On a l’habitude voir Master Soumi et Ramses ensemble sur les scènes de spectacles, mais ce jeudi 13 septembre au Carrefour des jeunes, il n’en était pas ainsi. Il s’agissait de manifester un engagement politique pour la conscientisation de la jeunesse malienne. Réunis au sein du mouvement pour la citoyenneté et l’ancrage de la démocratie, « les Sofas », un groupe d’artistes et de jeunes issus de couches socioprofessionnelles diverses entendent changer les mentalités avant les prochaines élections dans notre pays.
Le programme dénommé « Ma carte d’électeur, mon arme civique », qui vient d’être lancé, est une initiative de renforcement du débat démocratique. Il vise à donner un autre contenu au vote. Bref, à voter utile par le citoyen, comme l’explique le porte-parole du regroupement, Mohamed Bathily.
Le ton a été donné le lundi 10 septembre dernier à Lafiabougou, où les « Sofas » sont allés à la rencontre de groupes de jeunes hétéroclites. Au cœur de l’échange, les visiteurs ont discuté avec leurs interlocuteurs sur la procédure du vote et la nécessité de voter utile au cours d’une élection.
La campagne civique dont il est question doit conduire les « Sofas » dans tous les quartiers du district, les cercles et capitales régionales du Mali libre et plus tard sur toute l’étendue du territoire national.
Pour le porte-parole des « Sofas », « il s’agit de faire prendre conscience les jeunes de leurs devoirs et droits dans une République, de connaitre les institutions, leurs domaines, leurs fonctionnements et prérogatives ».
Pour une Cédéao au service des peuples
L’objectif de la présente campagne, précise Mohamed Bathily, est de doter les jeunes des connaissances et valeurs leur permettant de mesurer la valeur du bulletin de vote et de sa portée sur le devenir du citoyen et sur celui du pays. « Il s’agira donc au cours de ce chantier, de mettre dans la balance le thé, le tee-shirt et le mandat du président ou du député que le jeune va accorder à travers son vote », estiment les « Sofas », pour qui les jeunes doivent savoir au terme de cette campagne que la seule et puissante arme dont dispose un citoyen dans une démocratie est la carte d’électeur. « Avec cet outil on peut imposer une vision de développement économique, social et culturel aux différents candidats », a martelé le porte-parole des « Sofas », avant d’ajouter qu’à terme, l’ambition est de faire naitre une nouvelle race de jeunesse avant les prochaines élections prévues, en principe, à la fin de la transition.
Le lancement de la campagne « Ma carte d’électeur, mon arme civique » des Sofas intervient dans un contexte de grand débat autour du blocus imposé par la Cédéao sur les convois d’armements du Mali dans les ports de plusieurs pays voisins. Interrogés sur la question, les « Sofas » sont formels : « l’institution sous-régionale doit libérer ces armes et permettre à l’armée malienne de faire face à sa mission régalienne de défense de l’intégrité du territoire ».
Et Mohamed Bathily d’enfoncer le clou en expliquant que rien ne justifie cette décision de la Cédéao au moment où le retour à l’ordre constitutionnel demandé et la mise en place d’un gouvernement national sont désormais effectifs. Le mouvement, qui demande la levée sans délai de ce blocus sur les armes maliennes, pense que la Cédéao est en contradiction dans ses prises de position dans la crise malienne.
« Ce blocus cache certainement autre chose que ce qu’on nous a dit. La Cédéao doit être une institution au service des peuples, et non constituer un syndicat des chefs d’Etats. Nous disons non à cela ! », a martelé le porte-parole des Sofas, pour qui celle-ci avait une occasion, avec la crise malienne, de redorer son blason après l’image négative passée depuis plusieurs années auprès des peuples.
Issa Fakaba Sissoko
L’indicateur du renouveau 17/09/2012