Depuis quelques années, ces motos à trois roues ont pris d’assaut les grandes villes du Sahel et leur utilisation s’étend globalement en Afrique de l’Ouest. Le premier usage de ces engins moitié moto et moitié voiture était le transport des marchandises. Peu à peu, ils ont remplacé les gros chariots non motorisés. Dans certains villages, les habitants ont usés de leur intelligence pour modifier cet engin afin de lui donner d’autres utilités.
Après le thé, les téléphones portables, le tricycle est la troisième chose faite par les chinois qui marche bien au Sahel. Pour un prix évoluant entre 700.000f CFA et 1.700.000f CFA en fonction des marques ces engins ont très vite remplacé les taxis classiques dans certaines régions. Ils sont utilisés pour le transport en commun de personnes, certains centres de santé l’ont même transformé en ambulance pour sauver des vies. Ces tricycles font vivre des milliers de jeunes. Les chauffeurs de taxi se plaignent des conséquences sur leurs chiffres d’affaires. Dans des villes comme Ségou et Mopti au Mali, les taxis se comptent sur les bouts des doigts.
A Bamako, les nouveaux maîtres de la circulation routière s’appellent motos tricycles ou Kata-Katani. Il est difficile, voire impossible de circuler, aujourd’hui, à Bamako à cause de ces motos de fabrication chinoise. Des motos qui pullulent comme des champignons et obstruent la circulation.
Avec l’avènement des motos de marque KTM ou «Jarkarta», la circulation dans le district de Bamako était déjà devenue difficile, très difficile. Mais avec l’arrivée des tricycles, la circulation est devenue un cauchemar. Aujourd’hui, il est impossible ou presque de circuler à Bamako à coté de ces tricycles qui obstruent les voies publiques. Les usagers de la route sont obligés de gérer les caprices de ces motocyclistes pour se frayer un passage.
«Un accident sur trois à Bamako est le fait de ces motos. Elles sont à la base des embouteillages sur nos routes pendant les heures de descente parce qu’elles sont lentes dans la circulation », affirme un agent de police de la Compagnie de la circulation routière (CCR). Selon lui, la conduite de ces motos exige un permis de conduire. Cet agent regrette de constater que leurs conducteurs n’ont pas de permis. Plus grave, nombre des conducteurs de ces tricycles sont des jeunes venus directement de la brousse (VDB). Des jeunes qui n’ont aucune notion du code de la route.
Les motos tricycles sont devenues le moyen de transport préféré des Maliens, surtout des commerçants. Les Sotrama et les taxis souffrent de la présence de ces motos à Bamako.
«Je préfère faire transporter mes marchandises par ces Kata-Katani que par un taxi ou par une Sotroma qui coûte cher», nous confie une vendeuse de légumes.
Une précision de taille : la majorité des conducteurs que nous avons interrogés affirment que les propriétaires de ces motos sont commerçants ou fonctionnaires.
Malgré le fait qu’elles pullulent notre circulation, les motos tricycles n’ont aucun statut défini à ce jour. Selon le chargé des questions de statut à la mairie centrale de Bamako, ces tricycles ne disposent d’aucun statut particulier. Les tricycles sont soumis au même régime que les autres motos. Elle précise qu’en dehors de la ville de Bamako, les propriétaires de ces motos payent 45 000 CFA comme taxe dans certaines localités. A Bamako, ils payent le même montant actuellement. Ces motos assurent le transport des personnes et des marchandises autant que les véhicules de transports mixtes qui payent des taxes. Les autorités en charge des transports sont donc interpellées.
Mamadou DOLO
doloyabara91@yahoofr