Très remontés contre toute velléité de manigance des expulsions d’Europe vers l’Afrique, les Maliens de France ont fait une puissante démonstration de leur détermination à ne pas laisser des technocrates de l’UE et du Mali jouer avec le sort des sans-papiers.
Dès la publication du Communiqué UE Mali, les responsables associatifs maliens se sont réunis à la Bourse du travail de paris, à la l’initiative du Conseil supérieur de la diaspora malienne de France (CSDMF). L’assemblée a décidé de créer une Coordination contre la réadmission des expulsés d’Europe. Le plan d’actions adopté en conséquence a mis au cœur une large mobilisation en synergie avec les luttes en cours.
L’occupation du Consulat du Mali en France, à l’initiative du Collectif Mains propres, faisait partie de ces actions de protestation contre la gestion scandaleuse du Consulat général du Mali en France. En effet, l’objectif premier de cette manifestation était d’exiger des services consulaires de qualité et contre la réadmission des expulsés. Rappelons que cette opération coup de poing s’inscrit dans la suite de plusieurs initiatives, restées sans suite, auprès des autorités consulaires et diplomatiques maliennes en France, entre autres la signature d’un mémorandum avec le Consul général. Les Maliens, toute sensibilité confondue ont soutenu cette occupation par des concours divers et variés. Car les problèmes posés concernaient tout le monde et tous se sont mobilisés pour investir les locaux du Consulat pendant 10 jours, bloquant toute activité des services consulaires.
Les négociations ont commencé dès le premier soir de l’occupation.
Lors des échanges avec les personnes présentes le Ministre Sylla s’est fait sermonner pour la mauvaise gestion des services consulaires, dirigés par un Consul qui passe son temps à Bamako et qui vient de se faire élire Conseiller municipal Rpm dans une commune de Bamako. Le Ministre est parti sans convaincre et l’occupation du Consulat s’est poursuivie durant 10 jours.
Plusieurs tentatives de médiations menées par d’autres bonnes volontés ont échoué, y compris celle de l’Ambassadeur Cheick Mouctary DIARRA.
Le plus pathétique de ces médiateurs a été le Ministre Bathily. Dans sont style donneur de leçon et d’improvisation à tout va, il a été récusé par les manifestants qui n’ont pas supporté le dilettantisme dont il a fait preuve en disant souvent une chose et son contraire. Cerise sur le gâteau, M. Bathily a appelé les Maliens de France à un meeting pour tenter de saboter la lutte des Collectifs occupant le Consulat. Finalement, durant son séjour parisien M. Bathily n’a jamais pu participer aux négociations, car en plus de son malentendu avec les manifestants, il a été rejeté par la représentation diplomatique, qu’il n’a pas manqué d’ailleurs de charger publiquement comme à son habitude.
C’est sous la houlette de la délégation de l’Ambassade et du Consulat munie d’une note technique, envoyée par le Ministre Sylla retourné au Mali pour prendre des instructions, que les deux parties sont arrivées à un accord pour lever l’occupation du Consulat, après signature d’un document accord et la création d’une commission paritaire pour superviser le respect des engagements.
L’échec de la mission expresse du Ministre Sylla à Paris se justifie aussi et surtout par la méconnaissance totale des Maliens de France par ce dernier. En effet, après 40 mois à son poste, le Ministre des maliens de l’extérieur n’a jamais daigné appeler la communauté malienne de France à une prise contact ou de réunion d’informations. Il est présent à Paris presque tous les trois mois, logé dans de superbes hôtels parisiens, en compagnie d’une clientèle avec laquelle il se réunit de temps à autre dans un foyer et dans des conditions aseptisées, qui l’empêchent de comprendre la réalité des Maliens de France. Le Ministre Sylla est au cœur des problèmes de division de la représentation du Haut Conseil des Maliens de l’extérieur en France. Pour preuve, lors de la rencontre du vendredi 23 décembre, lorsqu’il a voulu légitimer une tendance du HCMF complètement désavouée aujourd’hui, les participants n’ont pas hésité à le rappeler à l’ordre. Ce fut d’ailleurs le point de départ de tout ce qui a suivi dans la soirée. N’ayant jamais rencontré l’ensemble de la communauté malienne, à l’instar de tous ses prédécesseurs, et empêtré dans un népotisme avec des prestataires au service du Prince du jour, le Ministre n’est pas crédible auprès de Maliens de France, il ne pouvait convaincre, ni être compris. Telle est la réalité de la situation qui a conduit à la victoire partielle des Maliens de France. La lutte doit continuer, sous la houlette de la Coordination des Maliens de France et d’Europe contre la réadmission des expulsés. Les militants associatifs et individus se préparent à d’autres actions d’envergure, en France et à Bruxelles devant la Commission de l’UE.
Au delà de l’affaire du communiqué-accord UE-Mali, beaucoup de manifestants de ces derniers jours à Paris et ailleurs dénoncent surtout la mauvaise gestion du Mali, marquée d’autismes et de mépris des autorités vis à vis des citoyens. Les arguments de l’Etat ne convainquent personne à cause du sentiment de trahison et du manque de confiance à la parole des plus hautes Autorités maliennes.
Cissé Paris