Les brèves du Nord: Tombouctou, Gao, Kidal: Le MNLA et Ansar Dine préparent l’avenir

C’est dans ce cadre que, pour la toute première fois, une rencontre s’est tenue entre les cadres de deux camps à Kidal. Selon certains habitants de la capitale de l’Adrar des Ifoghas, que nous avons contactés par téléphone, cette réunion a enregistré la présence d’Iyad Ag Aghaly, le chef des islamistes. Mais, a ajouté notre source, «après la prise des différentes villes par les deux mouvements, il sera très difficile qu’ils se comprennent pour négocier ou gérer l’avenir…».

La remarque de notre interlocuteur semble on ne peut plus vraie, car Ansar Dine, plus puissant et plus riche en troupes, a toujours soutenu «c’est le MNLA qui nous courtise». De plus, le mouvement d’Iyad a toujours été «d’accord pour s’allier au MNLA, à condition qu’il reconnaisse l’application de la Charia dans l’Azawad».

Le mercredi 2 mai, à Kidal, selon toujours une source contactée par nos soins, les discussions ont porté sur plusieurs points, comme la reconnaissance de l’Islam comme religion officielle dans un cadre démocratique. L’autre sujet important concernait la relation entre Ansar Dine et Aqmi. Sur ce point, un ancien officier supérieur de l’armée malienne, qui a récemment rejoint Ansar Dine, nous a confié que «le mouvement d’Iyad trahirait Aqmi s’il acceptait la proposition du MNLA, qui consiste chasser Aqmi de l’Azawad et de laisser tomber la Charia».

De sources sûres, à Gao, on apprend que des discussions entre les deux tendances se poursuivent sur le terrain religieux.

La Charia officiellement appliquée

A Gao, la semaine dernière, un jeune a passé 48 heures à l’isolement pour avoir fumé une cigarette en public. Il y a quelques semaines, dans la même ville, un adulte avait reçu 100 coups de fouet pour avoir bu de l’alcool traditionnel. Un autre cas concerne une jeune fille anglophone, apparemment du Nigeria. N’ayant pas trop compris ce qui se passait en ville, elle a décidé d’y aller, sans la burka, comme l’exige Ansar Dine depuis l’attaque de Gao. Cette jeune dame a été appréhendée par les éléments d’Iyad, qui lui ont coupé l’oreille gauche et rasé la tête, avant de lui demander d’aller «s’habiller correctement».

Un peu plus au nord, à Kidal, «les soldats de Dieu» comme ils se font appeler, n’hésitent pas à arrêter les hommes qui ont des pantalons qui descendent jusqu’aux chevilles et non à mi-mollet. Les éventuels contrevenants à la loi se voient couper une jambe de pantalon et les «soldats de Dieu» demandent à l’intéressé d’en faire autant pour la deuxième. Plus horribles sont les scènes de mutilations sur les places publiques. A Gao et à Kidal, plusieurs personnes se sont vues couper soit le poignet, soit l’avant bras, soit le bras entier.

Paul Mben