Le développement économique et social du continent Africain implique la mise en place d’infrastructures modernes et adaptées dans tous les secteurs. La Banque Mondiale (2012) estimait les besoins en investissements dans les infrastructures en Afrique à 93 milliards $ (environ 55 800 milliards FCFA).
La population de l’Afrique qui se chiffrait à 477 millions de personnes en 1980 a atteint environ 1,2 milliards de personnes en 2014 et doublera à 2,4 milliards de personnes en 2050 selon les Nations-Unies. Présentement, le taux d’augmentation de la population africaine est évalué à 30% par an et devrait atteindre une croissance de 42% en 2050, soit une augmentation de la population africaine de 3,5 millions de personnes par mois ou 81 personnes par minutes.
Suite à l’élaboration de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine en 2013, les dirigeants africains se sont engagés à mettre en place en 2015 un premier plan d’actions sur 10 ans. L’Agenda 2063 envisage de mobiliser les ressources propres de l’Afrique pour financer et mettre en place une infrastructure d’intégration dans les domaines des transports, de l’énergie, et des technologies de l’information et des communications.
De nos jours, dans un contexte marqué par la rareté des ressources financières et par la baisse du prix des matières premières, les États éprouvent d’énormes difficultés dans la mise en place de politiques de développement viables, assises sur des infrastructures de qualité et diversifiées.
Une solution palliative à cette situation délicate serait d’impliquer les acteurs privés possédant la technologie, le savoir-faire, et les capitaux nécessaires pour faire face à des investissements parfois considérables, dont le financement par les budgets étatiques est pratiquement impossible, en raison des multiples priorités et des contraintes diverses des pays africains. Pour ce faire, les gouvernements des pays africains doivent jouer le rôle qui est le leur, c’est-à-dire, définir les besoins en infrastructures dans les programmes et projets de développement national et créer les conditions propices à la participation de l’initiative privée au développement, à travers un partenariat gagnant-gagnant entre l’État et le secteur privé.
Le modèle de partenariat public-privé (PPP) constitue une réponse appropriée à la problématique de mobilisation des ressources pour le financement public, sans alourdir l’endettement. Selon la Banque Mondiale (2016), le PPP se définit comme un arrangement contractuel à long terme entre une entité ou une autorité publique et une entité privée afin de fournir un bien ou un service public et dans le cadre duquel la partie privée assume une part importante du risque et des responsabilités de gestion.
L’intérêt et l’espoir tant suscités par les PPP, notamment dans le développement des infrastructures et des services sociaux et économiques, la création d’emplois, l’amélioration de la qualité de vie des populations, amènent les décideurs, les experts, les chercheurs et bien d’autres spécialistes du continent à se retrouver à travers des plateformes d’échanges, pour aiguiser la réflexion sur ce mécanisme, en vue de sa vulgarisation via une mise en œuvre efficace des projets PPP nationaux, sous régionaux et continentaux.
Cependant, le PPP ne constitue pas une panacée pour le développement des infrastructures en Afrique et peut se révéler complexe dans sa conception, et sa gestion. Ainsi, une expression claire des besoins en PPP par les pouvoirs publics, de même que l’adoption d’une approche méthodique pour répondre aux besoins en PPP constituent des défis de taille pour les États africains qu’il urge de surmonter pour améliorer les conditions de vie des populations africaines.
Bamako, le 30 juillet 2016
Modibo Mao MAKALOU
Économiste Financier/M.B.A.
Ancien Sherpa de l’Union Africaine et du Nouveau Partenariat pour le Développement en Afrique (NEPAD)
Membre du Comité de Coordination de l’Élément Constitutif sur la Coopération Publique-Privée de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Économiques (OCDE)
Membre du Conseil Consultatif de l’Unité Régionale pour le Développement des Partenariats Public-Privé de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)