Monsieur le Président, au moment où des terroristes et trafiquants de tous genres ont décidé de mettre un coup d’arrêt fatal à l’existence même de notre nation, dixit le président Hollande, l’histoire nous impose à nous démocrates maliens et à vous, chef suprême des armées, qui avez la lourde charge de décider du sort de notre pays, de prendre vos responsabilités en ces heures dramatiques de l’histoire du Mali.
Monsieur le président, au moment où des soldats étrangers viennent au prix du sacrifice ultime (puisse l’âme du Lieutenant Damien Boiteux reposer en paix), combattre pour libérer notre pays, le moment n’est-il pas venu de poser enfin le problème de nos vaillants bérets rouges et de les relaxer purement et simplement afin qu’ils aillent combattre aux côtés des soldats français, sénégalais, nigérians, nigériens, burkinabés etc. bref aux côtés de leurs frères d’armes ?
Monsieur le Président, est-il utile de rappeler que le régiment des commandos parachutistes, plus connu sous le nom de 33e RPC, constitue le corps d’élite de l’armée malienne depuis sa création en 1961 et qu’il a été au cœur des défis auxquels les forces de défense et de sécurité ont constamment eu à faire face ?
Comme il en existe partout dans le monde, le 33e RPC, composé d’éléments aguerris, formés pour des missions difficiles et ultra sensibles à un rôle primordial et déterminant à jouer dans cette guerre qui nous a comme vous l’avez si bien dit été imposée par l’ennemi.
Si nous nous référons aux différents modèles d’unités d’élite, on peut citer le GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale), le GIPN (Groupe d’intervention de la police nationale), le Raid (Recherche assistance intervention dissuasion) en France et le Swat (Specials weapons attack tactics) aux USA.
Pour rappel, c’est après les événements tragiques des JO de Munich et le massacre de la délégation israélienne par un commando palestinien que les polices européennes décidèrent de lancer des décrets pour former des unités capables de lutter contre les différentes formes de terrorisme et pour gérer les situations de crise.
Tout comme ces unités spéciales, les bérets rouges disposent de compétence et de savoir-faire spécifiques et sont entraînés à intervenir dans des situations d’extrême violence où à haut risques telles que les prises d’otages, les actes de terrorisme, les mutineries dans les prisons ou les interpellations d’individus dangereux ou de forcenés.
Ces soldats de l’extrême, en plus d’être polyvalents ont tous une spécialité (combat, tireur d’élite, négociateur…).
Ce sont ces capacités qui leur permettent d’atteindre le niveau d’efficacité nécessaire à leurs missions.
« Sauvez des vies au mépris de la sienne » tel est la devise de ces soldats d’élite et chacun de ces « guerriers représente à lui seul un commando d’élite et il est important de rappeler que le 33e RPC a participé à toutes les opérations de guerres depuis sa création, notamment les deux conflits frontaliers qui ont opposés notre ays au Burkina en 1974 et 1985 .
N’oublions pas non plus la rébellion de 1963, matée par un certain capitaine un vrai de vrai, Dibi Sillas Diarra et celle de 1990 par Siaka Koné, tous deux bérets rouges, ayant combattus au front sans jamais fuir.
Ce sont ces mêmes bérets rouges qui ont livré un combat héroïque face aux terroristes de la pire espèce, Aqmi, MNLA et Ançar Eddine lors des derniers affrontements dans le Nord.
Les populations de Gao pourront témoigner que ce sont nos braves soldats d’élite dont la tête est mise à prix aujourd’hui par des soldats déserteurs qui ont libéré le pont de Wabaria pour permettre à la population et aux militaires loyalistes de quitter la ville avant l’arrivée des renforts des bandits armés.
Si le siège de Kidal a autant duré sans que la ville ne tombe c’est parce que les bérets rouges avaient abandonné la garde rapprochée du président ATT pour aller renforcer les soldats au front, toute chose qui a empêché la ville de tomber, ce qui a d’ailleurs favorisé le putsch.
Il faut croire que dans leur sombre logique d’entretenir le culte de leur bienfaitrice la junte, l’ancien PM et certains membres de son gouvernement fantoche étaient d’une méfiance viscérale envers tout ce qui touche l’ancien régime à tel point qu’ils ont voulu effacer de la surface de la terre le Colonel Abdine Guindo et ses hommes.
Sinon pourquoi dissoudre un régiment de presque 1400 hommes rompus aux combats, habitués à vivre et à se battre dans des conditions d’extrême violence et chargés de la sécurisation, de la protection des institutions et ce au moment où les 2/3 du territoire national sont occupés pour les remplacer par des » sacs à dos » comme on le dit si bien dans l’armée ?
D’ailleurs, cette dissolution illégale, décision unilatérale prise par le chef de l’ex-junte au lendemain de la soi-disant tentative de contre coup d’état ne doit-elle pas faire l’objet d’une procédure judiciaire ou au moins la saisine de l’Assemblée nationale ?
La détestation de ces BR est donc si forte que certains sont prêts à tout pour faire plaisir à leur maitre et faire disparaitre ainsi le corps d’élite de l’armée malienne ?
Il est temps pour les Maliens d’ouvrir leurs yeux et de comprendre que n’eut été l’intervention de la France, Bamako serait à l’heure actuelle envahie par des terroristes de la pire espèce.
Notre argent, celui du contribuable malien a servi à former cette unité et il est de notre devoir d’exiger leur libération sans condition.
Monsieur le président par intérim, l’heure est grave et il est temps de prendre enfin vos responsabilités.
Les bérets rouges doivent au plus vite être relaxés, purement et simplement!!!
Leur place n’est nullement en prison ou dans la nature, traqués comme des bêtes lors d’une chasse à coures!!!
Les Maliens et l’armée malienne ont besoin de ces supers hommes aguerris dont la place et le rôle ne sont plus à démontrer au sein de notre « armée ».
Il est grand temps de restaurer le 33e RPC et qu’il retrouve sa place au sein de l’armée malienne afin que celle-ci puisse faire face à sa mission régalienne de défense de l’intégrité territoriale.
Plus que jamais, vous et les vraies autorités militaires devez, au nom de l’intérêt national, tout mettre en œuvre pour concrétiser la réconciliation de la grande muette.
La relaxe pure et simple et la restauration des corps des commandos- para au plus vite est un impératif national pour la libération de nos régions, tombées aux mains des terroristes et narco- trafiquants à la suite de ce coup d’Etat débile qui a engagé le pronostic vital du Mali.
Monsieur le président, le monde entier à les yeux tournés envers vous, envers nous, envers le Mali et prenez vo responsabilités. Soyez un vrai chef, soyez le chef suprême des armées, car vous êtes reconnus seuls par nos partenaires et entrez dans l’histoire pour celui qui aura eu courage de réparer une injustice qui a contribué à la descente aux enfers de notre pays.
Monsieur le président, dissociez-vous de ces gens qui par peur de perdre leur siège ont fini par perdre leur âme!
Nous avons ce devoir de mémoire envers feu le Lieutenant Boiteux qui de l’au-delà nous scrute et ne comprendrait pas notre silence et inaction face à la persécution des bérets rouges.
Enfin tout en vous réitérant encore une fois mes sincères remerciements pour ces décisions hautement salutaires qui ont permis d’éviter le chaos à notre pays, permettez moi de vous saluez avec la déférence qui est de mise.
Bamako le 13 janvier 2013.
Irène Coulibaly
Citoyenne d’un pays occupé dans ses 2/3
L’ Indicateur Du Renouveau 2013-01-15 04:00:54