Jadis, légendaire terre d’accueil et d’hospitalité, aujourd’hui, le Mali peine à faire retourner sur son sol ses ressortissants qui fuirent la guerre et la misère. Selon des chiffres officiels, ils seraient près de 140 000 répartis dans différents camps de réfugiés dans des pays limitrophes. Mais plus que leur nombre, c’est l’oubli coupable de la part de la République dont ils font l’objet qui est révoltant. Car, alors que beaucoup chantent à tout-va que la paix est de retour au Mali, le fait que ces Maliens restent piégés dans des camps, nous rappelle la douloureuse vérité.
Il fut un temps où ces Maliens faisaient la Une de l’actualité. Au plus fort de la guerre contre les narco-terroristes au nord malien, ils prirent la poudre d’escampette avec femmes et enfants en direction de là où les dunes des sables les ont guidés. C’est ainsi qu’ils se trouvèrent par dizaines de milliers au Niger, au Burkina Faso et en Mauritanie.
Alors, pourquoi cette indifférence envers ces enfants de la République ? Difficile de répondre à une telle question. Mais, rappelons tout simplement que lors de la dernière campagne présidentielle, aucun candidat ne s’est rendu dans un camp de réfugiés pour y rencontrer nos compatriotes. Aussi, aucun des prétendants à Koulouba n’avait réellement un quelconque projet de rapatriement ou même de prise en charge matériel et moral de ces Maliens.
Cependant, cet oubli coupable n’est autre que le reflet d’une certaine incapacité de la République du Mali à prendre à bras le corps tous les aspects de la crise qui sévit depuis 2012. Il démontre aussi que le processus de pacification du nord malien a énormément de peine. Car, si ces réfugiés s’éternisent dans leur pays d’accueil, c’est tout simplement parce que l’insécurité règne toujours sur leur terre d’origine.
Il est grand temps de réparer cette injustice car les réfugiés maliens sont ceux qui souffrent le plus des conséquences de l’insécurité au nord du Mali.
Ahmed M. Thiam