LETTRE OUVERTE DU M5-RFP CANADA AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU MALI IBRAHIM BOUBACAR KÉITA

LETTRE OUVERTE
AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU MALI
IBRAHIM BOUBACAR KÉIT

Attendu : qu’un regroupement des Maliens du Canada décide de rejoindre les mouvements démocratiques appelés M5-RFP initiateurs de l’organisation de la manifestation du 5 juin 2020.

EXERCICE DU POUVOIR POLITIQUE : Le dilemme de la valeur morale et juridique des accords négociés.
Le mandat du président Ibrahim Boubacar Kéita a été dominé par la gestion de la crise politique impliquant un petit groupe séparatiste touarègue issu des Ifoghas. Ce conflit a conduit à la signature de deux accords : l’accord de Ouagadougou et celui d’Alger, qui consacre l’impunité en plus de conférer beaucoup de privilèges à ce petit groupe se réclamant du MNLA et CMA.
Selon l’analyse de Crisis Group qui est catégorique sur le fait que :«ni le projet fédéral de l’Azawad, ni celui de la décentralisation ne constituent des réponses aux causes profondes de la crise du nord». Il faut selon l’organisme, transcender les questions purement institutionnelles, dépasser la vision «régions et État central» et s’intéresser davantage à la question de la gestion politique des minorités». Crisis Group, reproche à la rébellion (MNLA-CMA), «la maximisation à outrance de camper sur des revendications peu réalistes et ignorer la diversité des populations du nord qui n’adhèrent pas toutes à ses projets».
Considérant : l’effondrement de l’État malien, le manque de direction dans le pays, la faillite de la bonne gouvernance dans les secteurs de l’économie, de la santé, de l’éducation et le démantèlement du système scolaire.
MALVERSATION FINANCIÈRE : ACQUISITION D’ÉQUIPEMENTS MILITAIRES

Considérant : que l’armée malienne est dépourvue de moyens logistiques et opérationnels afin de sauvegarder la souveraineté et l’intégrité territoriale du Mali,
La déroute de l’armée malienne en 2012, a mis à nu l’inadéquation du type d’armement dont disposait notre armée. C’est ainsi que la nécessité d’un véritable programme d’armement adapté s’est clairement posée. Une loi de programmation militaire fut votée à l’Assemblée nationale le 20 février 2015. 1230 milliards de Fcfa devraient être dépensés pour la défense nationale. La mise en route de la loi de programmation militaire devrait conduire à une réduction de l’insécurité au Mali. Mais hélas! Les dépenses faites dans ce cadre visaient en premier lieu à enrichir les membres du clan mafieux du président Ibrahim Boubacar Kéita; alors que les militaires maliens continuaient à perdre la vie, faute de mettre l’accent sur le blindage des véhicules de patrouille comme la MINUSMA l’a fait. Le bilan des pertes militaires en 2017, s’élève à 716 morts et 546 blessés.
Avant d’examiner les affaires croustillantes de malversation et leur impact sur le fonctionnement de l’armée malienne,

AÉRONEF ou AVION DE COMMANDEMENT :
Il faut d’abord jeter un regard sur les conditions d’acquisition d’un aéronef et la signature d’un protocole d’accord relatif à la fourniture de matériels Hcca, de véhicules et de pièces de rechange aux forces armées maliennes. Au sujet de l’acquisition de matériels et fournitures militaires, le marché aurait été attribué de «gré à gré» à Sidi Kagnassy pour près de 70 milliards de francs CFA. Le 24 juin 2014, l’ancien ministre de la défense Soumeylou Boubèye Maiga, aurait été entendu par le bureau du vérificateur général. Selon le ministre de la défense à l’époque, le gouvernement avait souhaité un avion de commandement, parce que les déplacements fréquents du président de la République étaient assurés à travers des locations d’avion et qui engendraient des coûts assez importants pour l’État malien. D’après le ministre de la défense, c’est dans le cadre de l’exécution du protocole qu’il a signé avec Guo Star que l’État malien a offert une garantie à la Banque Atlantique Mali à hauteur de 100 milliards de CFA, malgré le fait que la charte des Banques ne permet pas de financer l’achat de certains types d’armes ou véhicules militaires. Selon les révélations, la société Akira Investment est une société-écran qui a été créée uniquement pour cette opération d’acquisition de l’avion (source Nord Sud Journal, édition du 9 juillet 2020).

