Un leader touareg et des diplomates algériens accusent le président ATT et le Guide de la Révolution de la Grande Jamahiriya, Kadhafi
Le leader targui Mokhtar Zounga, faisant écho à un thème partagé par beaucoup, a peint une image peu flatteuse du rôle de la Libye dans le Sahara. Kadhafi se voyait toujours comme le gardien d’une terre ancestrale touareg couvrant la majeure partie du Sahara. Zounga a déclaré que Kadhafi ne se sentait pas redevable à aucun leader ou aux frontières internationales, et qu’il pouvait simplement se rendre n’importe où dans le Sahara pour une visite.
Revenant sur la guerre sporadique de 1978-1987 entre la Libye et le Tchad, Zounga a expliqué que lorsque Kadhafi s’est rendu compte que la guerre n’allait pas bien, il a recruté, entraîné et armé des groupes de tribus touareg venant de partout dans le Sahara. Selon Zounga, l’héritage de la fin du conflit à la fin des années 1980 et au début des années 1990 était un Sahara militarisé, avec des mercenaires touareg armés « prêts à se battre » ailleurs et qui avaient accepté l’irrévérence de Kadhafi pour la souveraineté et les frontières modernes. Cela a alimenté les premières rébellions touarègues dans le nord du Mali et du Niger vers les années 1990. « C’est Ibrahim ag Bahanga ! », a-t-il ajouté, se référant au chef rebelle touareg, connu pour avoir cherché refuge en Libye lorsqu’il ne combattait pas le gouvernement malien dans le nord du Mali.
Mohamed Lahreche, un homme d’affaires à Alger, a également déclaré que la Libye avait joué un rôle peu utile dans la région. Lahreche ajouta que la sécurité à la frontière libyenne était relativement permissive, et que les contrebandiers n’avaient aucun mal à transporter des cigarettes, du carburant, des drogues et des personnes à travers le désert. Sidi Abdelkader, directeur d’un hôtel à Djanet, a confirmé que de nombreux guides touristiques locaux se tournaient vers la contrebande pendant la saison morte. Abdelkader et Lahreche sont tous deux d’accord qu’il n’y avait aucune raison pour les trafiquants et les opportunistes touareg de faire le commerce des armes, car « les armes venaient librement de la Libye ». Une population touareg fragmentée, un manque de discipline et des méthodes traditionnelles de contrebande constituaient un terrain fertile pour la Libye. Kadhafi, déclara Abdelkader, « incitait les touareg à l’autonomie ».
Selon Lounes Magramane, un diplomate algérien, l’Algérie était de plus en plus frustrée par la gestion malienne de la sécurité au Sahel, et par le président malien Amadou Toumani Touré (ATT) en particulier. Magramane a déclaré que le territoire malien était devenu « une source de préoccupation » et devenait un sanctuaire pour les terroristes. Si des enlèvements ont eu lieu au Niger, en Tunisie ou ailleurs dans la région, Magramane a déclaré : « ils semblent toujours se terminer au Mali ». Il poursuivit en disant qu’il pensait que ATT et son gouvernement avaient la capacité mais manquaient de bonne volonté pour lancer une campagne de sensibilisation auprès des tribus du nord du Mali. Cela, dit Magramane, était le seul moyen de créer les relations tribales critiques qui contribuerait à la sécurité des frontières et réduirait la tentation des tribus à coopérer avec les bandits et les terroristes.
Abdelkrim Touhami, ancien vice-consul algérien au Niger, a suggéré que la communauté internationale devrait encourager les responsables au Mali et au Niger à écouter l’Algérie. D’après son expérience à Agadez, le Niger refusait généralement la coopération algérienne et évitait de demander de l’aide à l’Algérie pour gérer les problèmes des touareg dans son nord.
Amadou O. Wane
Collaborateur externe,
Floride, Etats-Unis