Pour Moscou, il s’agit « d’une tentative de coup d’Etat », fomentée par les « extrémistes » ukrainiens avec l’aide des Occidentaux. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a appelé l’Union européenne à convaincre l’opposition ukrainienne de coopérer avec les autorités et de se distancier des forces radicales qui veulent faire «un coup d’Etat».
La Russie rejette la politique de sanctions occidentale, or celle-ci se précise de plus en plus, comme les autres volets de réactions à la situation en Ukraine. A l’issue du Conseil des ministres franco-allemand à Paris, ce mardi, le président français François Hollande les a résumés en trois points :
« Un, faire cesser le plus rapidement possible les violences. Deuxième objectif, définir des sanctions ciblées, spécifiques et graduelles pour peser sur le processus. Troisièmement, ouvrir un dialogue politique en Ukraine et également avec tous les pays concernés par la question ukrainienne, de manière à ce que, là encore, chacun ait à prendre sa responsabilité ».
Les ministres allemand, français et polonais des Affaires étrangères se rendent à Kiev jeudi pour faire le point sur la situation, avant une réunion avec tous leurs homologues européens, prévue le même jour à Bruxelles.
Vladimir Poutine s’est engagé à coopérer avec l’Allemagne afin de « tout faire » pour éviter l’escalade de la violence en Ukraine, a déclaré ce mercredi Angela Merkel après une conversation téléphonique avec le président russe. La chancelière allemande s’exprimait à l’Elysée aux côtés de François Hollande et du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.
A Kiev, un véritable champ de bataille
Avec notre envoyée spéciale à Kiev
Au milieu des carcasses de tentes calcinées, des éclats de verre, des pavés et des compresses de sang, sur un sol recouvert d’une épaisse couche de suif, plusieurs dizaines de policiers se tiennent en rang derrière leurs boucliers et font face à des centaines de manifestants. Les forces de l’ordre tiennent maintenant plus de la moitié de la place transformée en véritable champ de bataille.
Tatiana, venue d’une petite ville située à une centaine de km de Kiev, est amère. « C’est un cauchemar. Les manifestants ont tenu trois mois ici, et tout était en ordre, pas un seul bâtiment n’avait été détruit… Tout cela a été provoqué par Ianoukovitch ou quelqu’un de son entourage, ce ne sont pas les manifestants qui ont fait ça ».
Prêtres et députés de l’opposition se relayent sur la scène. A quelques mètres de là, des manifestants cassent des pavés pour en faire des munitions, d’autres emplissent des bouteilles d’essence.
La résistance continue de s’organiser, mais certains, à l’instar de Boris, 21 ans, n’y croient plus vraiment : « Ils nous tirent dessus avec des fusils automatiques, alors que nous, on a des battes, des pierres, au maximum. Si ils utilisent des armes à feu, quel est l’intérêt de rester sur la place ? ».
De son côté, le SBU, le service de sécurité ukrainien, dénonce des provocations de la part des manifestants et les accuse d’avoir fait usage d’armes à feu, annonçant le lancement d’une opération « antiterroriste », contre les opposants radicaux
RFI 2014-02-19