La description que fait le journal de cet abattoir officiel donne froid au dos : « des cornes de bêtes gorgées de pus et grouillantes de vers, une montagne de bouses de vaches autour de laquelle festoient des bataillons de mouches, des restes de viande exhalant une odeur pestilentielle.. ».
Un boucher qui a requis l’anonymat enfonce le clou. «Toutes les conditions ne sont pas réunies pour assurer un abattage sans risque. Le matériel de travail fait défaut. Les conditions hygiéniques sont loin d’être satisfaisantes», explique-t-il à Xinhua.
«Sur le lieu de l’abattage des animaux, les bassines sont installées au milieu des mouches, cafards, cancrelats et autres insectes», ajoute-t-il. En dehors ce problème d’hygiène, le transport de la viande des abattoirs vers les différents marchés de Bamako est loin d’être rassurant. Il n’est pas rare de voir sur les routes des hommes transporter sur des scooters des carcasses de bœuf ou de mouton destinées à la vente dans marchés de Bamako, sans aucune protection contre la poussière ou les intempéries.
Cette pratique dure depuis des décennies et ne semble gêner personne, ni les services vétérinaires, ni les autorités sanitaires. Elle persiste, affirme un enseignant parce que « la viande quotidiennement consommée par les autorités du pays et leurs proches ne proviennent jamais de l’abattoir frigorifique de Bamako ». Cette affirmation n’est pas vérifiée mais elle donne la mesure de la déception des Bamako face à une situation qui perdure.
«Les autorités maliennes doivent davantage veiller à la qualité des produits de grande consommation comme la viande, l’huile, l’eau, le lait… Le manque d’hygiène dans notre pays est préoccupant et honteux. Une grande partie des maladies sont dû à ces aliments malsains que consomme notre pauvre population », estime H. Kanté, un jeune diplômé en médecine.
« Si les autorités maliennes faisaient preuve d’une grande fermeté, le problème serait vite résolu », affirme-t-il.
Selon des statistiques officielles, plus de 600 000 têtes d’animaux (bovins, ovins et caprins) sont proposées annuellement aux marchés locaux de Bamako qui consomment à peine la moitié. Et de 700 F CFA en 1993, le kilo de viande de bœuf est aujourd’hui vendu entre 1600 et 2 000 F Cfa. Ce qui fait dire à beaucoup de citoyens qu’en plus de la mauvaise qualité, «la consommation de la viande est désormais un luxe au Mali pourtant grand producteur de bétail dans la sous-région».
L’ Indicateur Renouveau 27/04/2011