L’honorable Oumar Mariko ne reconnait de légitimité à Dioncounda Traoré que celle du président de l’Assemblée nationale, dont le mandat n’est pas terminé. Pour lui, c’est sans ambages, il n’est pas le président de la république par intérim. La position du Capitaine Amadou Haya Sanogo semble avoir évolué et cela est constatable depuis sa déclaration du 27 juillet lorsqu’il est parti accueillir le président Dioncounda Traoré à l’aéroport de Bamako Sénou. Dans sa déclaration diffusée sur l’Ortm, le Capitaine a reconnu être venu pour accueillir son président et le président de tous les Maliens. Il s’est engagé à assurer la sécurité du président de la république, même s’il s’est empressé d’ajouter que ce ne serait pas en tant que Capitaine mais, en tant que président du Comité militaire de suivi de la reforme des forces de défense et de sécurité. Pour le moment, nous n’avons pas eu connaissance d’un décret de nomination du Capitaine à ce poste, mais l’évidence d’un équilibre trouvé semble s’imposer à tous. Le Cnrdre enterré, son président est promu président du nouveau comité militaire qui s’engage alors à assurer la sécurité du président de la transition Dioncounda Traoré.
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Yèrèwolo Ton / Le taureau de la fin de l’intérim n’a pas été tué
Selon nos sources, les manifestants de Yèrèwolo Ton auraient voulu égorger un taureau devant le siège de l’Assemblée nationale, comme un sacrifice marquant la fin de l’intérim de Dioncounda Traoré et des autres institutions de la République jugées illégales. Une intervention musclée des forces de l’ordre les y délogea. Un manifestant, pris pour un militaire déguisé, a été pris à partie et molesté, avant d’être conduit au Camp 1 pour apprendre qu’il n’en était rien. Yèrèwolo Ton craindrait un risque d’infiltration, pourquoi ? Ses militants cachent-ils quelque chose pouvant les mettre en conflit avec les forces de l’ordre ?
Réprimée par les forces de l’ordre, la sortie de Yéréwolo Ton compte tenu de leur nombre (une centaine) n’a pas été une promenade de santé. On rapporte qu’au niveau de l’Ena où ils ont été chargés par les forces de l’ordre, la chaussée était couverte de chaussures.
La marche a été suivie de près par des jeunes de partis politiques qui informaient au fur et à mesure qu’avançait la marche.
Yèrèwolo Ton manifeste à Bamako / Revoilà des menaces contre la transition
Les membres de l’association Yéréwolo Ton remettent ça, ils ont beaucoup fait parler d’eux, le 21 mai dernier, en prenant la tête d’une manifestation qui a drainé du monde jusque dans les bureaux du président Dioncounda Traoré, au Palais de Koulouba. Le président a été agressé et grièvement blessé, donnant lieu à l’ouverture d’enquêtes pour tentative d’assassinat, complicité d’assassinat et non assistance à personne en danger. Auparavant des enquêtes avaient été ouvertes pour troubles à l’ordre public, et qui avait donné lieu à plusieurs dizaines d’interpellations, mais sans réelles inquiétudes pour les intéressés. Au nombre des personnes incriminées figuraient des responsables de l’association Yèrèwoloton. Deux mois et demi après l’agression de Dioncounda Traoré, la reprise des hostilités par les mêmes, est assez inquiétante pour la transition malienne. Toute manifestation aujourd’hui pour demander la « démission du président Dioncounda Traoré », traduit une réelle préoccupation pour les Maliens et constitue des menaces pour la transition.
De sources bien informées, la marche de protestation qui est partie de l’assemblée nationale à l’Ena où les marcheurs ont été dispersés, comprenait des membres de plusieurs associations, en plus de Yèrèwolo Ton, comme le mouvement « trop c’est trop’’, ‘’Cause-Mali’’, dont le slogan favori est « touche pas à notre gouvernement » et Sofa, une association d’artistes. Ces associations ont en partage le soutien au coup d’Etat du 22 mars, le soutien au gouvernement Cheick Modibo Diarra. Ce qui est sûr, elles ne peuvent qu’avoir aussi la sympathie de leur mentor qu’elles défendront à tout prix. De bonnes sources, la reprise des activités de Yèrèwolo Ton vient sans doute des incertitudes concernant le sort du Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, dont le président Dioncounda Traoré a peu fait cas dans son message à la Nation.
C’est évident que le Dr Cheick Modibo Diarra ne souhaiterait pas se faire virer et ne voudra surtout pas démissionner : il l’a dit à haute et intelligible voix lors de ses 100 jours en fonction. Pour les associations de soutien à Modibo et contre « les anciens collaborateurs du Président ATT », écarter le Premier ministre équivaudrait pour Dioncounda Traoré à ouvrir la boîte de Pandore dont personne ne peut calculer les conséquences. Ces associations pensent avoir quelque assise au sein de la population, et que celle-ci n’attend plus qu’un prétexte. La mise en place du gouvernement d’union nationale apparaît donc comme une psychose qui semblerait être d’ailleurs la cause de la longue attente de ce gouvernement qui pourrait ne devenir une réalité que le week-end. Et quand ce gouvernement se dévoilera, ce sera certainement avec le Dr Cheick Modibo Diarra, même si le FDR a demandé son départ. Et ce sera certainement avec bon nombre de ces ministres que le Premier ministre souhaiterait garder.
La catastrophe frôlée
Cette manifestation de ce lundi est venue rappeler que la situation est encore primaire et que la transition après le retour de Dioncounda Traoré ne s’est pas plus raffermie qu’avant. La marche de Yèrèwolo Ton à partir de la porte de l’Assemblée Nationale avait pour objectif de demander la démission du président Dioncounda et la dissolution de l’Assemblée nationale. Selon certains, le Commissariat de Police et la mairie de la Commune II pouvaient ne pas autoriser le rassemblement, l’association n’ayant pas demandé d’autorisation de marche. « Le commissaire a appelé le maire pour lui dire qu’il a reçu ordre de ne pas empêcher la marche mais de l’encadrer », avons nous appris de bonnes sources. C’est ainsi que la marche n’ayant pas été empêchée, des jeunes de partis concernés se sont « spontanément retrouvés au siège du parti majoritaire pour prendre une décision en fonction de la donne », nous a confié un responsable politique. Ces jeunes sont certainement restés en veilleuses pour voir si la sécurité ne va pas fonctionner, afin de parer à toute éventualité : empêcher les manifestants d’avancer, les affronter. Alors comment éviter que cela ne se reproduise ? Comment être à l’abri de bain de sang au sud, alors que la situation au nord reste encore incandescente ?
B. Daou
Le Republicain
(07 Août 2012)