Demandant à faire du Bambara une langue officielle au Mali à côté du français.
Le français qui est la langue officielle du Mali n’est pas parlé et écrit par plus d’un quart de la population depuis la colonisation jusqu’à la date d’aujourd’hui.
Un faible taux d’alphabétisation est un véritable frein au développement.
Si nous faisons du bambara une langue officielle en lui consacrant une écriture, le Mali pourra être alphabétisée à 100% dans quelques années.
Voilà la voie du développement pour le Mali.
L’assemblée Nationale n’ayant eu aucune réaction à mon précédent article parce que je ne suis pas peut être la personne indiquée à parler du sujet malgré sa pertinence, j’al pensé que le RECOTRADE qui est certes un des premiers bénéficiaires de l’écriture du Bambara, s’il cautionnait ma démarche, sera écouté.
Le N’ko n’est pas une langue concurrente du Bambara comme j’ai pu le dire clans mon article du 1er Février 2016 dans INFO Matin et du 2 Février 2016 dans le Républicain adressé au président de l’assemblée Nationale.
Telle est encore la compréhension de beaucoup de Bambaras du Bélédougou et de Ségou.
L’explication c’est que les premiers écrits en N’ko qui nous parviennent sont en malinké.
Ainsi on a facilement fait de confondre le malinké et le N’ko, d’où la confusion Bambara comme langue concurrente du N’ko (au lieu du malinké).
L’équivoque étant levée, pourquoi faut-il que le Bambara devienne une langue officielle au Mali ? Les raisons sont multiples:
– Le Bambara c’est la langue parlée par au moins 90% de la population
– Quant à la presse parlée, médias privées et médias d’Etat, pas moins de 95% des émissions se font en Bambara.
Mieux, n’est-ce pas le Président de la République en personne son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar KEITA qui s’est adressé aux populations du Mali depuis Paris, à l’issue de sa convalescence pour les remercier de leur soutien moral et fraternel.
C’était le mardi 19 Avril 2016 après le journal parlé en français. Il le fit en Bambara sans hésiter et nul n’a trouvé à redire.
C’est dire que le Bambara au Mali, sans être une langue officielle, c’est tout comme.
Le pouvoir doit s’assumer et engager la mise en œuvre de l’initiative.
Si le Bambara devient langue officielle, elle sera écrite et toute la population sera alphabétisée ce qui est un puissant facteur de développement.
Le poids du Bambara est sans équivoque.
Quelques jours après le message du Président de la République en Bambara à la télévision.
Nationale depuis Paris, une forte délégation du Haut Conseil Islamique du Mali conduite par son Président l’imam Mahmoud DICKO a sillonné la région de Kayes.
Partout où la délégation a passé c’était des accueils populaires à la dimension de l’évènement, quand on sait que le Mali est au moins à 95% de musulmans. Tous les messages de paix et d’unité des musulmans ont été délivrés en Bambara.
Aussitôt rentré à Bamako après sa tournée en 1ère région le Président du Haut conseil Islamique l’Imam Mahmoud DICKO délivrait à la télévision nationale un message de paix aux maliens.
Le lendemain, c’était autour du leader charismatique de Ansar dine International, l’Imam Chérif Ousmane Madani HAIDARA de délivrer à la télévision nationale son message de paix aux maliens. Les deux messages ont été délivrés en Bambara.
C’est en considération de toutes ces réalités que j’ai proposé qu’on fasse du Bambara une langue officielle au Mali à côté du français.
Je disais clans mon premier article «si nous sommes sincères, que nous taisons nos « égos » et que nous ne voyons Que l’intérêt du Mali, nous reconnaitrons que le Bambara est de loin la langue nationale qui a le plus d’atouts pour être la première langue nationale comme langue officielle »
Tout près de nous en Algérie après que l’arabe ait été pendant des décennies la seule langue officielle, une deuxième langue nationale en occurrence le berbère vient d’être consacré langue officielle.
Le Mali aussi aura peut-être un jour une deuxième langue nationale comme langue officielle en fonction de l’évolution de la société.
Mais pour le moment, l’hésitation n’est pas permise, c’est le Bambara qui mérite d’être la première langue nationale comme langue officielle.
Depuis l’indépendance du Mali des tentatives ont été faites pour combattre l’analphabétisme.
Il y a eu d’abord l’école à la radio ou N’Golo apprend à lire et à écrire avec l’alphabet français.
L’expérience s’arrêta au bout de huit ans sans qu’on ne puisse vraiment dire que ce fut un succès.
Sous la dictature et l’UDPM des tentatives d’alphabétiser le peuple ont continué avec la parution en 1972 du journal Kibaru et en1986 d’un second mensuel jèkabara, et à chaque fois avec l’alphabet latin (français).
Déjà en 1980, le Bambara a fait son entrée dans le système éducatif toujours avec l’alphabet français aussi bien les journaux que les cours en bambara n’ont pas eu grand succès.
