Les femmes des Bérets rouges sont désormais formelles : «Aucun de nos maris ne sera arrêtés ici au c

Pour ce faire, elles ont décidé de monter la garde à la porte du camp para en compagnie de leurs enfants. En effet, c’est une véritable intifada à laquelle les femmes des Bérets rouges et leurs enfants sont en train de se livrer depuis hier, mercredi, contre les policiers et les agents de la garde nationale. L’affaire a tourné à l’affrontement avec les policiers, qui sont venus les bombarder avec du gaz lacrymogène. Selon Mme Fanta Samaké que nous avons rencontrée, hier, au camp para de Djicoroni, elle nous a expliqué comment, ils en sont arrivés aux heurts avec les policiers. «Nous étions assises devant le camp, quand les gardes sont venus, nous leur avons dit qu’aucun de nos maris ne sera plus arrêtés ici au camp devant nous et les enfants. Quand les policiers sont venus, ils nous ont bombardés avec du gaz lacrymogène. Nos enfants qui étaient avec nous ont répliqué en jetant des pierres. Lorsque leurs stocks de gaz était épuisé ils sont repartis et en ont ramenés», a-t-elle déclaré. Avant de poursuivre qu’elles ont décidé de monter la garde et veiller au grin devant la porte et aux alentours du camp afin qu’aucun béret rouge ne soit arrêté.

Il faut rappeler que cette révolte des femmes de l’AFC-RCP fait suite à la multiple arrestation des bérets rouges, notamment, celle survenue avant-hier mardi. Il s’agit de l’arrestation du garde du corps de l’ancien ministre Sadio Gassama, le Lieutenant Alhassan Achewel, qui a été bastonné sous les yeux de sa femme avant d’être jeté dans le véhicule et emporté vers une destination inconnue de sa famille. Rappelons que dans notre dernière édition, nous faisions cas de l’arrestation du Lieutenant Mohamed Ouattara, après bien d’autres.

Youssouf Diallo

 

Edito Pourquoi  le PM doit rester

De retour de Paris, le 27 juillet, Dioncounda Traoré s’est adressé, quarante huit heures plus tard, à la nation, dans un discours rassembleur. Tous les Maliens épris de paix et de justice sociale se sont reconnus dans ce message. En effet, le Président intérimaire a surpris plus d’un avec le partage du pouvoir : la création d’un Haut Conseil d’Etat avec un président et deux vice-présidents, celle d’un Conseil national de transition et d’une Commission nationale aux négociations. Sans oublier, bien sûr, la formation d’un gouvernement d’union nationale.

Ces propositions du Président intérimaire convergent avec celles du Premier ministre, qui a donné son accord pour ce gouvernement inclusif et a proposé aux forces vives, qu’il a rencontrées en juin dernier, la création d’un conseil consultatif.

Ces propositions convergent également avec celles de la Convergence pour sauver le Mali (CSM), dirigée par Me Mountaga Tall, qui, quelques heures avant l’adresse de Dioncounda Traoré, a fait part de ses propositions, au cours d’un grand meeting.

La CSM propose, à l’instar de Dioncounda Traoré, un Haut Conseil d’Etat, un Conseil Consultatif des forces vives et un gouvernement de transition. Il existe, cependant, de petites nuances sur la composition des différents organes.

Le FDR, pour sa part, n’a rien proposé en dehors du départ du Premier ministre. L’ADEMA, qui constitue son moteur, s’est attelé avec acharnement a rejeté en bloc la feuille de route de Cheick Modibo Diarra. Aucune proposition ne figure dans son document signé par le premier vice président, Ibrahima N’Diaye, le 25 juillet dernier. Dans ses conclusions, l’obstination d’Iba revient en ces termes : « On peut affirmer (avec peu de risque de se tromper) au sujet de l’actuel Premier ministre que nous sommes en face d’une erreur de casting« .

Comme, on le constate, dans la situation actuelle, seul le FDR réclame, comme un point d’orgueil, la démission du Premier ministre. Le seul tort de ce dernier réside dans le fait qu’il soit le gendre de Moussa Traoré. Or, la faute est personnelle. Idem pour la sanction. L’ancien dictateur a déjà payé pour ce qu’il avait fait. Sa famille (politique et sociale) ne doit plus être la victime expiatoire des erreurs et fautes de gestion qu’il avait commises.

Cette page récente de notre histoire politique n’est, certes, pas déchirée mais, elle est tournée. Il s’agit aujourd’hui d’avancer, sans ressentiment, ni représailles. C’est pourquoi, nous estimons, hier comme aujourd’hui, que Cheick Modibo Diarra doit rester, grâce à son coefficient personnel : la compétence, au nom de la stabilité du pays, au nom de la justice.

Son coefficient personnel, c’est bien le savant, qui a travaillé à la NASA, n’en déplaise aux détracteurs. C’est également ses multiples relations, sa connaissance du monde, de la science, des hommes. C’est aussi sa compétence, son engagement pour le Mali, son patriotisme, son refus de mettre le Mali sous tutelle.

Toutes les forces vives de la nation sont favorables au maintien du PM, excepté le FDR de Siaka Diakité, déjà contesté à la Bourse du travail. Si Dioncounda Traoré consent à le faire partir pour satisfaire les doléances de sa famille politique, il provoquerait des troubles et échouerait dans la composition du gouvernement d’union nationale, parce qu’il est fort possible qu’il soit boycotté par plusieurs regroupements politiques, notamment la CSM. Voilà pourquoi, il est facteur de stabilité.

Enfin, Cheick Modibo Diarra, tout comme Dioncounda Traoré, tire sa légitimité de l’Accord cadre du 6 avril. C’est ce texte, bien qu’insuffisant, pour gérer toute la situation actuelle, qui a permis le retour à l’ordre constitutionnel normal, dans les conditions que l’on sait.  La nomination du PM, les lois d’amnistie, d’indemnisation des victimes, de la prorogation du mandat des députés, de la création d’un Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité sont des acquis de l’Accord cadre auquel personne ne doit toucher. Les propositions du Président intérimaire s’inscrivent en droite ligne de l’application de ce texte, en son point 6. Le seul changement, c’est que Dioncounda Traoré joue le rôle dévolu au CNRDRE par l’Accord cadre. La reconduction du PM est également signe de justice.

Chahana Takiou

22 Septembre

(02 Août 2012)