SUPER TUCANO : en juin 2015, durant cette période, le ministre de la défense en fonction Tiéman Hubert Coulibaly signe avec la firme Brésilienne Embraer SA, un contrat d’acquisition de 6A-29 Super Tucano au salon du Bourget. Selon le journal Républicain du 24 avril 2018, «10 et 12 milliards Fcfa ont été payé des caisses du Trésor sans atterrir dans les comptes du fournisseur»

SUPER PUMAS : l’agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) avait interdit de vol le Super Puma qui présentait de nombreux défauts dont le plus grave peut conduire au détachement du rotor en vol. Selon le Républicain, l’armée de l’air du mali avait recommandé l’achat du Mil Mi-17, un hélicoptère de fabrication russe qui opère dans 17 pays africains. Malgré les problèmes connus du Super Puma, le Mali commande quand même cet appareil et reçoit son premier exemplaire le 17 octobre 2016. Pourquoi les recommandations des experts de l’armée de l’air du Mali qui préconisaient l’acquisition du Mi-17, performances comparables, mieux adaptés aux conditions climatiques du Mali, plus facile à maintenir, prix similaire, n’ont pas été suivis ?
CONTRATS AIRBUS :
Dans sa parution du 26 avril 2018, le Républicain révèle qu’en Février 2016, le Mali commande chez Airbus, contre toute attente, un avion de transport militaire le CASA C295W, un bi-turbopropulseur qui a choisi d’acquérir du matériel non performant avec d’Airbus pour 51 millions d’Euros. Airbus aurait bénéficié de 33,4 milliards de Fcfa de contrats militaires de l’État malien. Auparavant en 2012, «Airbus devenait actionnaire de la mine d’or de Kodiéran au Mali».

VÉHICULES BLINDÉS :
Selon Nord Sud Journal, le 11 décembre 2019, le Premier ministre Boubou Cissé, les autorités des Émirats arabes unis à Abu Dhabi dans le but de mobiliser une première tranche du crédit octroyé à l’État malien depuis juin 2019 par les Émirats Arabes Unis en appui budgétaire de 250 millions de dollars, soit 150 milliards de francs CFA. Il s’agit bien d’un crédit remboursable sur 39 ans et non un DON comme annoncé au début. Ainsi le Mali a sollicité les Émirats pour le décaissement d’une partie de ce crédit pour acquérir 100 véhicules blindés de type TYPHON , afin d’équiper deux régiments d’infanterie des Forces Armées Maliennes(FAMA). La presse malienne parle d’un total de 100 milliards de francs CFA, soit un milliard de francs. Si l’on se réfère à des sites spécialisés du domaine militaire comme www.opex360.com, le prix d’un blindé du même type, que ceux commandés par Boubou Cissé, est de 458 millions de francs CFA l’unité. De ce fait, le prix de 100 blindés sera de 45 milliards 800 millions CFA. Où est donc passée la différence de plus de 50 milliards de francs CFA ? Pire encore, quelques mois plus tard, le fournisseur livre plusieurs blindés qui ne répondent pas aux normes. On parle de blindés «en carton».
A ce désastre, il faut ajouter les passations de marchés de «gré à gré», procédure devenue le jeu favori du régime de Ibrahim Boubacar Kéita et son gouvernement dirigé par Boubou Cissé. Ce fut le cas dans l’octroi d’un contrat de 2,3 milliards de francs CFA pour l’impression des bulletins de vote lors des élections législatives de 2020.
Un autre scandale est celui de la concession de l’aéroport de Bamako où se profile l’odeur de « gré à gré».le 15 mai dernier le gouvernement malien avait convié des responsables à l’ouverture des offres financières des soumissionnaires dans le cadre de la mise en concession de l’aéroport international Modibo Kéita. A l’ouverture des plis, une seule offre, celle de la société française EGIS associée à un frère Baba Cissé qui n’est autre que le Directeur Général de la SGI-Mali et Mamadou Synsi Coulibaly, président du CNPM, époux de Madina Tall, la cousine du premier ministre Boubou Cissé, qui veut brader l’aéroport de Bamako au détriment des intérêts du Mali. Cette procédure est toujours en cours.

