Les défis du successeur d’ATT

Avis à son successeur qui devra faire face à de nombreux défis, dont l’un des premiers sera la restauration de l’autorité de l’Etat, sans laquelle, de nombreuses gangrènes qui s’accumulent finiront par nuire sérieusement au bien être de cette entité (Etat) qui s’apprécie et s’évalue non seulement dans ses rapports avec ses administrés, les populations, mais aussi dans sa conduite des affaires, dans sa sauvegarde et gestion du territoire et dans sa conduite dans les phases critiques de dévolution du pouvoir. Sans cette autorité qui est sérieusement malmenée aujourd’hui, l’Etat ne peut faire face à ses prérogatives de puissance publique qui est aussi garante de sécurité pour les personnes et les biens, dans les villes et les campagnes, dans la circulation et dans les demeures. Elle est aussi garante de l’intégrité territoriale et de l’Indépendance nationale, elle qui a été chèrement acquise le 22 septembre 1960.   

Cette autorité  de l’Etat ne peut être restaurée que si les représentants qui l’incarnent se considèrent comme garants, mais aussi comme sujets en s’appliquant les règles du jeu dans le recrutement des hommes et des femmes à différents niveaux de prises de décisions, l’enrôlement des agents de l’Etat, des éléments des forces de sécurité. Sans ce discernement, c’est la porte ouverte à toutes les bévues et accidents possibles, comme ceux du Maouloud 2011 au stade omnisports de Bamako, du Maouloud 2010 à la mosquée Djinga Reyber de Tombouctou, et comme celui de l’inauguration du pont Wabaria de Gao. Les rapports sont-ils disponibles de ces accidents pour servir d’instruments utiles de nature à préserver contre des évènements de même nature ? Si la réponse est non, c’est grave. Ce serait dommage monsieur le Président sortant.

Et c’est un défi à relever, monsieur le Président rentrant. Sans la discipline et la rigueur, l’Etat n’est pas possible, messieurs les Présidents. Inutile de nous attarder sur comment il est procédé au recrutement des hommes dans les corps de l’Etat, de la justice, et des forces armées, comment les permis de conduire sont délivrés pour conduire les engins et semer la mort. Est-ce tout cela la conséquence du déficit d’éducation qui nous frappe à l’école et dans nos familles ? Possible, mais là on est loin de la sortie de l’auberge… L’Université est superbement fermée après un Forum national qui a été clean. Pourquoi ? Aucune tête n’est tombée au nom du l’avenir de la Nation et on prend les mêmes et on continue. Monsieur le nouveau Président, réhabilitez la politique, les politiques ont été marginalisés dans la gestion de bien des questions.     

Le nouveau Président doit moraliser le discours à la Nation qui n’est pas une simple causerie. Faire ce qu’il dit, et s’il dit ce qu’il fait, ce n’est que transparence. C’est un 22 septembre qu’il a été annoncé dans un discours à la Nation que les élections de 2002 seront tenues sur un fichier RAVEC. On ne s’y est pas pris à temps. Comme on s’y est pris  trop tard pour mettre en œuvre des reformes constitutionnelles qui sont sensées être en chantier depuis sous le Président Alpha Oumar Konaré. Retard également sur la mise en place de la CENI. Le défi, c’est aussi de tout mettre en œuvre pour obtenir des changements véritablement discutés par toutes les forces vives, avant de s’assumer sur cette position obtenue de commun accord. Cela vaut pour tous les grands dossiers y compris le code de la famille et des personnes. Reverdir le nord reste un défi et y imposer l’égalité entre les personnes. L’emploi, contenir chez nous les bras valides et les mettre au travail, l’industrialisation, la poursuite des logements sociaux, monsieur le Président, Monsieur le Président…

Boukary Daou

Le Républicain 21/09/2011