Le bambara en France dans les « foyers » est comme une langue internationale ouest africaine. Son handicap est qu’il n’est pas écrit.
Avec la révolution de Mars 1991, le pouvoir politique a fait beaucoup d’effort avec l’académie malienne des langues en tentant l’écriture de nos langues nationales avec l’alphabet latin (français).
S’il avait analysé toutes les difficultés qu’il y a eu pour apprendre l’alphabet latin aux enfants et aux jeunes et adultes non scolarisés de 1960 à 1968, il attrait peut être tenté un autre alphabet.
Mais ce n’était pas facile car l’Europe avec la francophonie comme instrument de campagne voudrait que son alphabet latin couvre toujours plus d’espace. Des subventions à coup de milliards de francs CFA ont été données pour te développement de nos langues nationales.
Malgré tous ces efforts le taux d’alphabétisation avec l’alphabet latin n’a pu être satisfaisant. Le taux de scolarisation élevé grâce à la NEF (nouvelle école Fondamentale) qui fait passer les élèves d’une classe à une autre par quota sans tenir compte de la moyenne n’est pas convaincant.
L’écriture N’KO a quelques similitudes avec l’alphabet arabe, notamment le sens d’écriture de droite vers la gauche.
Le constat de son apprentissage facile a été fait et l’UNESCO vient de recommander son utilisation pour écrire les langues mandingues de la Guinée, du Sénégal, de la Gambie de la côte d’Ivoire et du Mali.
Cet alphabet est d’une importance capitale au double plan de l’émergence de nos langues locales par l’écriture et la présence des langues africaines dans le concert des nations. L’UNESCO travaille à favoriser la présence dans le monde numérique des langues utilisant l’alphabet N’ko.
Elle est en passe de faire aboutir l’intégration de l’écriture N’ko du mandingue dans l’UNICODE.
A l’issue de la réunion du centre N’ko et du collectif des recteurs des universités, des directeurs des grandes écoles et des instituts de notre pays le centre a été assuré de l’accompagnement du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique représenté par le recteur de l’USTTB. Depuis peu, le ministère de la recherche scientifique a été un ministère à part entière.
Si nous devons faire du Bambara une langue officielle à coté du français, nous devons nous atteler avec beaucoup d’assiduité à l’apprentissage de l’écriture du Bambara avec l’alphabet N’ko.
La ministre de la recherche scientifique lors de sa visite à l’académie malienne des langues nationales nous a rassuré que le développement des langues devra suivre une démarche scientifique ce qui est une bonne chose.
Au lieu d’un accompagnement du centre N’ko, je pense que la ministre devra s’approprier le centre N’ko et devenir le maitre d’œuvre.
De l’informel, le centre « Tanban » qui regroupe toutes les associations N’ko doit être formel et géré par le ministère de la recherche scientifique.
Un budget conséquent devra permettre d’organiser une journée pour le lancement officielle du N’ko et du Bambara.
Du rôle que fera jouer la ministre de la recherche scientifique au centre » Tanban » qui regroupe toutes les associations N’ko et aussi au RECOTRADE dépendra le succès de l’apprentissage de l’alphabet N’k0 et l’écriture du Bambara.
Pendant plus de cinquante ans il y a eu un monopole de la langue française. La politique et l’administration sont devenues la chasse gardée des francophones.
Si jamais dans un avenir proche, le bambara devenait langue officielle, les arabophones qui sont aussi des intellectuels et qui manipulent plus fréquemment le bambara que les francophones à en juger par le prêches des vendredis et les « tafsirs », les textes relatifs à la politique et à l’administration leur seront ouverts. Il y a comme un acharnement depuis quelque temps de certains journalistes à propos d’une éventuelle candidature aux Présidentielles d’un imam. Il doit être clair pour tous qu’un imam peut être candidat aux présidentielles sans enfreindre la loi. C’est nos grands imams qui de leur propre chef ont décidé de choisir le bâton d’imam au fauteuil de président.
L’émission de Aboubacar Yacoub DOUCOURE sur radio Nièta « l’islam et la politique » ceux des musulmans qui sont encore en retard.
Que les partis politiques qui ont monopolisé la vie de la nation pendant plus de cinquante ans, s’apprêtent à accueillir de sérieux concurrents parmi les arabophones qui n’attendent que la l’arrivée du Bambara comme langue officielle et même au sein de la population tout court où des analphabètes en français en et arabe possèdent de grands savoirs en bambara.
Si donc I’UJMMA de l’Imam Mamadou Macki Bah et Docteur Hamza et Sabati 2012 de Moussa Boubacar Bah, cessaient d’être des viviers aux partis politiques classiques et décidaient des candidatures séparément en concertation, l’échiquier politique francophone qui a régné sans partage plus de 50ans, tremblera.
Bamako, le juin 2016
Mamadou Mary Keita Ingénieur à la retraite à Lafiabougou
Rue : 382 Porte : 106
Source :Le Republicain.21/06/2016.