Nombreux sont les observateurs de la scène politique malienne à s’indigner après avoir constaté que les députés de l’Opposition et particulièrement ceux de l’URD ont voté pour le candidat de la Majorité au lieu de s’exprimer négativement ou de façon neutre. Cette attitude peu orthodoxe des élus de l’Opposition n’a pas manqué de susciter inquiétudes et légitimes interrogations sur l’avenir de notre démocratie. Si pour certains, ils auraient pris de l’argent pour voter, d’autres qualifient simplement leur acte de trahison. Ne fait-on pas un mauvais procès aux députés de l’Opposition ? N’ont-ils pas suivi la logique qui a prévalu lors des législatives ? Doivent-ils être sanctionnés par leurs partis respectifs pour indiscipline notoire voir trahison ?
La démocratie malienne va, ces derniers temps, dans tous les sens. Malmenée par des nouveaux acteurs qui ne jurent que par l’argent et le business, notre démocratie chèrement acquise risque de s’effondrer au détriment du vaillant peuple et en toute violation de la mémoire des martyrs. En effet, c’est contre toute attente et aux antipodes des principes qui régissent le bon fonctionnement de la démocratie, que les listes ont été constituées pour les législatives. Mais ce qui est a le plus irrité l’opinion, c’est l’alliance entre les deux principales forces politiques de la Majorité et de l’Opposition, à savoir le RPM et l’URD. Cette alliance à coup sûr a défrayé la chronique. Si certains avaient vu en elle un complot contre le peuple, d’autres disent être normale, car au lieu de s’attaquer au tyran, il vaudrait mieux s’en prendre à la tyrannie, autrement dit tant que les textes restent en l’état où ils sont, il n’est pas à exclure qu’il y ait ce genre d’alliance où chaque parti se bat pour sauver sa face. C’est pourquoi beaucoup appellent à des réformes en profondeur pour que notre démocratie puisse retrouver toutes ses lettres de noblesse.
Après les législatives, chaque député devrait suivre un des trois chemins qui s’offrent à lui, à savoir la Majorité, l’Opposition et les non-alignés. A la grande surprise, comme tétanisés, les députés de l’opposition sont restés statiques ne sachant pas à quel saint se vouer. Malgré l’appel à la retenue et à l’abstention de la direction de l’URD, les députés du parti du chef de file de l’Opposition ont accordé leurs suffrages au candidat de la Majorité pour le perchoir, à savoir Moussa Timbiné. Ont-ils suivi la logique des législatives en votant par sentiment et par gratitude, surtout sachant bien que l’Opposition n’avait pas de candidat ? Ou bien ils ont voté contre espèces sonnantes et trébuchantes ?
Si tant est qu’ils ont voté par reconnaissance et par gratitude au candidat de la majorité à cause des députés qui se trouvent être leurs colistiers et certainement avec lesquels ils ont battu campagne, nous ne pouvons qu’applaudir, mais si c’est contre espèces sonnantes et trébuchantes, ils sont blâmables, car tout député qui prend de l’argent pour voter pourrait trahir à la première occasion, son parti. Donc les partis politiques ont le devoir d’interpeller leurs élus pour une demande d’explication.
En définitive, les députés de l’URD, en absence du Président de leur parti, ont la lourde responsabilité de tenir la dragée haute derrière leur leader en captivité depuis près de deux mois. Ils doivent adopter un comportement responsable afin de préserver la bonne image que leur leader, Soumaila Cissé a toujours su incarner.
Youssouf Sissoko