CRISE SÉCURITAIRE ET MENACE À L’INTÉGRITÉ TERRITORIALE
Malgré la présence de la MINUSMA et la force BARKHANE dont le mandat est la lutte contre le terrorisme, on assiste à une prolifération des groupes terroristes et jihadistes dans le sahel, conséquence de la guerre menée contre le gouvernement du colonel Kadhafi, mais également du soutien de la politique française au MNLA pour déstabiliser le Mali. Les rebelles séparatistes touarègues du MNLA avaient proclamé leur indépendance à partir du territoire français, avant de déclencher l’insurrection et les hostilités contre l’armée malienne au cours desquelles, plusieurs militaires maliens ont été froidement assassinés et égorgés. Ils ont mené cette opération en coalition avec des terroristes, revendiquant une partie du territoire malien qu’ils appellent «Azawad». Ces groupes armés continuent de semer la terreur et le meurtre de la population civile malienne. Depuis 2015, il y’a eu environ 1718 incidents et 5568 morts parmi les militaires et la population civile sans compter le triste bilan des pertes en vie humaine parmi les Casques bleus. Les citoyens maliens, cultivateurs, bergers, agriculteurs, les paysans tout court ne peuvent plus se prévaloir de la protection nationale des services de sécurité. L’État malien est en faillite sous le mandat du président Ibrahim Boubacar Kéita et rien ne fonctionne.
Considérant : la crise au nord du Mali, issue d’une rébellion, du terrorisme, du banditisme et des crimes contre la population civile.
Considérant : la complicité du gouvernement IBK avec la politique française du
néocolonialisme, de duplicité avec les rebelles-terroristes du MNLA-CMA,
Considérant : l’échec des opérations anti-terroristes de BARKHANE,
Considérant : la répression des services de sécurité à Sikasso et Kayes, faisant usage de la force inappropriée et tuant des innocents, les opérations d’enlèvement et
Séquestration, de menace, des mauvaises conditions de détention, de traitement inhumain et dégradant, contre le journaliste Bréhima Touré, Clément Dembélé. Quant à Soumaila Cissé son enlèvement suscite beaucoup d’interrogations et d’allégations de complicité.

CRISE DÉMOCRATIQUE ET INSTITUTIONNELLE
Le Mali traverse actuellement une crise institutionnelle mettant en cause l’institution du président de la République dont la démission est exigée par le peuple malien qui lui a retiré sa confiance. Ensuite les arrêts injustes rendus par la Cour constitutionnelle dans le cadre de sa supervision de la régularité des résultats électoraux des législatifs. La nomination de députés par la falsification des résultats, contre toute attente, a jeté un discrédit sur l’image de l’Assemblée nationale. Il faut ajouter à ce sombre tableau, le dysfonctionnement du système judiciaire qui repose sur deux poids/deux mesures, entretenant l’impunité en faveur des amis du régime ou les membres de la famille présidentielle qui se livrent à des détournements de fonds publics, la corruption et l’enrichissement illicite.
Considérant : l’illégitimité de la présente législature issue des élections législatives controversées a conduit à une crise institutionnelle.
Considérant : les dérives et le déni de justice de la Cour constitutionnelle par la fabrication et usage de faux qui compromettent l’indépendance de cette juridiction,
Considérant : la corruption et la partialité du système judiciaire au Mali, la difficulté pour le citoyen ordinaire d’avoir accès au système judiciaire et d’obtenir justice,

