Des toilettes sales
Les aéroports à l’intérieur du Mali sont des désespoirs. Ça n’honore pas le Mali qui ne cesse de recevoir des hôtes de marque, dont la plupart veulent voir Tombouctou. L’aéroport de Tombouctou n’est plus que l’ombre de lui-même depuis l’occupation des jihadistes et terroristes. Les toilettes de cet aéroport sont sales et sans eau ; ses portes se sont envolées. Une vieille porte a failli fracasser le crâne d’un membre de la délégation onusienne ; la bonne dame, voyant l’état des toilettes, a dû rebrousser chemin. L’aéroport de Tombouctou n’est pas à l’image de la ville des 333 Saints, tout comme celui de Gao. À Mopti, il y a des toilettes et de l’eau ; la salle d’attente est climatisée. Tout le contraire de celui de Gao. Le ministre de l’Equipement doit faire un tour en ces lieux. Imaginez, le président du conseil de sécurité des Nations unies, l’Angolais Martins, n’a pu utiliser les toilettes insalubres et sans eau. Selon un travailleur des lieux, même pendant l’occupation jihadiste, ces toilettes étaient plus propres que maintenant. «Personne ne s’occupe de ça. C’est la honte pour nous tous parce que personne ne peut les utiliser», nous confie-t-il.
Tombouctou sans bitume
Tombouctou, la ville des 333 Saints, souffre ; elle fait toujours l’objet d’attaques terroristes. Viennent s’y ajouter maintenant le banditisme et le vol à main armée. Devant les membres du conseil de sécurité des Nations unies, le maire de Tombouctou a lancé un cri de cœur, pour éviter une famine latente. D’après le maire Hallé Ousmane, il risque d’avoir une rupture de stock. Tombouctou est remplie de populations qui ont quitté leur village à cause des bandits armés. La ville a de sérieux problèmes. Les infrastructures endommagées lors de la guerre de libération et le passage des jihadistes ne sont pas toutes refaites, comme la Place de l’indépendance, non loin du camp fort Cheick Sidi Bekaye. À cela, il faut ajouter le manque de bitume : il n’y a plus un kilomètre de route bitumée à l’intérieur de la ville de Tombouctou ; tout est dégradé. Pour voir du bitume, il faut aller vers les alentours de l’aéroport. De l’entrée de la ville à la Place de l’indépendance, il n’y a que de la latérite. La dégradation accélérée de cette route est due à la densité des mouvements de véhicules de la Minusma. Mais l’Etat malien aussi doit revoir cette situation, car la Minusma n’est pas venue pour reconstruire le Mali à la place des Maliens.
Pas de temps
Une délégation du conseil de sécurité des Nations unies, sous la présidence de l’Angola, a séjourné au Mali du 4 au 7 mars 2016. Plusieurs rencontres ont été effectuées, avec les autorités maliennes, les groupes armés, la classe politique et les organisations de la société civile. La délégation s’est rendue à Mopti et Tombouctou. Dans ces deux régions, elle n’a pas eu le temps d’écouter les organisations de la société civile. À Mopti, la rencontre a eu lieu au camp de la Minusma à Sévaré ; pas de temps pour faire les 13 Km pour aller à la rencontre de la société civile. Le patron de la Minusma s’est dit étonné de voir que le gouverneur n’est pas venu les accueillir à l’aéroport. Le représentant du gouverneur lui a fait savoir que la visite a été organisée par la Minusma, qui n’a informé personne à Mopti. Contrairement à Mopti, la société civile de Tombouctou a été trimbalée, d’un lieu à un autre, pour finalement ne plus échanger avec la délégation. Il n’y aura eu que de simples poignées de main dans la salle d’attente de l’hôtel Handria Khan de Tombouctou, transformé en QG de la Minusma. Les différents représentants de la société civile de Tombouctou étaient en colère. Car ils n’ont rien pu faire de leur journée que d’attendre la délégation onusienne. Laquelle, faute de temps, n’a pu avoir des échanges avec eux.
