Grace à une opération anti terroriste en 2019, les forces françaises de l’opération Barkane en savent plus sur le rôle trouble du président mauritanien Aziz dans la libération des otages suédois et sud-africain deux ans auparavant.
En juillet 2017, de nombreux observateurs de la région, furent intrigués par la manière dont les otages suédois et sud africain, Johan Gustafsson et Stephen McGown, capturés en novembre 2011 à Tombouctou, furent libérés, sans cérémonie officielle ni couverture de presse. Or après le raid réussi de Barkane en février 2019 au nord de Tombouctou, on en sait beaucoup plus sur cette énigme posée par la libération trop discrète des otages.
Un gendarme bien bavard
Les militaires de Barkane ont en effet arrêté, durant cette intervention anti terroriste, un ancien gendarme du Mali et un de ses proches qui ont trempé dans la prise d’otages.
D’ après les informations de Mondafrique, les deux hommes auraient expliqué comment le pouvoir mauritanien, dont on connait les liens avec les groupes armés du Nord du Mali, fut au cœur de la négociation, mais cela en toute discrétion. Les otages furent exfiltrés à l’époque via Nouakchott, capitale de la Mauritanie où une villa, entre autres, fut offerte en guise de rançon aux ravisseurs.
Nouakchott, base arrière
La capitale de la Mauritanie offre le gite et le couvert à un paquet d’anciens dirigeants d’Al Qaida. Ainsi le Mauritanien Abou Hafs al-Mouritani, l’un des plus proches compagnons d’Oussama Ben Laden, a regagné Nouakchott où il vit maintenant dans un quartier résidentiel.
Ainsi, le journaliste mauritanien Lemine Ould Salem, domicilié à Paris, mais qui entretien de bonnes relations avec les régimes mauritanien, a pu s’entretenir longuement avec celui qui a été l’un des plus hauts dignitaires d’Al-Qaida, Abou Hafs. Il raconte cette incroyable rencontre dans un livre intitulé « L’histoire secrète du Djihad. D’Al-Qaida à l’Etat islamique » (*). Abou Hafs n’était pas le bras droit de Ben Laden, comme le sous-titre de l’ouvrage l’indique, encore moins son chef de guerre. Plutôt le mufti de cette organisation terroriste. Car, raconte-t-il, Al-Qaida n’avait surtout pas la « science islamique infuse ». Elle souffrait même « d’une réelle carence sur le plan des compétences théologiques et des sciences religieuses ».
Abou Hafs assure qu’il a rompu avec Oussama Ben Laden juste avant le 11 septembre 2001. Car, affirme-t-il, les musulmans ne doivent combattre que pour se libérer des envahisseurs et des agresseurs. En revanche, « ils ne doivent pas tuer d’innocents qui ne les ont pas combattus ».
Le double jeu du pouvoir mauritanien
Cet ancien dirigeant d’Al-Qaida vit à présent dans une villa à l’allure « respectable », dans un quartier résidentiel de la capitale mauritanienne. Une maison « encadrée par la demeure du maire adjoint de Nouakchott sur son flanc droit et celle d’une famille de diplomates européens sur son flanc gauche », raconte le journaliste Lemine Ould Salem.
L’ancien djihadiste entretient même une surprenante relation avec Deddahi, l’ancien patron mauritanien de la direction de la sûreté d’Etat (DES), « l’appareil policier traditionnellement chargé de la traque et la répression des activistes politiques… Et bien entendu ennemi des islamistes de l’envergure d’Abou Hafs ! »..
Dans ces conditions, il est cocasse de voir les diplomates et les services en France présenter encore le pouvoir mauritanien comme un rempart contre le terrorisme et un allié particulièrement solide. Dans ce domaine comme dans d’autres, le président Aziz est apparemment aussi franc qu’un âne qui recule.
De bonne source, on croit savoir qu’il nourrit quelques inquiétudes sur la possible divulgation de son rôle trouble dans l’affaire des otages de 2017 D’autant plus qu’il a annoncé qu’il ne se représenterait pas aux élections présidentielles mauritaniennes qui doivent avoir lieu au début de l’été.
Lorsqu’on perd le pouvoir, les amis fidèles se font rares !