussi convaincante soit-elle, ne permettra jamais à mon coeur et à mon esprit de connaître le repos après cette histoire. Une rupture s’est imprimée dans la texture de notre identité nationale, suscitant une douleur immuable dans nos consciences. »
RFI 2015-01-27