Ortm Mopti sans caméra
Les antennes régionales de l’Ortm ne se sont pas remises de la crise ; elles travaillent dans des conditions pénibles. Bamako leur demande l’impossible avec peu de moyens. Les journalistes, cameramen, techniciens et chauffeurs sont à saluer. C’est avec eux que la passion du service public a un sens. Lors de la visite de la délégation du conseil de sécurité des Nations unies à Mopti, l’Ortm régional n’avait pas de caméra. Il a été obligé de louer une caméra avec ceux qui filment les mariages et autres activités sociales. Parce que l’antenne régionale n’a que deux caméras : une en panne, l’autre en mission. Le hic dans tout cela, c’est que le Tchadien patron de la Minusma tient beaucoup à la présence de l’Ortm. Heureusement que les travailleurs de l’Ortm Mopti étaient au courant. C’est pour cela qu’ils ont tout fait pour couvrir cette visite avec un caméraman privé. Ce dernier aussi avait des soucis, parce qu’il n’est pas un habitué des cérémonies de ce genre, avec des plans et des coupes sous différents angles. À Tombouctou, l’arrivée de la délégation onusienne a coïncidé avec celle de la nouvelle caméra de cette antenne. Selon plusieurs responsables, les antennes de l’Ortm dans les régions du nord fonctionnent en mode débrouillardise.
Les Sarakolés en fête
Après nos cousins, les dogons, c’était le tour de nos cousins Sarakolés. Ils étaient en fête à Bamako. Plusieurs Yigo, Yougounê, Yagaré, Yagarênê et Yigokassé étaient de la fête. Ils étaient venus d’Afrique, d’Europe, d’Asie, des USA, plus ceux du Mali, pour ces grandes retrouvailles. Mon ami Mams Yaffa est venu de la France pour cette grande fête des «bouffeurs» de bâchi (couscous) plus nônô (lait). L’événement a pour objectif de commémorer et magnifier l’esprit des ancêtres Sonikés, fondateurs de l’empire de Wagadou, autrement appelé empire du Ghana ou du Mangha. Il s’agissait à travers cette manifestation de rassembler le plus de participants afin de raviver la culture soninké à travers langue, chants, danses et autres activités socioculturelles. Lors du festival, il y a eu des conférences-débats sur la paix et la réconciliation nationale. Des conférences publiques étaient également organisées à l’endroit de la nouvelle génération soninké en vue de lui rappeler certaines valeurs ancestrales. Il faut préciser que les premières éditions du festival international Soninké (FISO) se sont déroulées à Kayes en 2011 et en 2012 ; Nouakchott (Mauritanie) en 2014. Bamako a abrité en février 2016 la 4ème édition du Festival international soninké (FISO). Ce rendez-vous a été une grande occasion de retrouvailles pour les soninkés du monde. L’événement est une initiative des soninkés de sept pays que sont la Gambie, la Guinée Conakry, le Cap Vert, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal.
Pacte avec les terroristes
Le Burkina Faso sous Blaise Compaoré et la Mauritanie sont deux pays qui avaient un «pacte de non agression» avec les groupes jihadistes et terroristes en Afrique de l’Ouest. C’est grâce à ce pacte que le Burkina Faso était devenu le nid des rebelles maliens avec leurs complices terroristes et narcotrafiquants. Mais, de nos jours, le Burkina Faso n’en fait plus partie. Le pacte a été rompu par les nouvelles autorités du Faso qui ont à plusieurs reprises arrêté des rebelles touaregs maliens, même s’ils ont été par la suite libérés. Aujourd’hui, le Burkina se débarrasse des bandits et narcotrafiquants. Alors que sous Blaise, c’est le général Gilbert Diendéré qui était l’homme à tout faire ; il était venu deux fois récupérer des otages libérés par AQMI à Tombouctou. C’est le même Diendéré qui était venu prendre Bilal Ag Achérif, blessé lors des combats entre le MUJAO et le Mnla à Gao, en pleine crise. Les Maliens n’ont jamais oublié cela. La Mauritanie n’a pas encore rompu le pacte de non agression. Ce pays n’a pas été attaqué par les terroristes, mais les autorités mauritaniennes veulent engager la lutte contre les terroristes au Mali. On se demande à quoi va servir cette lutte. Si l’on sait que ce pays est un lieu sûr pour les terroristes et jihadistes.
