Genève – Une majorité des électeurs suisses a accepté dimanche par référendum de tourner progressivement le dos au nucléaire et de favoriser à sa place les énergies renouvelables, selon les premières tendances après la fermeture des bureaux de vote.
D’après les premiers dépouillements, la nouvelle loi sur l’énergie, soutenue par le gouvernement et le Parlement, a été acceptée, a indiqué l’institut de sondages gfs.bern.
A Zurich, canton le plus peuplé de Suisse, le « oui » atteindrait presque 60% et à Genève il dépasserait les 70%. Les premiers résultats chiffrés pour l’ensemble du pays sont attendus en début d’après-midi et les résultats finaux en début de soirée.
« Pour tous les écologistes, qu’ils soient politisés ou non, c’est un jour historique dans le pays », a déclaré la députée des Verts, Adèle Thorens Goumaz, à la télévision suisse publique RTS.
« La Suisse va entrer dans le 21e siècle énergétique, ce sera un signal fort », a-t-elle dit.
Tous les partis avaient apporté leur soutien à la nouvelle loi, à l’exception du premier parti de Suisse, l’UDC (Union démocratique du centre), parti populiste anti-européen et anti-immigration.
Cette nouvelle loi est le résultat d’un long processus engagé après l’accident nucléaire de Fukushima, provoqué par un gigantesque tsunami, en mars 2011, au Japon.
La loi vise à promouvoir les énergies renouvelables comme l’hydraulique, le solaire, la géothermie et la biomasse.
– Plus de nouvelles centrales –
Quelques semaines après la catastrophe de Fukushima, la Suisse, qui compte cinq réacteurs nucléaires produisant environ un tiers de l’électricité du pays, avait décidé de sortir du nucléaire vers 2034, tout en indiquant que cette date restait théorique. Les autorités avaient précisé que les centrales devraient vraisemblablement être débranchées après environ 50 ans, voire 60 ans, d’exploitation.
Depuis cette décision, le gouvernement suisse (qui fonctionne sur le principe du consensus et est formé de sept ministres représentant les quatre grands partis) a travaillé à l’élaboration de la stratégie énergétique, dont la mise en oeuvre est prévue par étapes d’ici 2050.
Le premier volet de cette stratégie, sur lequel les Suisses se prononcent dimanche, vise notamment à réduire la consommation d’énergie. Elle fixe entre autres des valeurs indicatives de consommation énergétique moyenne par personne et par année: à savoir, par rapport au niveau de l’an 2000, une réduction de 16% d’ici à 2020 et de 43% d’ici à 2035.
Elle interdit également la construction de nouvelles centrales nucléaires. Les centrales existantes pourront toutefois rester en service aussi longtemps que leur sûreté sera garantie.
Douche froide?
Ce programme a été accepté par le Parlement l’automne passé, mais l’UDC a lancé avec succès un référendum contre la nouvelle loi, estimant que la mise en oeuvre du texte entraînerait des coûts élevés, menacerait l’approvisionnement énergétique et défigurerait le paysage avec la multiplication des éoliennes et les panneaux solaires.
D’après l’UDC, la transformation de l’ensemble du système énergétique inscrite dans la nouvelle loi va coûter quelque 200 milliards de francs suisses (183 milliards d’euros) jusqu’en 2050. Pour un ménage de quatre personnes, cela représente, selon ce même parti, 3.200 francs suisses (2.900 euros) par an de frais et d’impôts supplémentaires.
« Payer 3.200 francs de plus … pour une douche froide? » a ironisé ainsi l’UDC dans ses affiches électorales que l’on peut voir dans les rues et gares de la Confédération.
Le gouvernement estime de son côté qu’un ménage de quatre personnes ayant une consommation électrique moyenne devra payer 40 francs suisses (36,5 euros) par an de plus qu’aujourd’hui. Il souligne par ailleurs que ce surcoût pourra être compensé par une meilleure efficacité énergétique, avec par exemple une réduction des frais de chauffage.
« Je reste inquiète pour l’avenir, il faudra se battre que pour les 40 francs annoncés soient respectés », a déclaré la députée UDC, Céline Amaudruz, à la RTS.
(©AFP / 21 mai 2017 12h57)