Des maliens d’origines diverses et de catégories sociales différentes, mais tous soucieux du devenir de leur pays, ont décidé de mettre sur les fonds baptismaux le Mouvement Vert Jaune Rouge pour prioriser l’intérêt de la nation, qui le plus souvent vient après des intérêts personnels. Comme le drapeau Vert Jaune Rouge, le Mouvement Vert Jaune Rouge, se propose de devenir le ferment de l’unité nationale, pour faire de la devise « Un Peuple Un but une fois », une réalité dans l’esprit de tous les maliens. Le président du mouvement ajoute que : « La référence aux couleurs nationales est une symbolique qui invite tous les maliens à se reconnaitre dans notre Mouvement, cadre de réflexion, d’action et de libre expression sur la vie de la nation malienne. »
Lettre ouverte à son Excellence, Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République du Mali.
Monsieur le Président,
À l’occasion de votre accession à la magistrature suprême, vous avez promis le bonheur aux Maliennes et aux Maliens.
En plus du fait que ce bonheur tant promis tarde à voir le jour, le Mouvement Vert-Jaune-Rouge tient à attirer votre attention sur un certain nombre de faits qui méritent un traitement particulier de votre part:
L’insécurité grandissante qui s’est emparée de l’ensemble du pays
La cherté exceptionnelle de la vie au Mali
La prolifération dangereuse des sites d’orpaillage à travers le pays.
I- L’insécurité grandissante: Talon d’Achille de la gouvernance au Mali
Nous n’allons pas vous rappeler que l’intégrité territoriale du Mali n’est pas encore garantie, même si un Accord a été signé entre l’Etat du Mali et les groupes armés, sous l’égide de la communauté internationale. On a l’impression que des forces obscures travaillent à diviser notre pays.
Nous sommes inquiets par cette situation. Mais, nous sommes aussi inquiets des multiples attaques à mains armées qui ont lieu un peu partout sur le territoire malien.
En plus du terrorisme qui est passé du statut de menace à une réalité quotidienne dans notre pays, les citoyens maliens sont victimes de vols réguliers qui ont fini par transformer le pays en un « NO man’s land » où entre le voleur et le propriétaire, le dernier à dégainer est un homme mort.
Pour mémoire, nous rappellons:
* Le 05 Janvier 2015 : L’attaque de Nampala, où il y a eu au moins cinq morts
* Le 26 Janvier 2015 : L’attentat contre le général Mohamed Abderahamane Ould Meydou à Kalaban coura, devant sa résidence
* Dans la nuit du 06 au 07 Mars 2015 : L’attentat de la terrasse avec un bilan de cinq personnes tuées
* Le 18 Avril 2015 : Un convoi de la MINUSMA a été attaqué près de Gao tuant 2 civils
* Le 29 Avril 2015: L’attaque du camp de garde de Goundam entrainant la mort de 2 gardes et 1 enfant
* Le 05 Mai 2015 : L’attaque de Ténénkou, bilan: un mort et 3 blessés dans les rangs de l’armée
* Le 20 Mai 2015: L’attaque contre la MINUSMA à Magnambougou Faso kanu
* Le 10 Juin 2015: L’attaque de Misseni dans le cercle de kadiolo
* Le 25 juin 2015: Le braquage de la boutique HC de Kassim Simpara sise à Korofina Nord près de la Mairie de la CI, près de 15 millions de FCFA emportés, une moto Djakarta et des pièces de Bazin.
* Le 20 juin 2015: Le braquage de la quincaillérie 2002 à Lafiabougou ACI
* Le 27 Juin 2015: Des assaillants non identifiés ont attaqué la ville de Nara, vers la frontière mauritanienne
* Le 28 Juin 2015 : Des individus armés ont attaqué des infrastructures de l’administration et de la sécurité de Fakola dans le cercle de kolondiéba
* Le 20 juillet 2015: Quatre hommes armés ont braqué un bureau de change de billets de banque, à Niaréla, bilan: 20 millions de FCFA emportés
* Le 21 Juillet 2015: Un convoi de l’armée malienne est pris pour cible par des hommes armés non identifiés entre Gossi et Gao
* Le 6 Août 2015 : L’attaque du camp de garde de Gourma Rharous par des hommes armés entrainant la mort de 11 gardes
* Le 07 Août 2015 : L’attaque de l’hôtel Byblos de Sévaré qui a fait officiellement 13 morts
* Le 07 Août 2015: L’attaque du super marché Azar Libre service de Bacodjikoroni
* Dans la nuit du 07 au 08 Août 2015 : L’attaque de la gendarmerie de Baguineda par des personnes non identifiées
* Le 12 Août 2015 : L’attaque du poste de police de sogoniko, bilan: un policier blessé
* Le 15 Août 2015 : L’affrontement entre le Gatia et la CMA à Anefis bilan 22 morts
* Le 18 Août 2015: Tension vive entre la police et les chauffeurs de sotrama suite à la mort deux motocyclistes à kalaban Garantiguibougou lors d’une course poursuite entre un policier et un chauffeur de sotrama pour refus d’obtempérer
* Le 25 Août 2015 : L’attaque d’un guichet wester union situé près du marché de Djélibougou….
La liste n’est pas exhaustive. Mais, il est clair qu’elle est suffisamment longue pour que les citoyens maliens perdent le sommeil.
Au risque de ne pas faire une injure à leur mémoire, nous n’allons pas passer sous silence les nombreuses victimes propriétaires de mobylettes.
Oui. Peut être vous l’ignorez, dans le Mali dont vous êtes le magistrat suprême, vos concitoyens sont abattus comme des lapins par une nouvelle race de voleurs qui ont en commun un amour inouïe pour la violence inutile.