Ag Abdoul Salam Zeid, le médecin après la mort…
Cela fait 56 ans que le peuple du Mali subit une colonisation de ses propres enfants à travers un État qui défend en priorité les intérêts de la Métropole et d’une élite bourgeoise de Bamako, ensuite les intérêts des grandes familles qui détiennent les pouvoirs traditionnels locaux, tout cela en marchant sur les intérêts et les aspirations de nos peuples qui ne comptent que pendant les 3 semaines de campagne électorale. Ensuite, on les balance dans les oubliettes jusqu’aux prochaines échéances électorales. Pas de médecins, pas d’écoles pour les enfants, pas de formations pour les jeunes, pas de sécurité, pas de justice, pas de routes pour les échanges, pas d’électricité ni eau potable. Il est temps que tout cela change en n’attendant plus rien d’aucunes autorités et en s’assumant entièrement avec tout ce que cela induit. Nous sommes 16 millions, nous sommes la majorité, nous sommes la force de la nation. Ce même appel est valable à tous nos peuples d’Afrique, quelle que soit leur nationalité. Nous sommes 1 milliard, nous sommes la majorité, nous sommes la force de l’Afrique.
Choguel et la censure
Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement avait cru que la communication gouvernementale était une course de vitesse. De nos jours, il brille par son absence. Il a oublié qu’il est le 6ème ministre de la Communication depuis la crise de 2012, le 3ème d’IBK, après Jean Marie Sangaré, Mahamadou Camara. Même le ministre Mahamane Baby a été porte-parole du gouvernement sans être ministre de la communication. Aujourd’hui, Choguel a tout fait, disons ce qu’il pouvait, et qu’il croit être bon pour la communication gouvernementale. Il avait disparu un moment. Certains membres de son cabinet avaient fait savoir qu’il était souffrant. Il ne l’est plus, mais il ne communique plus comme il faut. Il s’est trouvé un autre boulot : la censure de ses ennemis politiques et autres personnes qui s’attaquent à IBK ou à un autre membre de la famille. Aucune émission politique ne passe en direct, tout est enregistré. Les discours des hommes politiques sont «charcutés» par le ministre lui-même. Tout récemment, c’est Choguel qui a fait retarder la diffusion de la rencontre entre des partis politiques de l’opposition et de la majorité, la société civile, les syndicats, les groupes armés sur Kidal. Pour ne pas donner de la valeur à l’opposition. L’élément était prêt depuis dimanche, jour même de la rencontre. Choguel a cherché à connaître d’abord les intervenants avant d’autoriser sa diffusion. Une copie lui a été envoyée avant diffusion.
20 millions pour une mosquée
Quand la fin justifie les moyens, tous les moyens deviennent bons pour parvenir à ses fins. La preuve en a été encore donnée ce vendredi à la grande mosquée de la Gueule Tapée. À l’occasion de la prière hebdomadaire, une délégation de la présidence de la République s’y est rendue sous la conduite du ministre d’Etat, Mbaye Ndiaye, accompagné par l’un des chefs de la Collectivité léboue, El Hadj Ibrahima Diagne Bassirou. Le but de la visite ? Remettre aux dirigeants de la mosquée un chèque de 20 millions de francs Cfa comme don du président de la République en faveur de l’institution religieuse. Avant le sermon de l’imam, El Hadj Ibrahima Diagne, selon nos informations, a pris la parole pour magnifier le geste du chef de l’Etat. C’est au moment où il veut faire intervenir l’illustre hôte de la mosquée, le ministre d’Etat sans portefeuille, Mbaye Ndiaye, que les huées d’exaspérations auraient fusé dans l’assistance pour dénoncer cette «intrusion politicienne inopportune» dans la «Maison de Dieu». Néanmoins, selon une autre version tirée d’un proche collaborateur du dignitaire lébou que nous avons interrogé par téléphone, l’ex-ministre a bien pu prendre la parole pour «transmettre le message du chef de l’Etat», et ce sans avoir été hué. Si chaque mosquée devait recevoir une telle somme pour aider à la victoire du «Oui» le 20 mars, il y en a qui vont s’enrichir durant ce mois «béni» ! Un déluge d’argent dont personne ne va s’aventurer à chercher l’origine, et pour cause…
Le Reporter 08/03/2016