Les cent jours de l’école buissonnière du Premier Ministre: jugeons-en!

Nous avions cru avec les grâces naïves de l’enfance et une sincère candeur non pas à un poisson d’Avril au moment de l’élection du Premier Ministre à la Primature mais  à une volonté réelle du maître des céans de se ressaisir. Le temps aidant (quatre mois après), il apparaît à l’évidence que ce fut encore un autre spectacle de cirque, une pitrerie paraphée par ATT.

Nous avons caressé, in petto, le secret espoir de voir un paladin(latin: palabundus) menant une croisade dans le capharnaùm malien au nom de l’injustice sociale, des jeunes diplomés sans emploi, des pauvres dépouillés de leurs terres par les puissants, des partants volontaires à la retraite, d’une école en agonie, d’une jeunesse désoeuvrée et déboussolée, du panier de la managère en désespérance, du clientélisme dans l’administration publique, de la corruption, de l’imbroglio du fichier électoral, du projet referendaire….Triste est de constater que Mme le Premier Ministre n’est pas en odeur de saintété avec pareille prouesse et elle nous apparaît du coup comme une véritable Polichinelle, un pantin qui n’a aucun pouvoir réel d’infléchir sur le cours des choses dans le Mali d’ATT. Pendant ces cent premiers jours, elle a manqué de présence, elle fut curieusement absente.

L’absence tempère la force expressive des sympathies, des affections, des critiques et des haines. Subtil et habile stratagème!! Mais nous ne serons pas les dupes de ce subterfuge qui a déjà compromis l’aura et la dignité de sa couronne. Faudrait-il aller puiser dans nos reserves de vitriol pour battre les buissons et l’en déloger? “Tous laissent quelque chose aux buissons de la route, les troupeaux leur toison et l’homme sa vertu” disait Victor Hugo. Si ATT a élu à un tel poste de haute responsabilité une femme, nous présumons qu’elle en avait la compétence, le talent, la force, l’énergie, l’opiniâtreté et le caractère dominateur nécessaires pour s’imposer. Mais elle mène plutôt une vie de cloître dans un monastère politique où elle reçoit des leçons magistrales de son bienfaiteur-sanctificateur. Cette attitude de servilité, de passivité et de génuflexion devant Sa Majesté aurait lourdement pesé dans la balance de nos jugements. La montagne semble avoir accouché dans la douleur d’une souris.

La galanterie est une question d’éducation, on l’est ou on l’est pas. Nous faisons économie de satires acerbes à son endroit. La vérité implacable est enfouie dans les faits. Le moins que nous puissions lui dire, c’est de se garder de perdre son toison d’or qui lui permettra de réaliser les ouvrages de la pierre philosophale du Mali. Nous savions de bonne heure que la tâche qui lui a été confiée était herculéenne. Nous lui avions sagement conseillé d’essayer et qu’en cas d’échec l’étendue de la tâche l’excuserait. Mais a-t-elle seulement essayé? En tant qu’observateurs de la scène politique malienne, nous n’avons pas senti sa présence. Si en son âme et conscience, elle se sait inapte à diriger, elle rendrait un service immense au Mali en rendant le tablier.  Ce n’est pas périr que de perdre un diadème. Mais malheureusement, la démission n’est pas encore entrée dans nos moeurs politiques.

Nous avions écrits dans un précédent article véritablement généreux et fort sympathique à son endroit, intitulé: “ Le nouveau Premier Ministre: Cent jours pour convaincre” que sa personnalité, la composition de son gouvernement et sa volonté de changement étaient nos criteriums de vérité.
Les impressions des trois premiers mois sont prépondérantes. Depuis l’arrivée de Madame Cissé à la Primature, rien n’a visiblement changé. Les maliens restent toujours soumis aux mêmes affres existentielles. L’Etat reste toujours le problème et non pas la solution aux misères des maliens.

Les cent jours de la période probatoire ont été suffisants pour que s’impose à l’évidence que Madame Cissé est loin d’être la deus ex machina qui allégerait providentiellement le fardeau des grands dossiers dont souffre le Mali. Le statu-quo et le statu ante se ressemblent étrangement comme deux frères jumeaux-homozygotes: corruption, gestion calamiteuse des ressources financières et humaines dans l’administration publique, l’octroi complaisant des marchés publics, les exonérations opaques, le recyclage des fonctionnaires peu recommendables à la tête de nos entreprises, impunité des brébis galeuses, les problèmes du foncier, la justice à deux vitesses, l’école qui se meurt, qui agonise tout en devenant un nouveau far west…..

L’aisance et le don de la parole pour s’expliquer, émouvoir et convaincre ne sont pas ses qualités premières. Nous savons tous pertinemment que le déficit de communication fut l’une des plaies mortelles de la gestion de notre pays. Nous aurions aimé avoir à faire à une grande communicatrice qui aurait levé le coin du voile sur bon nombre de mystères en éclairant nos lanternes, en nous charmant. Il a même semblé qu’on aurait astucieusement mis en place une tactique subtile visant à livrer un jeu de cache-cache avec la Presse. Le grand public est resté sur sa faim quant à ses apparitions médiatiques. Lors de la présentation de sa  Déclaration de Politique Générale devant l’Assemblée Nationale, on s’attendait à un véritable festin mais on a eu que des os dans nos assiettes.

A sa nomination, nous avions cru qu’elle était guettée dans un environnement politico-médiatique impitoyable par le machisme de la classe politique et le sexisme médiatique. Elle fut tendrement choyée, entourée de soins délicats et de prévenances par les uns et les autres. Pourquoi a –t-elle alors échoué à nous séduire? Pourquoi cette absence de fermeté, de volonté à rompre avec un système en état de putréfaction avancée en donnant des coups par ci , par là?

La composition de son gouvernement a achevé de tiédir nos enthousiasmes et nos illusions. On a fait du nouveau avec du vieux comme on voulait prendre plaisir à se gausser du peuple malien, ce maître –aliboron de la farce. C’est en ce moment que nous avions compris que la nomination de Madame Cissé Mariame Kaidama Sidibé était “une arme de distraction massive”.

Au regard du constat d’échec prématuré, nous pouvons légitimement poser aux uns et aux autres la question de savoir si le Président Touré en élisant Madame Cissé Mariame Kaidama Sidibé comme Premier Ministre n’aura –t-il pas sacrifié l’intérêt suprême de la grande nation malienne sur l’autel du symbolisme pur, simple et abstrait? Peut être d’ici la fin de son mandat, par fidélité à son symbolisme, rendra-t-il  hommage à Priape, dieu du panthéon romain, en élisant un homme à la Primature? Ou bien va-t-il sanctifier le symbolisme androgyne en jetant son dévolu sur un hermaphrodite? That’s the question.

Fatogoma Mohamed ouattara
Orange , New Jersey
USA
fouattara2@comcast.net
http://fouattara.blogspot.com
www.ouattaradonzo.com17/07/2011