Ce qui est encore plus inquiétant, on a l’impression que ces bandits narguent nos vaillantes forces de sécurité et de défense.
Monsieur le Président,
La situation est suffisamment grave et nous craignons qu’elle ne soit pas sous contrôle dans les mois à venir si des mesures urgentes ne sont pas prises pour la sécurité des personnes et de leurs biens.
En plus du sentiment d’insécurité grandissant, le citoyen malien fait face aujourd’hui à une cherté exceptionnelle de la vie.
II- La cherté exceptionnelle de la vie au Mali
Monsieur le Président,
Au cas où vous ne le saviez pas, nous vous informons qu’à cause de la cherté de la vie, bon nombre de vos concitoyens sont devenus des adeptes de « la mort subite » ou du « One by day ». Aujourd’hui, au Mali, rares sont les familles qui ont plus d’un repas par jour.
En plus de l’inaccessibilité des denrées de premières nécessités ( dont les prix ont pris l’acsensseur) et du faible niveau des salaires, on doit aujourd’hui incriminer le coût exorbitant des loyers.
Monsieur le Président,
Il est inadmissible que le malien n’ait pas accès à la viande, alors que le Mali est dans le peloton des pays africains auxquels l’on envie leur élevage des camelins, des bovins et des caprins.
Nous pouvons comme cet exemple, en citer plusieurs. Mais, nous estimons que cela est inutile car la « Cour est suffisamment informée ».
Monsieur le Président,
Le Mouvement Vert-Jaune-Rouge vous invite à instruire au gouvernement de mettre rapidement en œuvre des stratégies qui pourraient mettre les maliens à l’abris du « stresse alimentaire ».
Le gouvernement doit aussi prendre le courage pour réglementer la fixation des prix des loyers, quand on sait que la plus part des propriétaires ne payent aucun impôt.
Monsieur le Président,
C’est une obligation pour vous et le gouvernement, parce que vous savez plus que quiconque ce que vous donnez par mois aux maliens qui ont choisi de servir l’Etat dans une fonction publique.
Le Mouvement Vert-Jaune-Rouge vous exhorte à agir sur le prix des loyers pour permettre aux travailleurs maliens de jouir de leur salaire et de ne plus servir de trait d’union entre la billetterie et la poche du propriétaire de leur résidence.
Monsieur le Président,
A côté de l’insécurité et de la cherté de la vie, le phénomène de la prolifération des sites d’orpaillage à travers le pays est en passe de saper le niveau de la production nationale et constituer un grand danger pour l’environnement.
III- La prolifération dangereuse des sites d’orpaillage à travers le pays
Dans un pays où l’Etat est pratiquement incapable de créer les conditions d’employabilité de nombreux jeunes ruraux et des diplômés sans emploi, la tendance serait de laisser chacun se débrouiller en fonction des opportunités qui s’offrent aux uns et aux autres.
La jeunesse malienne, qu’elle soit rurale ou citadine, est aujourd’hui désemparée face à l’étroitesse du marché de l’emploi.
Dans un pays comme le notre, où le manque d’industrie dispute la palme d’or à l’informel, la jeunesse n’a que deux alternatives. Attirée par les chants des alouettes, soit elle va mourir dans les eaux de la mer méditerranée, soit elle va mourir sous terre quelque part dans un site d’orpaillage, si elle arrive à échapper à la drogue et aux nombreuses maladies qui y sévissent.
Monsieur le Président,
Faites quelque chose pour préserver la jeunesse malienne du désastre.
Déjà mal formée dans l’ensemble par un système éducatif largement en dessous de la moyenne de la sous région, la jeunesse malienne qui a pu échapper à la déscolarisation dès les petites classes et celle rurale, se meure dans les sites d’orpaillage.
Par milliers, ils ont abandonné villes et villages, champs et chantiers, pour des sites d’orpaillage où ils ont rendez-vous pour la plupart d’entre eux qu’avec le malheur : Drogues, les maladies infectieuses dont le VIH/SIDA et la mort.
Monsieur le Président,
Si vous ne le saviez pas, le Mouvement Vert-Jaune-Rouge veut porter à votre connaissance que la capacité de production de notre pays est menacée par les nombreux sites d’orpaillage à travers le pays et qui dans certains cas menacent l’existence de certains villages et engendre l’instabilité dans les foyers.
L’ année dernière, le gouvernement à travers le ministre des mines avait eu le courage de prendre une décision de fermeture des sites d’orpaillage pendant l’hivernage. Mais, cette année, voilà que l’hivernage tire à sa fin sans qu’on ait entendu parler d’une quelconque décision de fermeture de sites d’orpaillage. Et, c’est comme si les raisons qui étaient a l’origine de la prise de décision l’année dernière, ont subitement disparues cette année.
Monsieur le Président,
L’Etat doit s’assumer pour réglementer l’installation et l’exploitation des sites d’orpaillage à travers le pays.
A cause de ces sites, des villages n’ont plus de bras valides dans les champs pour la production agricole, des exploitations agricoles n’ont plus de mains d’œuvre, des chantiers peinent à avoir des manœuvres et des ouvriers.
Même dans certaines contrées du pays, élèves et enseignants abandonnent l’école pour le « damada », le site d’orpaillage.Le retour de ces infortunés dans les villes donne naissance à des gangs, source d’insécurité.
Monsieur le Président,
L’heure est grave. Il faut une intervention rapide de l’Etat pour réglementer ce secteur qui pourrait profiter à l’économie du pays, s’il était mieux organisé.
Au nom du bonheur des maliens, intervenez.
Yagaré Baba Diakité
Président du Mouvement Vert-Jaune-Rouge
Source: Le Républicain-Mali 31/08/2015