CRISE SCOLAIRE ET SYSTÈME D’ÉDUCATION DYSFONCTIONNEL

Comme ses prédécesseurs qui n’avaient pas de politiques d’éducation valables, la gestion du président Ibrahim Boubacar Kéita dans ce secteur n’est pas élogieuse et ne distingue pas des autres. Durant son mandat, la destruction de l’enseignement s’est accentuée, manque d’infrastructure, de bâtiments scolaires et de financement. Depuis bientôt 7 mois les écoles sont fermées. Le rôle d’éducateur ou d’enseignant n’est pas valorisé. Les fonds alloués au budget de l’éducation sont détournés
,
MAUVAISE GOUVERNANCE, CORRUPTION, DÉTOURNEMENT DE FONDS

Nonobstant le fait que cette pratique n’est pas nouvelle dans la gestion du pays, nous pouvons quand même relever le fait que sous Ibrahim Boubacar Kéita, beaucoup de ses collaborateurs ministres se sont enrichis à travers des marchés d’adjudication de contrats, de surfacturations, d’amputation de budget ministériel, de pot-de-vin , de corruption et de détournement de fonds publics. Plusieurs parmi eux, ont fait des placements dans des paradis fiscaux, d’autres ont choisi d’investir dans la filière immobilière en France, aux États-Unis, au Canada et ailleurs en Europe ou en Afrique, privant ainsi l’État des ressources. A Bamako, 15 édifices gouvernementaux ont été bradés à vil prix à des amis du régime (source Africa-Kibaru).
En 2018, selon Nord sud Journal, édition du 9 juillet 2020, l’État malien signe un contrat de concession de la plateforme logistique de Nionsombougou de 1000 hectares. Cette plateforme située le long de la route principale reliant la capitale malienne à Dakar et proche de la ligne ferroviaire a été bradée en faveur de Dubai Port World, le troisième exploitant portuaire mondial.

CRISE SOCIO ÉCONOMIQUE ET INTER-COMMUNAUTAIRE

Le régime de Ibrahim Boubacar Kéita s’est illustré dans l’improvisation, le laxisme, l’inaction à cause du manque de vision et de projet de société. Il est arrivé au pouvoir sans programme rigoureux sauf des slogans creux. Cette situation s’est caractérisée par l’incompétence et l’incapacité de résoudre les problèmes ou les besoins des citoyens maliens. Son bilan présente une triste réalité : aucun programme de création d’emploi, les citoyens ne peuvent pas bénéficier d’une qualité des services et des soins de santé, les hôpitaux sont dépourvus de dotation et d’approvisionnement en médicaments, les ressources sont inadéquates, les services d’eau potable et d’électricité sont irréguliers. Les Maliens n’ont plus une qualité de vie.
La cohésion sociale est menacée par la crise intercommunautaire que son régime a instrumentalisée, en apportant un soutien logistique et opérationnel aux «donzos» contre d’autres communautés. Le président Ibrahim Boubacar Kéita a violé la constitution malienne qui lui confère les attributions d’assurer la protection et la sécurité de tous les citoyens maliens sans distinction ou discrimination.

Considérant : que tous ces maux ont hypothéqué le développement économique
la stabilité et la sécurité du Mali,
Nous, regroupement M5-RFP Canada, prenons acte que lors des manifestations précédentes, le peuple malien a exprimé massivement sa volonté de changement de gouvernance et de représentants crédibles dont la probité morale est établie;
Exprimons solennellement notre soutien aux mouvements organisateurs de la manifestation de ce 10 juillet 2020, pour exiger la démission du président Ibrahima Boubacar Kéita et son régime.

Montréal le 9 juillet 2020
Le coordonnateur du M5-RFP Canada

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